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 au  loin  en Chine ; elle forge  le fer,  fabrique le vitriol vert  
 et  l’oxyde  de  fer  rouge  ou  colcothar;  elle  exporte  des  émaux  
 cloisonnés, des verres  coloriés : en un mot c’est  une ville  industrielle, 
  exactement dans  le sens  que les Occidentaux attribuent  
 à  ce mot. 
 Dans  la partie  la plus  septentrionale  de  la  péninsule,  une  
 ville de l’intérieur a le même rôle que Weï hien comme entrepôt  
 et marché  de  réexpédition  :  c’est  Hoang hien.  De là  une  route  
 se dirige  à l’ouest vers le port de Loungkeou, qui  fait un assez  
 grand  trafic avec la Mandchourie;  une autre rejoint au nord  la  
 grande ville de Tengtcheou. 
 Tengtcheou, qui  serait la  seconde  ville  de  la  province, du  
 fait de ses 230 000 âmes,  se  trouve comme Tsinan, comme Weï,  
 dans  une  région  basaltique,  vis-à-vis  des îles  Miao  tao,  et  du  
 passage qui, d’ici au bout de la presqu’île  de  Port-Arthur, ouvre  
 à  la mer Jaune  l’entrée  de  cette  plus  vaste  des  baies  de  l’Empire. 
   Tengtcheou  fut  un  des  ports  ouverts  par  les  traités  au  
 trafic de l’E urope. Les  eaux y  étaient jadis profondes et les jonques  
 pouvaient pénétrer jusque dans l’intérieur de la ville pour  
 y  débarquer  leurs  marchandises.  Les  simples  barques  n’y  
 entrent plus  et les navires mouillent à une grande distance  au  
 large,  dans une  rade mal  abritée. 
 C’est pourquoi les négociants  étrangers  ont  transféré leurs  
 comptoirs  à quinze ou  vingt lieues vers  le  sud-est,  sur  la  rive  
 de la mer Jaune,  au port plus vaste,  plus profond  de Yentaï ou  
 ‘ Tout de la Fumée », ainsi appelé  d’un  feu  qui  servait jadis  de  
 signal  aux habitants du littoral pour les prévenir de l’approche  
 des pirates  japonais.  Cependant  la  ville  est  plus  connue  sous  
 le nom de  Tchefou, — Tchifou, —- d’après  un  promontoire qui  
 protège la  rade au  nord-ouest, et que domine un mont conique  
 de 299 mètres  de  hauteur  :  c’est  à  la  base  de  ce  promontoire  
 qu’on  eût  dû  établir  le  port,  afin  de défendre les navires  des  
 vents de la partie du  nord. 
 Tchefou,  simple village  au milieu du siècle, est maintenant  
 une des  grandes  villes  du  Chantoung  et  l’un  des  ports  de  la  
 Chine où  les  Européens  se  sont  établis  de  la  manière  la  plus  
 agréable.  En  été,  Tchefou  est  le  *  Trouville  »  des  colonies  
 étrangères de l’Empire Chinois, et les  « baigneurs  »  ont devant  
 eux  de  belles  excursions  sur  des  collines  de  schistes  cristallins  
 qui  se  relèvent vers des monts  de 700, 800, et  1 000 mètres,  
 portant,  à  ce  bout  extrême  de  la  Chine,  le  même  nom  qu’à  
 l’extrémité  contraire  une des plus  hautes rangées de l’Univers, 
 d e u x i è m e   Province  de  Chantoung,  Tengtcheou,  Tchefou. 
 le Kouenlun. Mais,  si le pays de Tchefou  est  pittoresque, c’est  
 aussi  l’un des plus  pauvres du Chantoung. 
 Sur les 120 000 habitants que des rapports de  consuls a ttribuent  
 à Tchefou, — 32 000 seulement d’après un document récent  
 — l’on compte environ 400 Européens, soit huit  fois les B0  d ’il y  
 a  trente  ans; ils résident  moins en  ville que dans la  banlieue. 
 Ce  n’est  pas  le  commerce  et  les  bains  de  mer  seulement  
 qui  les  attirent, mais  aussi  la  bonté  du  climat,  qu’on regarde  
 comme  le  meilleur,  le  plus  sain  du  littoral  de  la Chine,  avec  
 un été moins  accablant qu’en nombre d’autres  lieux  du  rivage  
 marin  de la « Fleur  du Milieu  »,  la chaleur estivale y étant  traversée  
 de belles et bonnes brises. Quant  à  l’hiver, il  est dur  et  
 long  :  cinq mois,  des  derniers jours de novembre aux derniers  
 jours  d’avril;  on est  pourtant sous 37°33'20" de latitude,  comme  
 aux confins de l’Estrémadure portugaise et de  l’Algarve,  ou du  
 «  Sérénissime  »  royaume de Murcie. 
 Il y  a  tantôt  vingt  ans,  en  1879,  le  commerce  de  Tchefou  
 s’exprimait par une valeur de  105  millions  de  francs,  environ,  
 et un mouvement de  1 376  navires,  de 804 365  tonnes. 
 En  1899,  le  nombre  de  tonnes  d’entrée  et  de  sortie  a  été  
 de 2 526 208, mais le chiffre  global  du  trafic  n ’a guère  dépassé  
 celui  de  1879;  il  n’est  monté  qu’à  environ  112  millions  de  
 francs,  dont  près  de moitié  pour  le  pavillon  anglais,  près  du  
 quart  pour  le  pavillon  chinois  et  près  du  septième  pour  le  
 pavillon japonais. 
 En réalité,  Tchefou n’a pas  répondu  aux  espérances  grandioses  
 et  aux  rapides  progrès  des  premières  années  de  son  
 ouverture  au  trafic  des  «  Occidentaux  ».  On  supposait  que  ce  
 port  libre  de  glaces  ne  tarderait  guère  à  confisquer  le  commerce  
 maritime  du  pays  au  détriment  de  l’embouchure  du  
 Peï  ho  glacée  pendant  les  mois  d’hiver  :  d’où  la  croyance,  
 qui  semblait  fondée,  que  le  nouveau  port  à  traité  serait  l'entrepôt  
 de  Peking.  Malheureusement  les  communications  avec  
 l’intérieur étaient,  et  sont  encore  très  difficiles,  et, comme  on  
 l’a dit plus haut, la contrée n ’est pas riche. 
 Que va-t-il advenir de  Tchefou  depuis  que  les Anglais  ont  
 «  soufflé  »  aux  Japonais  le  port  de Weïhaï  weï,  que  ceux-ci  
 regardaient comme  appartenant à 1’ « Empire du Soleil Levant »  
 à la  suite de  leurs victoires  sur  t  l’Empire  du  Milieu  »  et  spécialement  
 depuis qu’ils  s’en étaient emparés  sur l’amiral  Ting,  
 qui leur  avait plus vaillamment résisté que ses autres collègues,  
 amiraux  ou  généraux  chinois?  Il  leur  était  extrêmement  précieux, 
  à trente  heures  seulement  de  Sasebo,  qui  est  leur  port  
 de  guerre  dans  l’île  de  Kiousiou,  à  douze  de  Port-Arthur,  à