C H A P I T R E S I X I È M E
F LO R E E T F A U N E D E LA CHI N E
I FLORE DE LA CHINE. Il I I . FAUNE DE LA CHINE.
L A régularité des saisons — toutes exceptions
possibles à p a rt — est l’une des causes qui
f l o r e ont le plus favorisé les progrès de l’agriculture
de en Chine. Alors qu’en Europe les variations
la c h in e annuelles, parfois si considérables, des phénomènes
atmosphériques enlèvent toute sécurité a
[’agriculteur et font varier d’année en année la valeur de ses
récoltes les écarts de production sont beaucoup moindres en
C hT ne et le paysan y jette avec moins d’anxiété son gram dans
16 S Mais, pour ne rien celer, il arrive, entre temps, que de
grandes catastrophes, telles que les inondations, surtout celles
du Fleuve Jaune, qui sont « inouïes », et quelquefois aussi le
manque absolu de pluies, peuvent] priver les populations de
la récolte attendue. La famine devient alors inévitable, une de
oes famines semblables à celles de l’Inde avec | H 1
centaines de milliers, et il se peut même, de millions d habi
tantjôuissant d’un climat tempéré qui dans les régions du sud
se rapproche du climat tropical, la Chine possède une flore; tr
riehef où les formes d e là r é g io n hindoue viennent se mêler à
des plantes d’aspect européen. Dans les districts de sud
médiaires entre la nature de l’Inde et celle du « Milieu », le
même champ peut entretenir la canne à sucre et la pomme
de terre; le chêne et le bambou croissent dans le même bo
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quet. Il y a transition graduelle de la flore indienne à la flore
mandchourienne dans la direction du sud au nord.
L’immigration des plantes tropicales est facilitée par
l’inclinaison de nombreuses vallées chinoises vers la péninsule
malaise : le passage de l’un à l’autre climat n’est brusqué du
côté de l’Indo-Chine par aucune barrière de montagnes, de
déserts, de steppes ou de mers, comme au sud de l’Europe,
dans l’Asie occidentale et dans l’Amérique du Nord. Un grand
nombre de plantes appartenant à la flore hindoue se voient
encore à Canton et à Hongkong, d’autres remontent plus loin
vers le nord ; c’est dans le voisinage d’Amoï, sous le 24e degré
de latitude, que les plantes tropicales trouvent leur limite dans
la direction du pôle. Les espèces du midi qui se propagent le
plus loin vers le nord sont celles qui ont le plus besoin d’une
grande quantité d’eau pour leur croissance, et qui demandent
par conséquent, sinon des chaleurs tropicales, du moins des
pluies aussi abondantes et fréquentes que celles de la région
des tropiques.
De toutes les plantes la plus précieuse est certainement
« l’universel » bambou. Le grand botaniste Bretschneider le
loue en ces termes : « on le trouve dans toutes les provinces
de la Chine ; il sert à tout et à autre chose encore. On en fait
des souliers et des boucliers pour la troupe, des ombrelles,
des montants d’échafaudage, des mesures, des paniers, des
cordes, des manches de pinceau, des balais, des chaises à
porteur, des pipes, des tuteurs pour fleurs et des treillis de
jardins. De ses feuilles on remplit des coussins et des oreillers,
on tisse une sorte de manteau pour les jours de pluie, un
soï ou « habit de feuilles » et l’on en fait des cordes à haler
les bateaux, des tentes pour couvrir ces bateaux, des cannes
à pêche, des paniers à poissons, divers ustensiles de pêcheurs,
des catamarans, espèces de bateaux, ou plutôt de radeaux,
tiges de bambous solidement liées ensemble, et des aqueducs
pour amener les filets d’eau dans les champs. Et il contribue aux
roues élévatoires pour l’irrigation, et il est part intégrante de
la charrue, de la herse, de maints instruments de jardinage et
labourage On sculpte ses racines et l’on en tire aussi des
figures grotesques, des brûle-parfums devant les autels des
dieux. Les meubles de Ningpo, les plus beaux de la Chine, sont
souvent ornés ainsi de figures, maisons, temples, pagodes de
bambou. Les jeunes pousses, au moment même où elles sortent
de terre, sont un excellent régal estimé d’un chacun, on les
mange bouillies ou en sucreries et bonbons. Une substance
qu’on trouve dans les noeuds est employée comme remède.
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