C H A P I T R E T R O I S I ÈME
e x p l o r a t i o n s d e l a c h i n e
I . EXPLORATIONS ANCIENNES. Il II . RECONNAISSANCES RÉCENTES. -
IL y a des milliers d’années déjà — car les
Chinois comptent par milliers d’ans comme
/ nous par centaines — que les * fils de Han »
e x p lo r a t io n s s e sont rendu compte de la forme et du
a n c ie n n e s relief de leur pays, du moins dans ses traits
généraux. .
Le Chouking ou « Livre des Annales » raconte que, vingt-
deux siècles avant l’ère vulgaire des Occidentaux, 1 empereur
Yu avait fait dresser la statistique de la Chine et graver les
cartes des neuf provinces sur neuf vases d’airain : déposées
dans un temple, ces cartes, cette statistique furent considérées
par le peuple comme devant assurer la couronne à celui qui
en deviendrait possesseur. Au milieu du m* siècle de 1ère
ancienne, un souverain les fit jeter dans le fleuve, pour qu elles
ne pussent profiter à ses vainqueurs,: espoir candide, et qui
fut B g U s S tr aVaux énumérés dans le Yukoung, comme
publiés sous la direction de Yu pour l’aménagement du
royaume, constitue ainsi une véritable topographie, que 1 on
put croire la plus ancienne du monde avant la découverte des
antiques « bibliothèques» de la Chaldée : montagnes et promontoires,
fleuves et lacs, qualités du terroir produits du sol,
tout est indiqué dans cette description de 1 Empire. Il n avait
alors, comme on l’a dit ci-dessus que n e u f provmces, au lieu
des dix-huit de maintenant : il dépassait à peine le Ya g
kiang, il lui manquait un peu de la Chine centrale et toute la
Chine méridionale; en sommeil comprenait surtout la Terre
Jaune et le bassin du Fleuve Jaune.
Des légions de commentateurs chinois et européens ont
pâli sur cette géographie de la Chine pour en identifier les
noms : oeuvre des plus malaisées, car ayant cherché partout
une ordonnance mystique, afin de trouver les nombres sacrés
de « neuf montagnes », de « neuf fleuves », de « neuf branches
fluviales », de i neuf marais » et de < neuf remparts naturels »,
correspondant aux neuf provinces, l’auteur inconnu du
Yukoung ne pouvait nous léguer une idée nette du relief dans
toute sa précision. Mais il n’en est pas moins vrai que la géographie
de la Chine, de la mer aux sables mouvants du Gobi,
était jusqu’à un certain point connue en détail à cette époque
éloignée. ,,
Elle l’était même, paraît-il, mieux qu’aux siècles suivants.
Fidèles à leur coutume, les commentateurs ne manquèrent pas
d’obscurcir le texte du Yukoung en présentant comme un prodige
le moindre fait géographique énoncé dans cet ouvrage et
en essayant d’opposer, parmi les objets de la nature chinoise,
des « séries de cinq » aux * séries de neuf » signalées par le
livre dévotement disséqué. C’est de nos jours seulement, par
la critique des sinologues européens, que l’antique document
a repris enfin son sens véritable.
Sous la dynastie des Han, au n° siècle de l’ère vulgaire,
il existait un véritable bureau topographique, le tchifang chi,
chargé de mesurer le pays et d’en dresser la carte ; les Chinois,
ces « prédécesseurs en tout », ont donc inventorié et cartogra-
phié de propos délibéré bien avant les Occidentaux.
Depuis ce temps reculé, les études géographiques n ’ont
jamais été perdues de vue dans la patrie des « fils de Han »,
mais, dans tous les ouvrages chinois relatifs à la géographie
du Royaume Central, on remarque un manque absolu du sentiment
des proportions, analogue à celui que présentent leurs
peintures.
Un pic isolé, une chaîne de montagnes, même tout un
système orographique, ont dans leurs descriptions précisément
la même importance et se désignent par le même nom ; une
source, un fleuve, un lac, une mer sont indiqués sur les cartes
par des coups de pinceau ou des traits de gravure également
vigoureux; les côtes ne sont pas tracées en une ligne continue ;
tout se confond dans le tableau, rivières et routes, villes et
montagnes.
De plus, les mesures indiquées manquent de précision et
n’ont qu’une valeur générale; l’unité de mesure, le li, change