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 la  sordidité  des  faubourgs,  l’indicible  banalité,  la  
 saleté  des  rues,  les  odeurs  fades  et  dégoûtantes,  les  canaux  
 puants,  l’âcre poussière. 
 Des  ponts  de  marbre,  dont  un  de  dix  arches  en  face  du  
 palais  impérial,  traversent  le  San  haè  ou  «  les  Trois  Mers  »,  
 série de  trois  lacs  ayant  ensemble  3 725  mètres  de  long  :  au  
 bord d’un  de ces lacs,  celui du nord, la  colline boisée de  Pèta,  
 butte  sans  doute  artificielle,  aujourd’hui  presqu’île,  jadis  île,  
 porte  une  tour  blanche  que  les  Chinois  regardent  comme  le  
 palladium du Milieu. 
 Qu’il  y  eût  ou  non  plus  de  dix  mille  pagodes  à  Peking,  
 avant qu’on en eût détruit récemment des milliers,  il  en est de  
 fort belles,  deux notamment, qui rivalisent presque  en  étendue  
 avec le palais impérial lui-même. 
 Ce sont les temples du Ciel et de l’Agriculture, situés  dans la  
 partie méridionale de la ville  chinoise, et tous les deux entourés  
 de  rangées  d’arbres  séculaires;  les  enceintes  extérieures  des  
 deux enclos  ont chacune plusieurs kilomètres de tour. 
 Ainsi  que le parc du palais impérial,  et  à la même époque,  
 ils  avaient  cessé  d’être  accessibles  aux  étrangers  :  les  événements  
 de  1900 ont marqué la fin de cette interdiction. 
 Le  temple  du  Ciel,  le Thiantang  des  Chinois  ou  «  Colline  
 du Ciel », se lève, en rotonde, avec deux toits superposés coiffés  
 en  champignon,  dans  un  parc  de  5 750  mètres  de  contour.  II  
 vaut mieux dire  :  se levait;  un  incendie  allumé par  la foudre a  
 détruit  en  1889  ce  superbe  monument,  qu’on  reconstruisit  
 ensuite  pendant  plusieurs  années,  au  prix  probable  de  20  à  
 30 millions de francs. Primitivement dédié  au Ciel et à la Terre,  
 puis  au  Ciel  seulement,  il dressait et dressera bientôt de nouveau, 
   au-dessus  d’une  terrasse  à  degrés  de  marbre,  sa  large  
 rotonde décorée de faïences vernissées et de boiseries  dont les  
 trois  couleurs,  le rouge  éclatant, le jaune d’or, contrastent avec  
 la verdure du  fond. 
 Lieu des plus importants dans  l’économie politique et religieuse  
 de  la  Chine,  l’empereur,  dit  Favier,  va  trois  fois  par  
 an dans ce  temple  «  pour y adorer le Ciel  et  lui  rendre  compte  
 de  son  administration ;  il  fait  trois  génuflexions  et  neuf  adorations  
 sur  la  grande  esplanade  décorée  pour  la  cérémonie;  
 cinq  de  ses  principaux  ancêtres  y assistent  (en  effigie),  ainsi  
 que les princes et les hauts mandarins. La première cérémonie,  
 nommée  Kiao-tien,  se  fait  à  l’entrée  de  l’hiver,  pour  rendre  
 compte.  La  seconde,  Ten-sin,  à  la  première  lune,  pour  recevoir  
 la  mission  de  gouverner  pendant  un  an.  La  troisième, 
 Bassin  du  Peï  ho  :  Le  Petchili,'   PekinOg. 
 Ta-in,  vers  la  fin du printemps,  pour demander la pluie et une  
 bonne récolte.  » 
 Le Siennoung-tsan, « le temple de l’Agriculture », a son site  
 en un  enclos moindre que celui du temple du  Ciel : 3 450 mètres  
 seulement de  pourtour.  Il repose  sur  une  esplanade  carrée  —  
 la  terre  étant carrée d’après les Chinois —  comme le temple du  
 Ciel  sur  une  esplanade  ronde;  il  est  moins  vaste,  mais  plus  
 élevé que son grand  confrère, surmonté de trois toitures superposées  
 et  entouré  d’une  forêt  de  pilastres sculptés  ornant les  
 balcons  et les  escaliers. Là est le  fameux  champ  que labourait  
 annuellement  l’empereur  avec  une  charrue  d’or  et  d’ivoire.  
 Cérémonie  d’un  rituel  immuable,  très  compliqué  comme  les  
 autres  emblèmes et symboles de Chine. 
 * Le premier jour de la seconde période du printemps, le souverain  
 se rend chaque année au temple de l’Agriculture avec trois  
 princes, neuf grands personnages et une suite nombreuse ; tout le  
 monde a dû se préparer par le jeûne à cette cérémonie. Après les  
 premières  adorations, on se dirige vers  le champ de labourage;  
 le boeuf,  la  charrue,  les  instruments  sont jaunes et l’empereur  
 commence  à  tracer  le  sillon  de  l’est  à  l’ouest,  revient quatre  
 fois,  ce  qui  fait  huit  sillons.  Le  président  du  ministère  des  
 Finances est à droite avec le fouet ;  à sa gauche  se  tient le  premier  
 mandarin de  la province  avec la  semence qu’un  troisième  
 sème  derrière  le  souverain;  les  trois  princes  tracent  chacun  
 dix  sillons  et  les  neuf  dignitaires  chacun  dix-huit;  ils  sont  
 accompagnés  de  mandarins  selon  leur  grade ;  enfin, des  vieillards, 
   choisis  parmi  les  plus  anciens  laboureurs  du  peuple,  
 achèvent le travail. Les grains récoltés  à l’automne et conservés  
 dans  les magasins ne doiventservir qu’aux offrandes. » (FàVier.) 
 Le  temple des Lamas, dans la ville impériale, est une  belle  
 pagode  où  des  centaines  de  prêtres,  payés  sur la  cassette du  
 * Fils du Ciel  »,  officient en  l’honneur  de Fo,  autrement dit du  
 Bouddha,  qui  a ici une statue miraculeuse. 
 D’autres  sanctuaires  où  se  célèbrent les rites  solennels de  
 la religion nationale, le temple de la Terre,  celui du Soleil, celui  
 de  la Lune,  sont en  dehors et près de la  ville tartare. 
 C’est aussi près du rempart, mais  à  l’intérieur, dans  le voisinage  
 du  temple  des Lettrés,  à  l’angle sud-occidental du mur  
 de la ville  tartare, que s’élève  l’ancien Observatoire que dirigea  
 le  missionnaire jésuite Yerbiest,  sous  le  règne  de  l’empereur  
 Kanghi.  On sait qu’en  cet  édifice  se trouvaient avant l’occupation  
 récente de Peking par les alliés de très curieux instruments  
 astronomiques  en  bronze,  de  construction  chinoise,  dont  les  
 ornements représentant des dragons symboliques, se sont admi