trants, et à Terrien de la Couperie plus qu’à n’importe lequel
d ’entre eux, de ce fait capital dans les annales de l’humanité :
les deux plus grandes civilisations des hommes, si diverses, et
même à un certain point contradictoires entre elles, ont toutes
deux une même origine, au pays des Chaldéens contemplateurs
du ciel étoilé.
Comme celles de l’Europe, les populations
iv de la Chine ont eu leurs âges de pierre, de
a n t iq u it é bronze, de fer, et les collections de l’Extrême
d e s Orient renferment des instruments et des objets
c h in o is de toute espèce, semblables à ceux des périodes
paléolithique et néolithique de l’Occident. Sladen
a rapporté du Yunnan plusieurs haches en jade. Comme en
Europe, ces armes d’autrefois sont des « pierres de foudre »,
des traits lancés par le dieu du tonnerre. Les Chinois ont
divisé les âges antérieurs à la civilisation actuelle en trois
époques correspondant à celles de nos archéologues : « Fu hi,
disent-ils, fabriquait des armes en bois; celles de Thin ming
étaient en pierre, et celles de Chi yu en métal » ; mais lorsque
les armes de fer étaient déjà connues, les flèches de pierre
étaient encore considérées comme ayant une vertu symbolique,
et dans les mains du souverain elles étaient tenues pour un
insigne de la royauté. Jusqu’au xne siècle de l’ère ancienne,
les empereurs de Chine recevaient en tribut des têtes de
flèches en pierre, et longtemps encore après cette époque,
les tribus sauvages qui vivent à l’occident de l’Empire se servaient
d’armes de cette espèce. Les Chinois ont encore dans
leur écriture un caractère particulier qui signifie * pierre à
fabriquer des pointes de traits ».
La nation chinoise a passé par une série de progrès correspondant
à ceux des nations civilisées des autres parties du
monde; seulement, ces premières évolutions ont été terminées
plus tôt dans le « Royaume Fleuri », après qu’il eut reçu du
peuple errant des Bak le principal ferment de sa civilisation.
Ces habitants de l’Europe occidentale, aujourd’hui très
outrecuidante, et comme folle d’elle-mème, étaient encore en
pleine sauvagerie lorsque les Chinois, il y a quatre mille ans,
écrivaient déjà leur histoire.
En dépit des pauvretés de style et de pensée, malgré le
fatras des redites, le corps des annales chinoises est le monument
d’histoire le plus authentique et le plus complet que
possède l’humanité. Pour l’ancienneté des chroniques et la certitude
des faits qu’on y rapporte, aucun peuple ne possède un
trésor comparable à celui que les historiographes ont legué au
neuple chinois, encore que jadis l’empereur Tsm-chi Hoangti,
«voulant que le monde commençât avec lui, que tout le passé
9 enveloppé dans un oubli éternel », ait condamné au feu tous
les livres gravés jusqu’à son avènement, sauf, dit-on, ceux qui
traitaient de la divination, de l’agriculture et de la medecine.
Mais l’ordre du souverain ne put être exécuté ex æquo dans
tout l’Empire, et nombre de volumes, d’une manière ou de
l’autre, échappèrent à la proscription.
Vicissitudes politiques, phénomènes de la nature, événements
de toute espèce sont également enregistrés dans ces
chroniques du temps passé de la Chine, et la science doit utiliser
avec d’autant plus de confiance ces annales régulières et pré
cises que des observations astronomiques, faites à diverses
éooaues et racontées dans ces documents, permettent d en
contrôler les dates sous les vingt-deux dynasties auxquelles a
obéi ce grand pays durant les quatre mille années de son histoire
à nous connues.