Des chaînes de collines, toutes orientées du sud-ouest au
nord-est, comme les montagnes du système sinique, s’élèvent
au milieu des terres alluviales et servent de point d’appui aux
vases que dépose le courant fluvial ou que ramène le flot de
marée. La ligne de démarcation entre la haute mer et les
estuaires est formée par plusieurs rangées parallèles de ces
îles rocheuses, semblables aux débris d’immenses jetées à
demi englouties. La rangée du nord se compose de grandes
îles, dont quelques-unes sont dominées par de hauts sommets :
c’est ainsi qu’à l’entrée de l’estuaire de Canton, semblent faire
sentinelle les deux pics de l’île Woungkoum, mieux connue
sous son nom portugais de Montanha, et de l’île Lantao ou
Langtao. Les îles desLadrones ou des « Larrons » font, de même
que Hongkong, partie d’une chaîne intermédiaire, et la dernière
jetée d’îlots, du côté du large, est formée par le long archipel
des Kaïpong et des Lema.
Le Si kiang n ’est pas un voisin commode en sa vallée
basse et dans les plaines de son delta; ses crues régulières
durent environ quatre mois, de juin à septembre, octobre :
crues provoquées par les pluies de la mousson du sud-ouest,
qui épanchent d’immenses quantités d’eau sur les campagnes
pistes.
A raison ou à tort, les riverains ont protégé leurs terres
contre ses incursions; ils les ont ainsi garanties, sauf en cas
de rupture des digues, mais ils en ont par cela même empêché
le colmatement et l’incessante refertilisation. En tout cas,
dit Imbault Huart, « ils ont accompli là... par le concours de
plusieurs générations un immense travail, oeuvre de patience,
de persévérance et de temps, dont l’origine se perd dans les
brouillards des siècles écoulés ».
Quand le fleuve s’est rempli, à pleins bords, voire outre
bords, à la mousson du Sud-Ouest, les bateaux à vapeur n’exigeant
pas une grande profondeur peuvent remonter le fleuve
jusqu’à Outcheou fou ; s’ils dépassaient 4 mètres de tirant, ils
resteraient en panne sur quelque banc de sable; plus haut les
rapides arrêtent tout ce qui n’est pas à fond plat; en eaux
basses les embarcations calant 2 mètres s’exposent à s’arrêter
net sur quelque obstacle momentanément supprimé par la crue.
La marée remonte jusqu’à ce même Outcheou fou, port
ouvert au trafic étranger depuis le traité anglo-chinois de
1897, et deux compagnies anglaises font le service du fleuve au
moyen de vapeurs de 400 à 800 tonnes, de Hong Kong et de
Macao jusqu’au terme commun de la marée et de la navigation.
On manque encore de données précises sur les débits de
ce grand fleuve; tout ce qu’on sait d’avance, c’est que les ja u geages
indiqueront un écart extraordinaire entre le volume de
l’étiage, quand les vents arrivent du nord-est, et le volume de
crue, quand ils arrivent du sud-ouest; le Si kiang a tous les
droits au qualificatif d’ « irrégulier », encore qu’il y ait dans sa
conque de nombreuses « Touvres » et « Vaucluses » où reviennent
au jour des eaux perdues dans les fissures du calcaire ou
de la craie, « Sorgues » compensatrices, réserves pour la saison
sèche. Comme longueur on peut hasarder 1 800 kilomètres,
soit la Seine au bout de la Loire; et comme conque, 40 millions
d’hectares.
Les deux zones de température s’entremêlent
ni dans le bassin du Si kiang. Pour le climat,
c l im a t s Canton ne se trouve que pendant une moitié de
e t p ro d u it s l’année dans la région tropicale ; suivant 1 altère
s b a s s in nance des moussons, elle voyage pour ainsi dire
d u si k ia n g du sud au nord.
La température annuelle y est beaucoup
moins égale qu’à Calcutta, à Honolulu, à la Havane et en maintes
autres villes situées sous les mêmes latitudes ; le tableau suivant
le montre :
MOYENNE
de l’année AOUT FÉVRIER ÉCART
C a n to n ....................... 21°,6 27»,8 14» 13°,4
Macao.......................... 22o ,5 28°,2 13°,5 14°,7
Calcutta....................... 26°,7 28°,4 23° 5°,4
4° , 2 Hon o lu lu................... 24° 25°,9 21°,7
La Havane. . . . 125° 27°,4 6°,5
De mai en septembre, quand souffle la mousson du sud-
ouest, apportant les pluies, les chaleurs sont aussi fortes dans
la Chine méridionale que dans les villes hindoues également
distantes de l’équateur; mais dès le m o i s d’octobre, quand
régnent les vents polaires du nord-est, qui cheminent parallèlement
à la côte et aux montagnes dans les sillons intermé
diaires, la température descend rapidement. Quoique ayant