achevé, et Kaïfoung lui sera réuni par un assez court embranchement.
Il se peut que le nombre de ses citadins atteigne 100 000,
dans une région agricole opulente, en plein loess. Par malheur
pour cette campagne, les crues du fleuve Jaune et celles du
Pien, l’un des émissaires de droite du fleuve, la menacent toujours,
elles l’endommagent souvent, et l’on a vu bien des fois les
murailles de Kaïfoung battues par une mer débordée, en dérision
des travaux de consolidation des digues où s’emploient
constamment des milliers d’ouvriers. En 1541,1a ville fut même
détruite presque en entier par ses propres défenseurs : ayant
abattu les levées pour noyer une armée de rebelles, ils ne
surent pas détourner le courant de leurs remparts et périrent
presque tous, tandis que la plupart des assiégeants eurent le
temps de s’enfuir.
Kaïfoung fou fut pendant 250 ans de notre Moyen âge la
capitale de l’Empire, sous le nom de Toungking ou « Résidence
orientale ». Elle ne conserve aucun monument de sa grandeur
passée : ce n’est plus qu’une ville de commerce, comparable à
un champ de foire permanent. Presque tous les Juifs qui s’y
trouvent, formant l’unique communauté israélite de la Chine,
exercent, comme leurs frères de l’Occident, les métiers d’orfèvres,
de brocanteurs, de manieurs d’or et d’argent. Le bourg
de Tchuchen chen, à quelques kilomètres de Kaïfoung, est l’un
des principaux marchés de la Chine : on le classait jadis parmi
les quatre grands lieux d’échange de l’Empire. A Liouyouen
kao, port fluvial de Kaïfoung, le Hoang ho n’a guère qu’un
mètre de profondeur, avec largeur de 600 mètres.
A quelque 200 kilomètres vers l’ouest, en remontant la
vallée dans la direction du Chensi, Honan fou, qui porte ainsi
le même nom que la province, occupe, comme Singan fou, l’une
des parties de la Chine où s’éleva jadis une capitale du Royaume
Central; c’est près de là, sur la rivière Ho, qu’était Loyang,
résidence impériale, au rn° et au vne siècle de l’ère vulgaire,
sous les dynasties des Weï et des Tang; les légendes y placent
aussi la résidence du mythique Fo hi.
Honan fou est bâtie près de la rive septentrionale du Lo ho,
qui coule parallèlement au fleuve Jaune; une rangée de collines
d’une hauteur moyenne de 150 mètres sépare les deux
vallées. La position centrale de Honan en a fait pour les Chinois
un i ombilic du monde ». Peu de cités sont plus favorisées
comme points de convergence pour des routes de chars ;
au chemin qui remonte la vallée du Hoang ho viennent se ra ttacher
en cet endroit d’autres voies carrossables se dirigeant
au nord-est vers Tientsin, au sud-est vers le Hoaï ho et le
Yangtze inférieur, au sud, vers la vallée du Han, par le col de
Nantcheou. ■■■_■.. ■ _ ;
Lorsque des chemins de fer traverseront la Chine, Honan
ne peut guère manquer de devenir le principal entrepôt de
marchandises du Royaume Central à destination de l’Occident.
Elle ne tardera guère, d’ailleurs, à être reliée à Kaïfoung par
une voie ferrée qui croisera celle de Peking à Canton à une
soixantaine de kilomètres à l’ouest de Kaïfoung, au sud du
pont par lequel cette grande * ligne du Midi » franchira le
Hoang ho.
Elle ne montre aux visiteurs aucun édifice tant soit peu
remarquable, mais les collines des environs portent des temples
qui sont parmi les plus anciens de la Chine et les plus
curieux par leurs objets d’art.
Au sud et au sud-est de cette antique métropole, le Soung
chan, dernière avancée du Kouenlun vers le levant, au-dessus
de la plaine du loess et des alluvions, élève son granit à près de
2450 mètres. C’est une autre Outaï chan, une montagne sacrée
des bouddhistes, qui viennent en foule s’y prosterner dans des
temples et des chapelles dont plusieurs ont été creusés dans la
masse du roc vif.
Au nord du Hoang ho, la ville de Iloaïking fou, située dans
un immense jardin qu’arrosent de clairs ruisseaux descendus
du Taïchang chan, est aussi une cité de grand trafic. Mais elle
est dépassée en importance commerciale par un bourg voisin,
situé à 18 kilomètres au nord-est, Tchingoua tchen : celui-ci
sert d’entrepôt à des mines de charbon très activement exploitées
dans les collines situées à l’ouest; il expédie aussi des
objets en fer et en acier fabriqués à Hoaïking, et c’est ici que
la pharmacopée chinoise se procure le tihouang (rehmania
glutinosa), une des racines qu’elle apprécie le plus.
La route de Tchingoua tchen à Tientsin traverse la grande
ville de Weïhoui fou (Weïkui, Weïkiun) et va rejoindre la tête
de Ja navigation sur le Weï ho à Tankoou tchen, port de rivière,
où l’on échange des objets du Chansi contre des objets du
Petchili, et principal intermédiaire entre Tientsin et les campagnes
riveraines du fleuve Jaune.
A l’ouest du Weï ho, sur un petit affluent, la cité de Tchangte
fou se distingue avantageusement de toutes ses voisines par le
bon entretien de ses rues, de ses temples, par le goût de ses
habitants, la prospérité de son industrie. « Les routes des environs,
dit Oxenham, sont aussi bien entretenues que les meilleures
chaussées de l’Angleterre. »
Les villes commerçantes sont aussi très nombreuses au