Une belle route monte en serpentant jusqu’au sommet le
plus haut de l’île, d’où Ton voit, à 539 mètres plus bas, les
quais de Victoria et la nappe éclatante de la rade, avec ses
navires de guerre et de commerce entre-croisant leurs sillages.
Par la propreté de ses rues, la solidité de ses constructions,
la richesse de ses palais, la ville anglaise, fortifiée et pourvue
d ’une garnison d’environ 2 800 hommes, sans les 181 d’un
corps d’artillerie volontaire, plus un certain nombre de navires
de guerre en rade, la ville anglaise ressemble d’assez près à
une cité de la mère-patrie, mais elle a de plus la beauté .que
donnent les vérandas ornées de fleurs, les jardins emplis d’arbustes
et le ciel lumineux du Midi.
Dans les premiers temps de l’occupation, Victoria, dont le sol
était sans cesse remué par les constructeurs, avait la réputation
d’une ville très insalubre. Cette réputation, elle la mérite
encore : par exemple, dans les cinq années 1894-1898, on y
a relevé plus de 29 000 décès contre moins de 6 700 naissances.
Mais ce n’est guère que les Chinois, la plèbe dénuée de tout,
qui y paie un grand tribut à la mort par malpropreté, contre-
hygiène, pauvreté, épidémie. Les résidents anglais de l’Extrême
Orient viennent précisément chercher le renouveau de santé
dans ses charmantes villas, encore que l’air ne se renouvelle
pas aussi vite à Victoria, lieu tourné vers le continent, que sur
la rive de l’île tournée vers la brise marine et que, par le fait,
le climat, d’une moyenne annuelle de 22°, avec 225 centimètres
de pluie, ait un caractère quelque peu tropical. Autre et fort
grand désavantage, Hongkong se trouve sur le parcours des
ouragans : le typhon de 1874 y renversa plus de mille maisons,
coula 33 gros navires, des centaines de jonques; plusieurs
milliers d’individus périrent dans le désastre.
Avant-poste du commerce de l’Angleterre et de l’Inde dans
le monde chinois, Hongkong est, avec Changhaï, et peut-être
Amoï, la cité de l’Extrême Orient où les savants ont pu
recueillir le plus de matériaux sur le royaume Central et
publier sur ce pays le plus d’ouvrages précieux. C’est aussi
l’un des endroits de la Terre où Ton peut observer la plus
grande variété de types. Des Parsi, les étrangers les plus respectés,
sont presque chez eux sur cette île du littoral chinois,
ayant été de tout temps accueillis comme des frères, grâce à
leur probité traditionnelle. Les nouveaux maîtres, les Anglais,
ont amené des Hindous de toute langue et de toute race, des
Malais, des Barmans, des métis portugais, des Polynésiens.
Les Chinois qui forment le gros de la population proviennent
de toutes les provinces de l’Empire.
L’ensemble des échanges entre l’Angleterre et Canton se
fait par l’intermédiaire de Hongkong, et c’est aussi de cette
ville que s’expédie une forte part des marchandises européennes
destinées à Changhaï, à Hankoou, à Tientsin. Ce port
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est un de ceux qui centralisent les relations de l’Europe, de
l’Inde, de l’Australie avec Je « Milieu ». On ignore le total de
son commerce, faute dédouanés, le port étant franc; quelques-
uns parlent d’un milliard par an, d’autres de beaucoup moins,
mais on ne peut guère l’estimer au-dessous d’un demi-milliard,
dont un tiers à l’exportation.
Én réalité, Hongkong doit son renom universel beaucoup