des religieux mènent une vie dissolue. Pour mettre un terme
aux scandales, le gouverneur de la cité fit récemment saisir
les moines dans leurs monastères, et les vendit publiquement
au poids g le prix d achat fut de 75 francs par tête en moyenne.
Deux colonies de criminels, transportés de la province de
v ! j T ^ u ng’ £ été établies dans les faubourgs. Le port de
Wentcheou étant situé dans un pays qui produit beaucoup de
thé, il serait naturel d’en exporter directement cette denrée-
cependant elle est expédiée d’abord à Foutcheou par les ion-
ques de cabotage.
A peine a-t-on passé du Tchekiang dans Je Fo'kien qu’on
voit s ouvrir la baie de Namkouan, l’un des précieux fiords de
ces rivages frangés : elle offre même de si rares avantages que
le fondateur français de l’arsenal de Foutcheou, G iquel,l’aurait
préférée à 1 estuaire du Min pour y installer ce grand établissement
naval.
u ..,Un Çeu au sud> c’est la baie, magnifique aussi, de
Feilouantou, le Samsa Inlet des cartes anglaises, véritable mer
intérieure, semée de nombreux îlots et parfaitement à l’abri
des tempêtes du large, grâce au brise-lames que lui fait une
île allongée. Elle aussi eût offert plus d’avantages que Foutcheou
pour l ’établissement d’une grande station navale et
militaire, car l’embouchure du Min ou fleuve de Foutcheou est
trop peu profonde pour les grands vaisseaux de guerre du
présent, encore plus pour ceux de l’avenir, si l’industrie guerrière
ne cesse de « magnifier » ses mastodontes.
Entre la baie de Feilouantou et Foutcheou, Lian kiang ou
Lienkang, port fréquenté, n’aurait pas moins de 250000 citoyens
d après dès rapports de missionnaires.
Foutcheou fou, la capitale du Fo'kien et le
principal port de la côte sud-orientale entre
Iv Changhaï et Canton, est, parmi les grandes cités
f o u tch eo u de l’Empire, Tune de celles dont les environs
amoi offrent les sites les plus charmants : de là peut-
être son nom, auquel on donne ordinairement le
sens de « Région Heureuse ». C’est le Haktchiou des indigènes
qui 1 appellent aussi Yungtcheng ou le « Château des bana-
mers ». 500 000 habitants ou 600 000, et d’après d’autres dires
un million d’hommes, c’est le peuple actif, empressé, bruyant
qu on lui accorde.
Cette métropole n ’est pas située au bord même de la mer,
mais à 56 kilomètres de la fin du Min, près du confluent de
cette rivière abondante avec un autre cours d’eau qui vient du
sud-ouest, parallèlement aux montagnes de la côte. Après avoir
traversé, vis-à-vis de l’île du Wenfou, la barre, dont le seuil,
à marée basse, a la profondeur de 4 mètres, les navires passent
par un goulet d’environ 360 mètres entre deux escarpements de
granit : là sont les fortifications du Kin paï ou Kin pao, premier
obstacle pour une flotte ennemie. Plus loin, un autre détroit,
celui de Mingan, également fortifié, s’ouvre en amont de sables
que le flot recouvre à marée haute, en formant au fleuve une
deuxième entrée pour les jonques. Au delà du goulet de Mingan,
le Min, élargi de nouveau et se ramifiant autour d’îlots et
de bancs, prend la forme d’un lac. Un roc isolé dresse sa
pagode au-dessus du courant, et près de là un promontoire de
la rive du nord s’avance dans le fleuve, portant un arsenal et
des chantiers de construction; les navires calant plus de
5 mètres s’arrêtent en cet endroit. En 1840, les Chinois jetèrent
des quartiers de roche à l’un des tournants du fleuve, entre la
ville et le mouillage, pour empêcher les vaisseaux anglais de
remonter jusqu’à Foutcheou. Ce barrage a presque disparu,
mais les vases qui s’étaient amassées en amont n’ont pas été
entièrement déblayées par les courants alternatifs de la marée,
et la navigation reste difficile, même pour les embarcations
d’un faible tirant d’eau.
L’arsenal, construit en 1869, sous la direction de deux
Français, Giquel et d’Aiguebelle, était l’établissement naval le
plus important de l’Empire : dès les cinq premières années,
15 navires de guerre avaient été lancés de ses chantiers. Une
école navale et d’importantes usines avaient été annexées à
l’arsenal.
OEuvre des Français, il a été détruit par des Français, les
canonniers de la flotte de l’amiral Courbet, en 1884, lors de la
guerre survenue entre la France et la Chine à la suite des
affaires du Tonkin. On le réorganise maintenant, sous la
direction d’un ingénieur fourni par la France. Il borde l’estuaire
du Min, à 10 kilomètres sous Foutcheou, à 20 de la fin
du fleuve.
La cité murée de Foutcheou, où vivent les mandarins, les
bourgeois et dix mille descendants des Mandchoux, a 9 ou
10 kilomètres d’entour. Parmi ses pagodes, Tune, habitée par
les dieux de la Vengeance, est visitée en toute dévotion par
ceux que meut un désir de vendetta.
Cette Foutcheou officielle s’est élevée, non au bord du
Min, mais à 3 kilomètres de sa rive gauche, espace qu’occupent