dant les yeux obliques’et les pommettes saillantes du Mongol);
barbe noire, peu fournie; cheveux noirs, coupés très court (ils
ne portent pas la queue comme les Chinois) ; dents blanches
et moyennes. Les femmes, plus petites que les hommes, sont
assez fortes ; leur nez est moins proéminent, leur teint moins
foncé ; leurs cheveux sont coupés court, moins pourtant que
ceux des hommes. » Au total, race de gens très solidement
charpentés.
Le lamaïsme < sévit » chez eux, mais avec moins d’intensité
que chez les autres Tibétains; leurs prêtres ont des livres
sacrés écrits en caractères tangoutes.
Les Si-Fan, tout au moins ceux qui vivent près de là, plus
au nord, sur le haut Hoang ho, sont bourrés de superstitions
toutes plus baroques les unes que les autres; par exemple,
ils croient de bonne foi que les Européens peuvent de leur
regard transpercer le sol et l’eau jusqu’à d’énormes profondeurs,
et qu’ils volent par-dessus les montagnes : s’ils cheminent
dans la plaine, c’est qu’ils seraient embarrassés de transporter,
dans leur vol, les bêtes de somme dont ils ont besoin.
L’amban de Sining demandait à l’interprète de Prjevalskiy s’il
était vrai que son maître vît briller les pierres précieuses jusqu’à
80 mètres dans la terre.
Au nord, les Si-Fan se rattachent aux Amdoàn, tandis
qu’au sud et au sud-ouest ils touchent à d’autres tribus, d’origine
également tibétaine, connus sous la désignation commune
de Mantze ou « Vermine indomptable ». Vussi quelques tribus,
connaissant le sens de ce mot, le repoussent-elles comme injurieux,
et demandent-elles qu’on leur donne le nom d’I jen, qui
signifie tout simplement « les Gens différents » ou » les Étrangers
».
Une de leurs tribus, celle des Soumou ou des « Mantze
Blancs », qui vit sur les bords du Louhoa ho, affluent occidental
du Min, comprendrait, d’après Gill, trois millions et
demi d’individus vivant de l’agriculture et de l’élève des besr
tiaux. Si improbable que soit l’exactitude de cette évaluation,
il n’en est pas moins certain que les Mantze représentent un
élément très considérable dans la population de la Chine
occidentale.
Les Mantze du Setchouen jouissent d’une sorte d’autonomie
politique.
Ils se sont groupés en dix-huit royaumes dans lesquels le
pouvoir monarchique est absolu. Le souverain prélève un
impôt sur les terres cultivées, de même q e sur les troupeaux,
et chaque famille lui doit le travail personnel d’un de
ses membres pendant six mois de chaque année. A son gré, il
distribue les terres et les reprend pour les donner à d’autres.
Dans le plus puissant des dix-huit royaumes, celui des Mantze
Blancs le trône est toujours occupé par une reine, en mémoire
d’actions d'éclat accomplies par une aïeule de la famille
^ Le nom de i sauvages » qu’on donne aux Mantze n est
aucunement mérité. Ces « sauvages » cultivent soigneusement
le sol tissent des étoffes, se bâtissent des maisons et des tours
dans le style tibétain, possèdent même des livres bod et chinois
et tiennent des écoles pour leurs enfants. A 1 ouest, 1 influence
tibétaine est prépondérante, et les lamas ne sont pas
moins puissants chez eux que chez les Si-Fan ; à 1 est, c est
l’influence chinoise qui l’emporte, et nombreux sont les Mantze
oui passent d’une civilisation à l’autre : ils abattent leur chevelure
touffue, adoptent la longue trêsse officielle et prennent
le costume des habitants de la plaine pour ressembler aux
« Enfants de Han ». ,
Comme partout et toujours, quand sont en presence sur
un même territoire, sous une même domination, deux civilisations,
deux masses inégales, les monarchies mantze ne peuvent
résister à la pression continue des colons chinois qui les
assiègent, pour ainsi dire, et ne cessent d’empiéter sur leur
Tandis que des aventuriers, des fugitifs de la région
basse pénètrent au loin dans les montagnes, apportant des
moeurs et des idées nouvelles, l’armée des cultivateurs avance
de front, saisissant tous les prétextes pour déclarer la guerre
aux « sauvages » et pour s’emparer de leurs terres. Refoules
chaque année plus en arrière, les Mantze subissent le sort de
tous les vaincus, et c’est eux qu’on accuse d avoir commis les
cruautés qu’ils ont subies. Campés dans les villages dont ils
n’ont pas encore eu le temps de changer l’architecture, les
envahisseurs chinois croient n’avoir conquis le sol que pour
leur défense' personnelle.
Au midi des Mantze, dans le sud du Setchouen
Occidental (et dans le nord du Yunnan),
ii dans la grande courbe du Yangtze kiang, vivent
l o l o d’autres tribus également menacées par les
colons : ce sont les Lolo, dont le nom n a pas de
sens en langue chinoise, à moins que cette syllabe
redoublée n’indique, comme la désignation grecque de « b ar