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 L E   HO A N  G  HO  OU  F L E U V E   JAU N E 
 I .   L E   HOANG  HO  SU P É R IEU R .  Il  H .  HOANG  HO  MONGOL  
 ET  HOANG  HO  MOYEN.  Il  I I I .  HOANG  HO  IN F É R IE U R .  Il  IV .  INONDATIONS  ET  
 DEPLACEMENTS  DU  HOANG  HO.  Il  V.  L E   CANAL  IM P É R IA L . 
 LA  région  d ’écoulement  du  Hoang  ho  ou  
 «  Fleuve Jaune  »  comprend  dans  le Tibet et  
 1  la «  Fleur du Milieu » un espace  qu’on évaluait à  
 lb   1 500 000 kilomètres carrés,  ou bien près de trois  
 h o a n g  HO  fois  l’aire  de  la  France.  Estimation  beaucoup  
 s u p é r i e u r   trop généreuse que  de  récents  calculs  planimé-  
 triques de l’Institut de Gotha ont, provisoirement  
 sans  doute,  réduite à  98  millions  d’hectares  :  ce  qui  répond  
 presque à  deux fois  l’étendue  de la  terre  française. 
 Comparé au bassin du Yangtze kiang, vaste de  1775 000 kilomètres  
 carrés, celui du Hoang ho est presque deux fois moindre,  
 et  ce  « fleuve  Jaune  »  dont  l’embouchure  est  moins  orientale  
 que  celle  du  fleuve  Bleu,  naît  à  550  ou  600  kilomètres  moins  
 loin que lui  vers  l’occident. 
 Ainsi le Hoang  ho  n ’est  que le  second des  grands  fleuves  
 !nA*n° 1S’  Pj?rï°*s  même>  durant  le  cours  des  âges,  il  cessa  
 d être  un  fleuve  et  ne  fut  plus  qu’une  rivière  tributaire,  ses  
 eaux  s étant  détournées  en  partie  vers  le  Yangtze  kiang.  En  
 somme  bien inférieur  à  son  grand  rival  en  aire d’écoulement,  
 en  longueur  de  cours,  quoiqu’il  ait  3 760  kilomètres,  et  en  
 masse  liquide,  le  Hoang  ho n’en  est pas moins assez puissant  
 pour  former  avec  le  Fleuve  Bleu  un  grand  système  hydrographique. 
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 Il  contraste  avec  lui,  de  sa  source  à  son  estuaire,  par la 
 marche de ses  eaux, par  les  cultures  de  ses  bords,  les moeurs  
 des populations  riveraines.  ■ 
 Pour  exprimer  ce  contraste,  les  Chinois ont fait des  deux  
 fleuves  les représentants  des  deux  principes  qui,  d’après  eux,  
 se  partagent  le  monde, le ?/ang ou principe mâle,  et le yin ou  
 principe femelle,  celui  du  Ciel  et  celui  de  la  Terre.  Le  Hoang  
 ho  est le  fleuve femelle ;  voué à  la  Terre,  il  est  désigné  par  le  
 jaune,  la couleur que  les habitants  des  «  Terres  Jaunes  »  prirent  
 naturellement pour la  couleur  terrestre  par  excellence.  Il  
 est vrai  que  ses flots ont toujours une teinte jaunâtre, mais les  
 eaux  du  Yangtze  sont  à  peine  moins  troubles  que  celles  de  
 l’autre fleuve. 
 On  sait que le Hoang ho  et  le Yangtze kiang naissent  sur  
 le même plateau  pour  aller  traverser  les  mêmes  plaines  alluviales  
 dans  leur cours inférieur; mais  après  avoir  arrosé  dans  
 leur cours moyen des  régions  fort éloignées  et  très  différentes 
 les  u n e s   d e s a u tre s .  . 
 C’est  au  grand  voyageur  russe Prjevalskiy  qu on  doit  la  
 découverte des sources  du  «  fleuve Jaune  >,  en  1885,  au  cours  
 d’une de  ses  nombreuses  et  périlleuses  explorations  au  Tibet. 
 Le Hoang ho part de montagnes,  encore  confuses  sur  nos  
 cartes,  qui  courent  et  s’enchevêtrent  entre  le  cours  supérieur  
 du  Yangtze  kiang  au  sud-ouest et le  lac Koukou  au  nord-est,  
 s u r   le  plateau  du  Tibet. 
 Son  torrent originaire  s’amortit  sur  le  plan  dUdon  iala,  
 sorte de marais  d’une cinquantaine  de kilomètres de longueur  
 au  bout  duquel  il  rencontre  un  grand  lac, le  Kiaring  tso  ou  
 Djarin  nor,  d’où il passe dans  le  lac Russe,  le  Nyering tso  ou  
 Orin  nor  des  gens  du  plateau.  Ces  deux  lacs  sont  plus  ou  
 moins  à 4 200 mètres  au-dessus du niveau  des mers. 
 A  500  kilomètres  en  aval,  Prjevalskiy  rencontra  le  fleuve  
 à  2 500  mètres  d’altitude,  à  l’issue  de  cluses  formidables  au  
 fond desquelles  il  contourne  les monts  Amni Matchen, massif  
 énorme auquel on suppose 6 500 mètres. 
 Déjà  c o n s id é ra b le ,  le  fleuve  s e rp e n te   à  u n e   c in q u a n ta in e   
 d e   k ilom è tre s   au   su d  e t fo rt  en  c o n tre b a s   d u   Ko u k o u   n o r ,  la c   
 m iro ita n t  à  3 200  m è tre s ,  e t,  p a s sé   d u   T ib e t  d a n s   la   Chine  
 p ro p rem e n t  d ite ,  il  re ç o it  à  g a u c h e   d e s  to r r e n ts   fo u rn is   p a r   
 la   c h a în e  ide  R ich th o fen ,  q u i  d é p a s s e ra it 6 000 m è tre s . 
 Sa première province chinoise est  le  Kansou;  il  y  baigne  
 Lantcheou  fou, puis  s’achemine vers  les  confins  du  désert  de  
 la  Mongolie,  annoncé  par  la  Grande  Muraille,  qui  le  longe  
 longtemps,  surtout  à  gauche,  et  dont  il  interrompt  deux  lois  
 la ligne bastionnée.