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 se  sont fondés autour des  sources  thermales  qui  jaillissent çà  
 et  là  dans  la  vallée ;  un  de  ces  thermes  se  trouve  aux portes  
 mêmes  de  Foutcheou.  Le  Kou  chan  se  levant  à  la  gauche  du  
 Min,  un  pic  de  618  mètres  se  lève  à  la  gauche,  sur  le  chemin  
 de la mer. 
 A  10 kilomètres  en amont de la  ville,  un  pont  semblable à  
 celui  des Dix Mille Années  traverse  le fleuve  :  c’est le pont des  
 «  Montagnes  Rouges  »  ou  *  Nuageuses  »,  ainsi  nommé  des  
 croupes  qui  se profilent au-dessus  de  la vallée. 
 Les barques du haut  fleuve ne  peuvent  dépasser  le  bourg  
 de Choui  koou,  situé  en  aval  de  la  grande  cité  de Yungping,  
 bâtie  au point de convergence des principales vallées  du bassin  
 du  Min. 
 Yungping  ou Yanping,  supposée  riche  de 200 000 âmes,  se  
 compose,  selon  l’usage,  d’une  place murée  de  6  kilomètres de  
 pourtour et de faubourgs dont l’ensemble  contient plus d ’habitants  
 que la  cité  « mère  ».  Le  site  en  est  fort  beau,  devant  les  
 monts. 
 Le botaniste Fortune remonta plus haut le Min pour visiter  
 les districts  où  se récoltent les meilleurs thés noirs  du Fo'kien ;  
 mais  divers  obstacles  le  forcèrent  à  rebrousser  chemin  pour  
 contourner la  chaîne  par  le  Tchekiang  et  redescendre par  un  
 col  des monts  Bohea  dans  la  vallée  du  Min.  Ces  montagnes  
 au  profil  dentelé  ont  de  2 000  à  2 500  mètres  au-dessus  de  la  
 mer; Armand David  évalue à 3 000 mètres les  sommets les  plus  
 élevés  de  la  chaîne  orientale du Fo'kien.  Le grand marché des  
 thés  de cette  région  du  haut Min  est  Tsongan  (100 000 hab.?),  
 situé non loin du groupe isolé du Oui chan, l’un des massifs les  
 plus vénérés de la Chine méridionale. 
 A la  frontière du Kiangsi, près de celle du Tchekiang, cette  
 montagne  de  Oui,  composée  d’ardoises  et  de  grès  en  conglomérat, 
   coupée  de  quartz  et de  veines  de  granit,  se  dresse  
 à  300  mètres  au-dessus  de  la  plaine.  Les  parois  abruptes, les  
 formes  fantastiques  de  ses  rochers,  la  rivière  des  «  Neuf  
 Méandres  »  qui  coule  au  fond  des  cluses,  ont  fait  du  Oui  
 chan une des régions  les plus  curieuses  du Fo'kien;  ce groupe  
 de  montagnes  est  aussi  l’un  des  districts  les  plus  riches  du  
 pays, grâce  à  l’excellence de  ses thés, que cultivent les moines  
 bouddhistes  des  »  999  temples  »,  c’est-à-dire  des  couvents très  
 nombreux épars  sur les collines. 
 Avant Foutcheou  fou,  une cité plus méridionale du Fo'kien  
 eut  le  titre  de capitale  :  Tsouantcheou,  qui  est encore la  résidence  
 du  gouverneur  militaire  de  la  province.  La  plupart des  
 commentateurs  de  Marco  Polo  et  des  géographes  arabes  du  
 Moyen  âge  sont  d’accord  pour  voir  dans  cette  ville,  dont  le  
 nom vulgaire  est Tsàtoung, la cité de Zayton (Çayton, Zaïtoun),  
 qui  fut,  tout simplement,  d’après  Ibn Batouta,  «  le  plus grand  
 port  du monde ». 
 Les Arabes venaient y trafiquer en foule, en intermédiaires  
 entre la Chine et l’Occident ; même des Arméniens et des Génois  
 s’y étaient établis ;  un  évêque italien y résida de  1318  à 1322,  et  
 Marignoli  vit  «  trois  belles  églises  »  dans  cette  cité  «  d’incroyable  
 étendue  ». Le port renfermait  tant de navires,  que les  
 marchands  de Tsouantcheou, à l’occasion d’une guerre avec le  
 Japon,  se vantaient  de  pouvoir jeter un pont de  bateaux entre  
 leur  port  et  l’archipel  du  «  Soleil  Levant  ».  Zaïtoun  ou  la  
 «  Ville des Oliviers  »,  ainsi  que  les Arabes  en avaient  modifié  
 le  nom  chinois,  fournissait  aux  marchands  occidentaux  du  
 sucre,  des velours  et des soies  :  Ibn Batouta  dit même  formellement  
 que  les  satins  ou  zaïtouniah  ont  reçu  leur  nom  de  la  
 ville  qui  les  expédiait,  et  Yule  n’est  pas  éloigné  d’admettre  
 cette  étymologie,  en  contradiction  avec  celle  qui  tire  ce  mot  
 du latin seta. 
 Mais  il  arriva  que  la  rade  de  Tsouantcheou  s’ensabla  et  
 s’envasa peu à peu ; la vie  s’en retira lentement pour se reporter  
 plus  au  sud  dans  la  vaste  baie  d’Amoï,  qui  semble avoir  été  
 également  connue sous  le nom de Zaïtoun, comme dépendance  
 commerciale  de Tsouantcheou,  dans le district de laquelle  elle  
 se  trouve.  Le  petit  havre  de Nganhaï  sert  d’entrepôt pour les  
 marchandises  entre  l’ancien  port  de  Zaïtoun  et  celui  qui  le  
 remplace  de  nos jours. Que  Tsouantcheou  représente  ou non  
 1  le  plus  grand  port  sur  terre  »,  et  que  Tchang-tcheou  près  
 Amoï lui enlève ou non cette  gloire,  c’est une vaste, une populeuse  
 cité dont le  rempart  n’a  pas  moins  de  18  kilomètres  de  
 tour  et  le gouverneur  militaire de  la  province du  Fo'kien  y a  
 sa  résidence. 
 Amoï (Hiamen ou Hiamoun), le port méridional du Fo'kien,  
 ouvert  actuellement  aux  navires  de  l’Occident,  est  l’un  des  
 plus  beaux  du monde,  s’il  n’est  pas, et  de  bien  loin,  le  «  premier  
 »,  même dans la  Chine  méridionale,  pour  le  mouvement  
 des  échanges,  comme  le fut Zaïtoun. 
 Il passe  pour le  meilleur de  l’Empire  comme  sûreté, commodité, 
   sous  un  climat  très  heureusement  tempéré  par  les  
 brises régnantes  : mais  il  est  fort  gêné  dans  ses  entournures,  
 au  nord  par  Changhaï,  et  plus  près,  à  l’ouest-sud-ouest,  par  
 Hongkong et Canton.