
 
		par  leur  comparaison  que  les malheurs, malaises, massacres  
 famines,  typhus  et  maladies  ont  fait  ici  aussi leur oeuvre dans  
 la seconde moitié  du xixe  siècle. 
 Si  le  Kiangsi  possède  réellement  24 600 000  personnes sur  
 18  millions  d’hectares,  il  entretient  137 individus  au  kilomètre  
 carré,  bien près  du  double  de  la  densité  de  population  française. 
 ,,,  Mais  il  se  peut  que  la  province  ait  beaucoup  moins  
 d habitants  que  le  nombre  admis  :  elle  a  beau  développer  
 d admirables  plaines  dans  ses  vallées basses  et autour de  son  
 lac  Poyang —  terres  d’ailleirs  çà  et là  légèrement  insalubres  
 par excès d eau sous un climat chaud-humide, — elle est chargée  
 de  montagnes  tantôt  sylvestres,  tantôt  nues  et  peu  ou  point  
 labourables  ou  «  jardinables  >;  ces  monts,  il  est  vrai  sont  
 veines  d’or,  d’argent,  de  fer,  d’étain,  de  plomb,  mais  on  n ’exploite  
 guère ces trésors. 
 Il n’y  a  pour ainsi  dire  pas  d’autochtones,  de  pré-Chinois  
 en  Kiangsi  :  en  quoi  ce  territoire  diffère  singulièrement  de  
 plusieurs de  ceux qui l’avoisinent. D’après le docteur Deblenne,  
 de  la Mission Lyonnaise, il y a probablement dans le Setchouen  
 un  septième  de non-Chinois,  soit 6 500 000  sur 45 000 000;  dans  
 le Yunnan, deux  tiers,  ou  5 000 000  sur  8 000 000; dans le Koeï-  
 tcheou,  la moitié,  donc 3 500 000  sur 7 000 000 ;  dans  le  Kiangsi  
 les  sept dixièmes ou 5 000 000 sur 7 000 000 — ces nombres comprennent  
 les  métis  de  Chinois  et  d’autochtones.  Il  s’en faut  
 on le voit,  que l’assimilation  ait  fini  son  oeuvre  dans  la Chiné  
 méridionale. 
 La capitale du Kiangsi, Nantchang,  s’est établie à l’origine  
 du delta dont le Kia kiang a  diminué  le  lac  Poyang,  dans  une  
 campagne  de  fertilité renommée.  Comprise  dans  une  enceinte  
 de  près  de  10  kilomètres,  elle  n’a  point  pris  place  parmi  les  
 cités  peuplées  ou  surpeuplées du  . Milieu  »,  quoiqu’elle ait  de  
 grands  avantages comme lieu  de convergence des  routes d’une  
 vaste  contrée; mais  ses  communications  avec Canton  sont difficiles, 
   à  cause de l’âpreté  des montagnes. 
 Le Kia  kiang admet  les bateaux  à vapeur légers jusqu’aux  
 murs  de Nantchang, mais  comme  on  embarque  surtout  le  thé  
 e t la porcelaine,  les deux  grands  produits  de  la  contrée,  dans  
 les  ports  de  la  rive  orientale  du  Poyang,  cette  ville  n’a  pas  
 grand  trafic.  Elle  manque  aussi  d’édifices  curieux,  si  ce  n’est  
 des pagodes  et  des  arcs  de  triomphe  élevés  en  l’honneur  de  
 veuves  devenues  fameuses  par  leurs  vertus;  mais  elle  se  distingue  
 par  la  régularité  et  la  propreté  de  ses  rues  :  à  cet  
 égard, elle ressemble à la  capitale du  Setchouen. 
 En  remontant  la  vallée  du  Kia  kiang  au-dessus  de Nantchang  
 on  la voit  admirablement arrosée  par  des  appareils  élé-  
 vatoires  en  bambou,  très  soigneusement cultivée,  très  habitée  
 et  dit  Wells  Williams,  égale  à  n’importe  quelle  autre  au  
 monde pour la densité de la population, la  richesse et la variété  
 des  produits,  la  diligence  de  l’agriculture.  On  rencontre  Lin  
 kiang  qui vend  beaucoup  de  plantes  médicinales,  et  Kmgan  
 aue  suivent les  «  dix-huit rapides  », interrompant la navigation  
 durant  les  eaux  basses,  au  sein  d’un  admirable  paysage  
 rocheux.  Puis  vient  Kantcheou,  cité  murée  fort  commerçante  
 avec une multitude de  bateaux, des fabriques  d’encre  de Chine  
 et du vernis  fait du  suc  des  *  arbres  à  vernis  »  de  la  contrée  
 (Rhus vernicifera).  La  navigation  ne  s’arrête  tout  à  fait  q u à   
 Nangan  au  bas  du  fameux  col  de  Meï  ling,  au  faite  entre  
 Yangtze  et  Si  kiang.  C’est  à Nangan  qu’on  s’embarque  pour  
 Peking  voyage  de  quatre  cents  lieues  en  ligne  droite,  huit  
 cents  par  rivières  et canaux, «  dans des  barques  longues,  profondes, 
   qui ont  des  nattes  de jonc pour voiles  ». 
 Yaotcheou,  sur une haute falaise de la rive du Poyang,  est  
 une  ville  forte  de  6  kilomètres  d’enceinte,  d’où  des  escaliers  
 partant  de  *  portes  triomphales  »  descendent  à  un  port  
 encombré de jonques pour l’expédition des porcelaines : celles-ci  
 viennent  principalement  de  Kingte'  tchen,  à  65  kilomètres  au 
 nord-est  • 
 Au  siècle  dernier,  plus  de  500  fabriques  de  porcelaine  
 étaient groupées près  de cette ville, que surmonte un nuage de  
 fumée  noir pendant  le  jour,  illuminé  de  jets  de  flamme  pendant  
 la nuit. Un million  d’hommes habitaient  alors ce pays de  
 fabriques;  mais  il  est  certain  que  la  population  a  diminué  
 depuis.  C’est  de  l’an  1004  de  notre  ère  que  date  la  porcelai-  
 nerie  de  Kingte'  tchen,  qui  créa  tant  de  merveilles,  chefs-  
 d’oeuvre les  plus réputés du monde. Il  n’en  sort plus  de pièces  
 «  miraculeuses  »,  mais,  toujours  fort  estimée  en  Chine,  elle  
 donne lieu à un  très  grand commerce,  qui  se  concentre  principalement  
 autour  de  Yao-tcheou,  près  du  bord  oriental  du  
 Poyang| le port de  cette ville est toujours encombré débarqués  
 et  de  jonques,  qui  viennent  prendre  le  précieux  chargement.  
 En  réalité  la porcelaine de Kingte',  qui  pendant tant de siècles  
 fut  sans rivale, est maintenant bien  inférieure  aux  porcelaines  
 d’Europe,  pour  la  pâte,  la  forme  et  le dessin;  les  usiniers  de  
 Kingte'  tchen  ont  vainement  essayé  d’entrer  en  concurrence  
 avec  les  fabricants  étrangers.  C’est  la province  de  Ngan hoei,  
 voisine  de  Kingte'  tchen,  qui  fournit  à  cette  ville  ses  deux  
 espèces  de  terre  à porcelaine.