L a Chine. LIVRE
Enfin, dernier, non moindre bienfait, il donne les chop sticks,
si fameux en Chine, l’Objet le plus important de la vie domestique,
d’un usage universel à la maison et aux champs, sur
terre et sur l’eau; et l’on en obtient du papier à tous les
degrés de qualité, de celui sur lequel on écrit jusqu’à celui
qu’on mêle au mortier de maçonnerie. Bref, il est tout, il sert
à tout. »
Le principal contraste de la flore sinique avec l’européenne
consiste dans le grand nombre de ses espèces ligneuses, lianes,
arbustes et arbres : encore à cet égard, la Chine rappelle les
régions tropicales, quoiqu’elle ne possède, pour ainsi dire, pas
de forêts. A Hongkong, où la végétation arborescente a été
refoulée par la culture dans quelques étroites vallées et sur les
pentes supérieures des collines, les arbres représentent le tiers
des espèces, tandis que dans une île de la Méditerranée, Ischia,
qui, par sa situation, peut être comparée à Hongkong, les
végétaux ligneux ne constituent que le douzième de la flore,
soit quatre fois moins que dans l’île anglo-chinoise.
Même à Peking et dans le nord de la Chine, où pourtant le
climat est déjà presque sibérien pendant une partie de l’année,
les formes arborescentes sont évaluées au cinquième des
espèces.
Parmi ces plantes ligneuses il en est beaucoup dont les
feuilles ou les aiguilles' persistent tout au long de l’année;
surtout les essences résineuses, des types les plus variés, et
même la Chine l’emporte à cet égard sur l’Amérique du Nord.
Les lauriers appartiennent également à la physionomie
normale d’un paysage chinois. De même les formes arborescentes
de la Méditerranée ont toutes des espèces correspondantes
dans l’aire chinoise, et la plupart des arbres à
feuilles caduques, tels que les tilleuls, les frênes, les sycomores,
les érables, se retrouvent en Chine, appartenant aux
mêmes genres que ceux de l’Europe. Enfin, dans la série des
arbustes, le laurier-rose et le myrte rappellent aussi la flore
des régions méditerranéennes.
Une curiosité de là flore chinoise, les arbres nains, donnent
un aspect original à certains bouts de paysage : tel, aux
environs de Hongkong, un lycopodium tout à fait charmant, le
mannintchang, que les Chinois montrent aux étrangers comme
un pin resté à l’état d’enfance.
Autre et précieuse supériorité de la flore chinoise sur
l’européenne, le « Noble Empire i possède un grand nombre
d’espèces remarquables par l’éclat de leurs fleurs ou l’élégance
de leur feuillage.
PREMIER Flore et fa u n e de la Chine.
Ainsi, dans l’archipel de Tchousan, Fortune parcourut
une petite île boisée dont le sous-bois était composé de camélias,
s’élevant.à la hauteur de 6 à 9 mètres. C’est du « Royaume
Fleuri » que nous viennent ces fleurs admirables, de même que
le jasmin, l’azalée, la glycine. C’est aussi la Chine qui nous a
donné la soie, la plus précieuse de nos fibres textiles.
Quoique des zoologistes instruits, persévé-
u rants, aient parcouru la Chine dans tous les sens,
f au n e sa faune est encore loin d’être connue dans son
de entier, et chaque nouvel explorateur y découvre
la c h in e des espèces ignorées. II est probable que beaucoup
d’autres ont cessé d’exister pendant l’époque
historique : les empiétements continuels de l’agriculture ont
fini par les priver de tout refuge. Ainsi, les anciennes descriptions
nous parlent du rhinocéros, de l’éléphant, du tapir,
comme d’animaux vivant dans l’Empire ; on ne sait à quelles
époques ils ont disparu.
La faune chinoise, telle qu’elle a pu se maintenir dans les
régions montagneuses et dans les forêts des plateaux de 1 ouest,
est très riche, beaucoup plus que celle de l’Europe; mais
dans l’intérieur même de la Chine on ne trouve plus que de
rares espèces sauvages. De même que pour la flore, la transition
graduelle se fait, pour la faune, des espèces hindoues à
celles de la Mandchourie. Les singes, que l’on peut considérer
comme des représentants du monde tropical dans la région
tempérée de la Chine, vivent en petit nombre dans les fourrés
et dans les cavernes des montagnes jusqu’aux alentours de
Peking. D’après Swinhoe et Armand David, au moins neuf
espèces de quadrumanes se rencontrent en territoire chinois et
tibétain. Une douzaine d’espèces de félins, parmi lesquels le
tigre, la panthère, et d’autres carnassiers que l’on s’attendrait
à trouver seulement dans les forêts tropicales, parcourent
aussi, mais en petit nombre, les régions les moins populeuses
de la Chine proprement dite.
Dans son ensemble, la faune chinoise diffère beaucoup de
celle de l’Europe occidentale. Ainsi, sur deux cents espèces de
mammifères, on n ’en compte qu’une dizaine qui soient à la fois
européennes et chinoises; encore quelques petites différences
entre ces animaux de l’Orient et de l’Occident sont-elles considérées
par certains naturalistes comme des caractères spécifiques.