tégique par sa situation à l’extrémité nord-occidentale de la
Chine; sa muraille d’entour a 6 kilomètres. La contrée, que p a rcourt
le Louan ho ou Lan ho, fleuve tributaire du golfe de
Petchili, est granitique, peu fertile, et les habitants envoient
de nombreux pionniers chinois dans la Mandchourie où rapidement
l’élément de i Han » submerge les Mandchoux.
A l’ouest du Koupeï koou, la plaine de Peï ho n ’est accessible,
du côté de la Mongolie, que par le Kouan koou (Porte de
la Barrière). Le passage de Kouan s’appelle plus ordinairement
Nan koou (Porte méridionale), du nom du village qui se
trouve au bas de la rampe d’accès, il a 20 kilomètres de long, à
720 mètres d’altitude au plus haut du défilé. Il fut d’une importance
stratégique capitale, et c’est par là que presque tous
les envahisseurs descendirent dans la plaine : de ce passage,
Djenghiz khan vit à ses pieds la capitale de la dynastie vaincue.
Aussi le chemin du Kouan koou est-il l’un des plus garnis
d’ouvrages défensifs : deux grandes forteresses s’étagent sur
la pente méridionale et se relient l’une à l’autre par des murs
et des tours que la plupart des voyageurs décrivent comme
étant la Grande Muraille; mais ce n’est là qu’un ouvrage
avancé du rempart, qui se développe sur la crête de la chaîne
et que le chemin de Kouan koou traverse à angle droit au col
dit Pata ling. Des tours de signaux construites du temps des
Ming, et de nos jours partiellement démolies, se dressent à
égale distance les unes des autres sur la route de Peking.
Quant au chemin pavé qui remontait le Kouan koou jusqu’au
col, il n ’existe plus que par fragments ; les eaux torrentielles
en ont détruit la plus grande partie, et les voyageurs ont
maintenant à suivre des sentiers tracés irrégulièrement sur
les pentes. Le monument le plus remarquable qui se voie
encore sur l’ancienne route est une porte triomphale de l’an
1345, érigée à l’entrée de la forteresse du sud et portant une
inscription en six langues, sanscrit, chinois, ouigour, mongol,
tibétain, niutchiou ancien mandchou : l’inscription de cette
porte est la seule que l’on connaisse en ce dernier idiome.
La route stratégique du Kouan koou doit actuellement sa
principale importance au commerce, car c’est le chemin suivi
par le courrier postal et par les caravanes russes de Kia-
khta. Celles qui, avant la guerre, portaient le thé en briques,
— d’usage en Sibérie, prenaient directement leur charge à
Toungtcheou, sur le Peï ho, sans passer à Peking, qu’elles
laissaient à l’ouest.
•n ^*£!ns hautes vallées des affluents du Wen ho plusieurs
villes importantes servent d’intermédiaires à Peking et à la
basse plaine du Petchili pour leur commerce avec la Mongolie
et les possessions russes. . '
Dans l’une de ces vallées, la route de la capitale à la Grande
Muraille passe par ce que les Chinois appellent des villes fortes,
qui le furent en effet — très fortes même — et ne le sont plus
devant les volées de boulets des batteries » civilisées »; les
règlements militaires y sont toujours strictement observés en
ce qu’ils ont d’inutile, de puéril, en temps de paix, et dès la
nuit se ferment les quatre portes ouvertes dans de majestueux
remparts de soixante pieds de hauteur.
Entre autres villes cette route rencontre Kiming et Siouan
hoa; elle aboutit à Kalgan.
Kiming est la station principale de poste pour tout le nord
de la Chine. Les vignes des environs produisent un vin blanc
des plus estimés dans toute la Chine, au moins dans la Chine
septentrionale, et qu’on trouve seulement sur la table des plus
riches mandarins.
Siouan hoa, qui aurait 90 000 habitants, d’après Grant, est
à l’entrée (570 mètres) d’une cluse où s’engage la route très
fréquentée de Peking à Kalgan. Elle fut la résidence d’été des
empereurs sous la dynastie mongole, et de cette époque elle a
gardé ses importants remparts crénelés, qui ont quelque ressemblance
avec les murs du Kremlin, ses arcs de triomphe,
ses grands parcs. De même que Tatoung fou, située beaucoup
plus à l’ouest et plus avant dans le coeur des montagnes, à
1 300 mètres, dans une enceinte murée de 8 kilomètres de tour,
elle est très bien placée pour devenir une ville de manufactures,
car les vallées environnantes produisent des vivres en
abondance, et de puissantes couches de charbon pourraient
fournir tout le combustible nécessaire à la mise en oeuvre des
matières premières apportées par les Mongols, laines, cuirs,
poils de chameau ; elle fait un grand commerce de tabac et de
feutres. Cette ville, d’une importance stratégique et commerciale
de premier ordre, ne serait déjà plus chinoise, mais russe,
si l’on en croit les sourdes rumeurs venues de ces régions de
la frontière. Des officiers russes auraient utilisé la période
récente des troubles pour transformer Siouan hoa en une formidable
citadelle, commandant tout le Petchili (Alex. Ular).
Kalgan ou Tchangkia koou (Tchantze koou), à l’une des
portes de la Grande Muraille," ainsi que l’indique son nom
mongol, qui signifie barrière, s’élève à 800 mètres environ
d’altitude, sous un climat froid, dans un site rocheux, triste,
stérile. C’est une cité aux rues nauséabondes, située en terre
chinoise, à 5 kilomètres au sud d’une ville militaire sise en terre
mongole; cerclée de forts et de casernes, elle s’appuie sur la