Les colons peuvent s’établir sur les terres abandonnées
sans longues ou coûteuses formalités à remplir : il leur suffit
de payer un droit nominal d’achat au po u n tjen , c’est-à-dire au
représentant le plus proche des anciennes familles disparues :
deux années après avoir remis la charrue dans le sillon, le sol
leur appartient en toute propriété.
Il va sans dire que la faune sauvage des grands mammifères
a disparu d’ici dès la destruction des forêts qui lui servaient
d’asile, et à mesure que la contrée se transformait en pays de
culture intense; mais les sangliers se sont joyeusement multipliés
pour un temps depuis que les Taïping et les soldats impériaux
ont ravagé la contrée.
Dans les fourrés de roseaux de quelques îlots du Yangtze
l’on rencontre une espèce de chevrotin, l'hydropotes, qui ressemble
étonnamment au porte-musc, mais qui en est séparé
par de vastes territoires, et ne se retrouve en aucune contrée
de la Chine.
Les seuls mammifères domestiques élevés dans la contrée
sont les boeufs, les buffles et les porcs. Les hérons sont respectés,
presque vénérés par la population des campagnes, et
l’on voit fréquemment des républiques de ces oiseaux, surtout
dans les bouquets d’arbres qui entourent les pagodes, pago-
dons et couvents.
Au midi du Yangtze, du 30e au 25° degré de
iv latitude, la végétation des provinces du Hounan
d a n s et du Kiangsi, offre naturellement un caractère
l e plus tropical que celui des territoires septensod
trionaux du bassin, et surtout que celui des pays
d u d’en haut, à la frontière du Tibet.
f l e u v e L’aspect des arbres indique le voisinage de
la zone torride. Même les essences qui ressemblent
à celles du nord de la Chine èt de la Mongolie, saules,
charmes, chênes, châtaigniers, appartiennent à des espèces distinctes.
Sur les hautes pentes, un des plus beaux conifères, le
superbe pin doré (abies Kæmpferi) se distingue par sa taille
des autres arbres verts ; plus bas, un des arbres les plus communs
est un pin de petites dimensions, garni de feuilles extraordinairement
ténues. A la base des collines, les paysans cultivent
le camphrier autour de leurs villages, à côté de l'elæococca
et de l’arbre à vernis ou rhus vernicifera.
Malheureusement les Chinois, ennemis impitoyables des
arbres comme les Arabes nomades, mais pour d’autres causes,
puisqu’ils ne sont pas des pasteurs, ont déboisé la contrée
presque de tout en tout, le mont comme le val, et dans mainte
ville on ne brûle que de la paille, des herbes sèches et des
broussailles coupées à ras de terre sur les collines des alentours.
Bien que les deux tiers au moins de la région du Nan chan
soient des terres incultes, les forêts vierges ont depuis long-'
temps disparu : les bois sont la propriété de l’empereur,
disent les indigènes, et en conséquence ils s’approprient tous
les arbres dont ils ont besoin pour la construction de leurs
maisons ou de leurs barques : il n’en reste plus que des
groupes épars.
Mais, par une heureuse fortune, les arbustes et les plantes
basses revêtent encore les collines d’une admirable végétation.
Dans les îles Tchousan surtout, les fleurs du printemps et de
l’été transforment la contrée en un pays d’enchantement : les
roses, les pivoines, les daphné, les azalées, les camélias, les
glycines recouvrent les fourrés et les haies de leurs fleurs en
bouquets, en nappes ou en guirlandes. Dans aucune autre
région des climats tempérés, si ce n’est au Japon, on ne voit
une pareille variété de plantes aussi remarquables par la beauté
du feuillage, l’éclat des fleurs, la douceur des parfums.
Dans l’ensemble de la production agricole, la contrée
occupe le premier ou l’un des premiers rangs, non seulement
pour le thé et pour le mûrier, mais aussi pour le riz et autres
céréales, pour le sucre, le tabac, le chanvre, les plantes oléagineuses
et les fruits de toute espèce. La patate douce est cultivée
jusque sur les pentes des montagnes.
Des produits nécessaires à la consommation locale, un
seul, le coton, n’est obtenu dans le Nan chan q u en beaucoup
trop faible quantité ; mais le Tchekiang, le Nganhoeï, le Houpé,
suppléent amplement à ses besoins, soit en matières premières,
soit en tissus.