CHA P IT R E ONZ IÈME
LA F AMIL L E CHINOISE
I . LA FAMILLE CHINOISE.M§| II. PIÉTÉ FILIALE ET PIÉTÉ
FUNÉRAIRE. Il III. LES GARÇONS ET LES FILLES; INFANTICIDE, ESCLAVAGE®!
IV. LA FEMME, SON INFÉRIORITÉ LÉGALE ET SOCIALE.
C’EST un fait connu de tous que dans la
société chinoise, le groupe familial est beau-
i coup plus solidement constitué que dans les
l a f a m i l l e contrées de l’Occident.
c h in o is e La nation tout entière, que la légende nous
dit avoir constitué jadis le Ba-Hô ou la synarchie
des « Cent Familles », est considérée comme formant elle-même
une famille, où les devoirs sociaux ne sont en réalité que les
devoirs du fils envers le père. Toute la morale chinoise découle
du respect filial, et le gouvernement de la Chine n’est que
l’extension, l’exaltation de l’autorité paternelle dans la personne
de l’empereur; il représente en quelque sorte un reste paléon-
tologique de l’ancienne conception patriarcale de la société.
Ainsi que l’établit le Hiaoking, ouvrage testamentaire de
Confucius, la piété filiale est le fondement de la société. Les
« cinq règles immuables » sont les rapports du père et des
enfants, du roi et des sujets, du mari et de la femme, des vieillards
et des jeunes gens, de l’ami et de l’ami, entre lesquels il
existe aussi une subordination réciproque. Tout dérive de l’autorité
naturelle du père et de l’obéissance du fils, consolidées
et sanctifiées par les traditions, les lois et les rites.
Confucius a dit aussi, et quand Confucius parle, toute la
Chine écoute ;
« Le mariage est l’union par amour de deux personnes de
familles de nom différent, dans le but de continuer la lignée
des anciens sages, de pourvoir de sacrificateurs le Ciel et la
Terre, le temple des ancêtres, les autels des Génies, des 1 erres
et des Moissons. On doit le respect à sa femme et à son hls,
car la femme.est l’hôtesse des Ancêtres, et le fils est leur descendant.
Servir ses parents, voilà toute la loi. » , , ,
Tel a été le principe de la cohésion, de la force, et de la
durée du Grand et Pur Empire ; c’est bien là ce qui Ta fondé,
ce qui le maintient depuis plusieurs milliers d’années, quand
tant de nations jadis retentissantes ne font plus, comme dit
un de ses poètes, a autant de bruit que fait sur la terre 1 ombre
du feuillage balancé par le vent ». Mais c’est aussi ce
principe qui rend les transformations sociales si difficiles à
réaliser en Chine, malgré les luttes les plus sanglantes.
Les » Cent Familles » primitives — au cas où ce nom-là ne
se traduirait pas réellement par « Familles de Bak » ne sont
guère aujourd’hui plus de quatre cents, dans 1 acception de
gens, en chinois Sin : sur 400 millions d hommes, c e s t une
moyenne d’un million d’individus,par famille ou * souche ».
Il n’y a donc pas plus de 400 noms de famille en Chine.
A son nom de souche, le Chinois ajoute subséquemment,
celui de la génération à laquelle il appartient dans cette famille-
là ; puis vient un nom particulier : d’où trois noms pour la
désignation complète du personnage.
Mais trois noms, , ce n’est pas assez : d après 1 âge, les cir-
constances, la suite des temps, on peut en porter plusieurs
autres.
D’abord, quand, à l’âge de quatre semaines, l’enfant reçoit
le baptême, sous forme de rasement de la tete, on lui donne.un
nom qui n’est, fort souvent, qu’ a un numéro d ordre » et
l’usage en paraît assez général pour les filles. On se rappelle
que le roi de France Louis XV en faisait autant pour
siennes. Nous ajouterons que récemment encore, en France,
quand les familles étaient nombreuses, on y trouvait des
Second, Troisième, Cinquième, Dixième, jusqu à des Douzièm
et des Quinzième, très rares, et cela se comprend. Quand
a môme» chinois entre en classe, vers ses,six ans,.il est affublé
d’un nom fastueux, tel que : a Olive qw.ya mûrir », a Ecrito
élégante », a Pinceau habile », a Mente naissant », a Encre
par le jeune homme se marie ou quand il est initié au
culte des ancêtres, encore un nom.
Et, accidentellement, un autre pour qui devient commerçant
ou pour qui devient mandarin.