les maladies, le typhus, l’émigration : tel canton très peuplé
se trouve presque vide quelques années après.
Il faut compter aussi avec la progression lente, mais
incessante, des sables du Désert : toutefois la dune est un
ennemi dont ont raison l’industrie et la patience de l’homme.
Cette terre jaune si riche par son sol, acçi-
iv dents de la sécheresse à part et les années
s e s impluvieuses non comprises, l’est peut-être
r i c h e s s e s encore plus par les réserves de son sous-sol;
m i n i è r e s car ses monts aux pentes recouvertes par les
masses argileuses du hoang tou spnt parmi les
plus riches du monde en dépôts de charbon fossile.
On y trouve la houille grasse ou l’anthracite dans toutes
les provinces que parcourent des affluents du Fleuve Jaune,
dans le Petchili, le Chañtoung, le Chañsi, le Chensi, le Kan-
sou, le Honan, et quelques-uns des gisements sont placés
au bord des rivières, de la manière la plus favorable pour
que les produits puissent en être expédiés vers les ports
du littoral par le Hoang ho ou par les ramifications du
Grand Canal. Les bassins d’anthracite du Honan comprendraient
d’après Richthofen une superficie de plus de 53 000 kilomètres
carrés, et il y aurait, d’après le même géologue,
1 236 milliards de tonnes de houille dans le Chañsi, en un
bassin de 90 000 kilomètres carrés, « de quoi suffire à la
consommation du Globe pendant deux mille ans ». Et le fer,
le pétrole, le sel et presque tous les métaux abondent. Le
Chañsi constitue probablement le bassin houiller et ferrugineux
le plus riche du monde entier. Le bassin anthracifère de
cette province, sur les premières assises orientales du plateau
présenterait un espace de 36 000 kilomètres carrés, sans une
interruption.
Ainsi donc, pays agricole par excellence, le bassin du
Hoang ho promet de devenir aussi l’une des régions industrielles
par excellence, grâce à ses amas de combustible, auprès
desquels les houillères de la Grande-Bretagne sont un petit
« pilot sans importance ».
Comme climat, ou mieux comme climats, comme produits,
il se rapporte assez bien au Petchili, sauf les différences locales
résultant de l’altitude, de l’exposition, de la nature des terrains,
du plus ou moins grand éloignement de la mer ou rapprochement
de l’Asie centrale.
Comme race d’hommes : des Chinois, sinon tous de race
authentique, au moins de langue; des Mongols dans le pays
des Ordos, et Tibétains aux origines du fleuve.
De toutes les parties du Royaume du Milieu, les provinces
du Hoang ho sont celles dont il serait le plus téméraire de
vouloir indiquer la population probable, puisque ces contrées,
où prit naissance l’insurrection mahométane, ont été plus
ravagées que les autres par la guerre civile, et que les désastres
naturels, inondations et sécheresses, se sont ajoutés aux
crimes des hommes, affamant les malheureux que les massacres
avaient épargnés. On sait toutefois que les travaux de
colonisation ont reconquis une grande partie de la région
dévastée; tous les voyageurs disent que les cités et les villages
se reconstruisent et se repeuplent ; même, grâce à l’introduction
de la pomme de terre, de hautes vallées qui n’avaient
jamais eu d’habitants, reçoivent maintenant des colonies nombreuses.
Si l’accroissement de la population continue comme ci-
devant et présentement, tous les vides seront comblés en
quelques décades, et plus de quatre-vingts millions d’hommes
vivront dans le bassin du Hoang ho, aussi pressés qu’ils
l’étaient au milieu du dernier siècle, avant les guerres civiles
et la rupture des digues de Kaïfoung fou.