CHA P IT R E TROI S IÈME
CL IMAT S , FLORE E T F A U N E
DU B A S S IN DU Y A N G T Z E
I . DANS LE SETCHOÜEN OCCIDENTAL, il I I . DANS L E BASSIN ROUGE. Il I I I . AUX
DEUX RIV E S DU MOYEN E T DU BAS YANGTZE. Il IV . DANS L E SUD DU FLEUVE.
LES montagnes du Setchouen occidental et
du Tibet chinois reçoivent une assez grande
d a n s l e abondance d’humidité sous forme de neiges et
se tc h o u e n de pluies.
occid en tal N’étant pas séparées du golfe du Bengale
par des chaînes d’une altitude supérieure, elles
sont exposées directement au choc des vents pluvieux, et
dans certaines régions, notamment à Litang et à Moupin,
des pluies tomberaient régulièrement, pendant chaque après-
midi de la saison d’été : il faut dire aussi que ces lieux sont
fort élevés, Moupin a son site à plus de 2 000 mètres, Litang
à 3 600 mètres, sinon même, d’après certains voyageurs, au-
dessus de 4 000.
C’est pourquoi dans cet occident du Setchouen, la végétation
développe une vigueur prodigieuse sur tous les bas-fonds
où s’amassent les eaux. La plupart des hautes vallées, même
plusieurs de celles qui sont encore parsemées de villages, s’élèvent
au-dessus de la zone de végétation arborescente, mais les
pentes sont recouvertes, pendant trois mois, de magnifiques
herbages qui disparaissent sous la neige dès qu’arrive le long
hiver.A
u-dessous, les forêts offrent une étonnante variété d’arbres,
dont plusieurs atteignent des dimensions inconnues en
d’autres régions : l’essence dominante des bois est un if haut
comme les plus fiers sapins d’Europe, superbe comme les
chênes qui l’âvoisinent; les rhododendrons deviennent des
arbres ; l’on voit encore à l’altitude de 2 500 mètres, des azalées
magnifiques de 5 à 6 mètres, non moins couvertes de fleurs
que les plus belles plantes exposées par les horticulteurs de
l’Europe.
Sur les escarpements presque verticaux, les fougères, les
arbustes, les arbres même, trouvent pied, de manière à
recouvrir les roches de leurs nappes de feuilles et de fleurs.
A peine sorti d’une cluse de la montagne, le voyageur cherche
en vain la fissure par laquelle il vient de passer, il n’aperçoit
qu’un entrelacement de branches et de lianes fleuries, à tra vers
lesquelles ne se montrent même plus les protubérances
du rocher.
Dans les vallées tributaires du Min, tous les villages sont
perdus dans le fourré des arbres à fruits, noyers, pêchers,
abricotiers; à 1 500 mètres d’altitude se voient déjà les touffes
de bambous. Dans la plaine de Batang, c’est-à-dire à près de
2 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, croissent la vigne
et le, mûrier, et l’on pourrait s’y livrer facilement à la fabrication
d e là soie, si les Tibétains du pays ne considéraient pas
le meurtre du bombyx comme un péché mortel.
Une des raisons de cette beauté de la végétation dans
l’Occident du Setchouen c’est que l’écran des montagnes.
immenses le gare des vents glacés de l’ouest et du nord, et
grâce à Ce paravent, comme aussi à une latitude déjà méri
dionale, la température ne s’y livre pas aux mêmes écarts que
dans le nord de l’Empire : le parallèle médian de la Chine,
c’est le 30e, également éloigné du 40e de Peking et du 20e de
Haïnan, et justement il traverse le Setchouen à peu près par
le milieu. Moyenne sensiblement égale à celle des provinces
du nord (à cause de l’altitude supérieure), mais des froids
moindres compensés par de moindres chaleurs, ainsi se comporte
le climat de ce pays grandiose et beau.
Les animaux sauvages de cette contrée sont les mêmes
que ceux du Tibet, mais ils ont déjà disparu de presque toute
la région colonisée par les Chinois, et c’est à une grande hauteur
au-dessus de la plaine du Setchouen, àplus de 2 000 mètres
d’altitude, dans la principauté miaotze de Moupin, là où les
* enfants de Han » ne grouillent pas encore, que dut s’établir
le missionnaire Armand David pour étudier la riche faune de
cette région.
De même que les plateaux du Bod-youl — ainsi les Tibé-
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