Mais, grâce à sa part du Hoang tou, le domaine agricole le
plus favorise du « Milieu », le Chantoung, èst une province très
riche, malgré ses trois « pestes » : nudité du sol, sécheresse
crues tragiques du Hoang ho. Et aux produits tirés du sol par
une culture « dévotionnée », céréales, légumineuses, plantes
oléagineuses, tinctoriales, médicinales, fibres textiles, riz, soie
coton, opium (encore que le pavot y soit officiellement interdit’
on 1 y cultive sur une aire grandissante), la province ajoute une
richesse minérale telle que probablement le seul Yunnan lui
est supérieur.
Le Chantoung possède des gîtes houillers très étendus,
dont on attend des merveilles ; on y trouve l’or et tous les
métaux nobles, le minerai de fer s’y rencontre en abondance et
ses roches renferment des pierres précieuses; on y recueille
même de petits diamants.
oes richesses, principalement celles du sol,
ont fait à la longue du Chantoung une des
LES régions surpeuplées du Globe. Mais si le fait de
h a b it a n t s la surpopulation de cette province reste hors de
doute, on n’a pas de données [bien exactes sur le
ch an to u ng nombre de ses habitants, pas plus que l’on n ’est
d’accord sur sa superficie. 1
Les évaluations varient, pour l’étendue de la province,
h î'L fL00,0-,61 169000 kilomètres carrés; l’aire probable est
de 145 000 kilomètres carrés, ce qui revient à peu près aux
27 centièmes de la France; sous ce rapport, c’est une des
petites provinces de l’Empire: quatre seulement sont moindres,
qui sont, par ordre décroissant : le Nganhoeï, le Fô’kien, le
Kiangsou, le Tchekiang.
Pour le nombre d’hommes, il en est autrement, et la province
est une des plus habitées de la « Fleur du Milieu », absolument
et relativement. Si l’on accordait toute créance aux
recensements chinois, le Chantoung comptait 18 millions de
» Chantoungois » en 1642, une trentaine de millions en 1812
comme en 1842, et 37 500 000 en 1894 ; soit 258 personnes au
kilomètre carré, contre les 73 de la France, les 103 de l’Alle-
>maS n ’i eS, I S de la Grande-Bretagne, les les 260 de la Saxe. 228 de la Belgique,
Bien que les hommes connaissant la Chine pour l’avoir
parcourue en détail admettent qu’elle est vraiment encombrée
de Chinois malgré ses grands espaces vides, il semble qu’il y
a exagération dans ce nombre de 37 500 000 hommes, presque
autant qu’en France, dans un pays presque quatre fois moindre,
sans grande industrie et où précisément il y a bien des endroits
inoccupés et un massif de montagnes supérieur en étendue à
l’ensemble des plaines.
On a donc proposé de s’en tenir à 25. millions d’habitants,
soit environ 170 individus pour 100 hectares, densité de population
près de deux fois et demie supérieure à celle de la
France, et plus grande que celle de n’importp lequel de ses
départements, sauf la Seine, le Nord et le Rhône.
En s’en tenant à ces 25 millions de résidents, le Chañtoung
serait le second territoire de l’Empire comme population
absolue, après le Houpé (30 millions) et le Setchouen (45500 000),
et le second comme population spécifique, après le Kiangsou
(210 au kilomètre carré).
A maints égards le peuple du Chañtoung diffère, surtout
dans la « corne » péninsulaire et dans la montagne, de celui du
reste de la Chine, notamment des Chinois du sud, et de ceux
du Yangtze kiang. En moyenne élancé, bien fait, plus grand
que ses compatriotes méridionaux et centraux, plus brun, de
traits plus virils, plus accentués, avec des yeux moins bridés,
moins obliques, plus de barbe à la lèvre et au menton, et rien,
sauf la queue tressée, de l’image fade, grassouillette, ridicule,
que l’Européen se fait des « magots » de la Chine.
Donc moins Chinois que le Chinois-type : ce qui peut, ce
qui doit remonter à quelques différences d’ascendance, aux
deux nations des Kiao et des Liaï, antérieures aux « fils de
Han » sur l e sol du Chantoung, d’après les documents à nous
transmis par le Yukong. Le Kiaotcheou des Allemands rap pelle
sans doute ces Kiao; Liaïcheou, ville voisine du golfe du
Petchili, remémore ces Liaï : d’autres noms font de même, pas
seulement des noms de cités, mais aussi des noms de monts et
de rivières; et les habitants montrent en divers lieux, notamment
aux environs de Tchefou, des tombeaux qu’ils prétendent
provenir de ces races d’autrefois (vers 2 500 ans avant 1 ère
chrétienne).
Comme caractère et capacités, on les loue : polis, bienveillants,
pacifiques, point turbulents, très laborieux, fort intelligents,
amis passionnés du travail des champs, excellents éducateurs
des animaux, ne détestant pas l’industrie, et moins
portés que les autres Chinois au grand commerce, à la banque,
à la « transaction » quand même, au culte du taël, ou comme
on dirait ailleurs, du dollar. Ils fournissent en très grand
nombre des recrues à la colonisation de la Mandchourie par
les Chinois : ce en quoi ils rivalisent avec le Petchili.