qu’elle a de plus sévère, de plus rationnel, permet de faire évoluer
des navires de guerre.
Or, les Chinois ne veulent pas de capitaines et d’amiraux
européens à la tête de leurs flottes, pas plus que d’ingénieurs
pour les construire; ils n’ont pas seulement pour "devise :
« Tout pour la Chine! » mais aussi : » Tout par la Chine! » Ils
ne seront donc redoutables sur mer que dans un long temps,
quand ils auront définitivement secoué le joug de leurs classiques
« antédiluviens j .
En 1894, l’état de la flotte de guerre se résumait comme
suit : 98 bâtiments de guerre, torpilleurs compris, 638 officiers,
6425 hommes d’équipage.
Curzon donne d’autres chiffres : 65 vaisseaux, la plupart
construits en Europe, dont 4 cuirassés, 16 croiseurs, 17 canon-
niers, une trentaine de torpilleurs ou un peu plus, et 6 batteries
flottantes : en tout 65 000 tonnes, 490 canons et 7 000 hommes
d’équipage.
Aujourd’hui, ses cuirassés ayant été coulés par les Japonais,
il ne reste guère à la Chine que des transports et des
torpilleurs, divisés officiellement en quatre escadres : l’escadre
du Nord, Pe Yang ; l’escadre du Sud, Nan Yang (à
Changhaï); l’escadre de Foutcheou; l’escadre de Canton; chacune
autonome, aux ordres du vice-roi de la province. Elles
sont même à leur grand dam, tellement indépendantes les unes
des autres que, par exemple, lors de la guerre franco-chinoise
à propos du Tonkin, en 1884, l’amiral Courbet put « crever »
l’escadre de Foutcheou dans les eaux de l’île de Formose, sans
qu’aucune autre intervînt, ni celle de Changhaï, tout à fait
voisine, ni celle de Canton, ni celle du Petchili, la plus puissante;
et après la destruction de l’escadre de Foutcheou, celle
de Changhaï n’osa pas affronter les vaisseaux de l’amiral français;
la règle fut alors : « Chacun pour soi ! »
L’école navale de Tientsin, qui a été fondée en 1890, garde les
élèves aspirants pendant quatre ans, et les officiers pendant sept.
Des arsenaux maritimes qui se sont élevés avant la guerre
sino-japonaise, deux ont cessé d’être chinois : Port-Arthur,
devenu russe, après avoir appartenu par droit de conquête aux
Japonais, et Weï haï weï, devenu anglais, de japonais que
l’avait fait une guerre heureuse ; les trois restés chinois sont
Changhaï, Foutcheou et Canton.
Les quatre contre-torpilleurs, que les alliés ont pris en 1900
devant les forts de Takou, et que l’on dit être des oeuvres de
construction parfaite, ont été distribués entre les quatre nations,
France, Russie, Allemagne, Angleterre.
L’Empire avait commencé à fortifier plus ou moins sérieusement
ses côtes, notamment à l’embouchure du Peï ho, voisine
de la capitale, sur le bas Yangtze kiang et à Canton; la guerre
japonaise et la guerre de 1900 ont tout remis en question.
L Empire du « Milieu » ne fait pas « suer »
vin ses contribuables autant que tel pays d’Europe :
LE bu d g et , taxé à 400 millions d’habitants et comparé, par
LA. d e t t e exemple, à la France, il devrait » s’honorer > d’un
budget de 36 milliards en recettes, avec dépenses
notablement supérieures aux revenus.
Il est très difficile d’évaluer le budget annuel de la Chine
parce que les statistiques n’en sont pas recueillies par un
bureau central et qu’il existe en réalité trois budgets distincts
le budget ordinaire qui est celui de l’État, le budget extraordinaire
qui est celui de l’Empereur, et le budget des douanes que
Ion peut considérer déjà comme étant celui des étrangers.
D après M. de Pouvourville, l’ensemble de ces trois budgets
s élèverait à dix-sept cents millions de francs environ, soit à
4 francs par tête.
Les deux principaux aliments de ce revenu sont l ’impôt de
capitation et l’impôt sur les propriétés.
L’impôt de capitation se prélève d’après les recensements
quinquennaux à tant par adulte mâle et à tant par enfant mâle :
c est la ce qui explique pourquoi les mandarins éprouvent tant
de difficulté à produire des recensements exacts, les familles
cherchant naturellement à ne pas se laisser inscrire. Ce serait
là une raison pour croire que les statistiques de la population
sont en général au-dessous de la réalité.
L impôt sur la propriété s’établit sur les données des
registres cadastraux indiquant la nature des terres et les
genres de cultures. On recueille aussi des impôts en nature
bois de construction et de chauffage, foin, racines potagères’
riz, millet, froment, lm, soie, coton et sel. Le contrôle de la
répartition et de la levée est fait par le corps des égalisateurs
territoriaux. Chaque fois que les dépenses publiques excédaient
la somme des recettes, c’est par la voie de souscriptions
volontaires que le gouvernement devait arriver à les couvrir;
mais on sait que l’invasion des Européens a changé tout
cela : c’est maintenant par la voie des emprunts oue l’on
procède. ^
H Le budget des dépenses se règle sur celui des recettes.
Officiellement, il ne serait que d’environ 330 millions de francs,