Hankoou reçoit par ses deux rivières les cotons du Houpé
et du Hounan, les soies, les peaux, les graines oléagineuses, la
cire végétale, l’opium et les plantes médicinales récoltées dans
les montagnes du Setchouen.
Cest surtout le grand marché de la Chine pour le thé. On
peut dire que la colonie étrangère dépendait presque uniquement,
il y a quelques années,- des oscillations commerciales
de cette denrée. L’arrivée des premières feuilles de thé met
tout le monde en mouvement : la foule se presse dans les fabriques
et les comptoirs, les bateaux à vapeur viennent s’amarrer
le long de la levée; jo u r et nuit, les rues et les places du
quartier européen sont encombrées de gens affairés. Cette
activité dure trois mois, précisément pendant la saison la plus
chaude, la plus fatigante de l’année.
Il y a quelques années, l’excitation devenait une fièvre à la
fin de mai, quand les bateaux en partance pour Londres étaient
a la veille de compléter leur chargement, car la lutte de vitesse
entre les navires procurait au vainqueur, non seulement la
vanité du triomphe, mais aussi un prix de fret double des prix
ordinaires.
Mais Tempora mutantur '.Le commerce d’exportation se
trouve maintenant surtout au pouvoir des maisons allemandes,
qui sont également les plus actives pour l’importation des
machines. Le commerce du thé se fait de plus en plus avec
la Russie, de moins en moins avee l’Angleterre, tellement
qu en 1896 il n’est parti de Hankoou pour Londres qu’un seul
navire à thé. Dès que les caisses à thé ont été expédiées, par
mer ou par terre, le silence se fait dans nombre de comptoirs,
et il ne reste dans le quartier européen qu’un nombre bien
moindre d’employés et de commis; les négociants chinois,
dont les étrangers ne sont d’ailleurs que les commissionnaires,
expédient presque seuls les tabacs, les peaux et autres marchandises
du pays; ils exportent même de l’opium indigène,
que l’on mélange avec l’opium de l’Inde pour le vendre aux
consommateurs du Royaume Central.
Les Russes, qui achètent les • meilleures sortes de thé et
les plus mauvaises, ont établi à Hankoou le centre de leurs
opérations pour l’achat et la « fabrication » des thés en briques,
utilisés uniquement en Sibérie. Le commerce, par terre entré
Hankoou et la Sibérie, par Singan et le territoire mongol, n’a
commencé qu en 1879 : les thés russes étaient transportés à
Changhaï, d’où on les expédiait par mer à Tientsin, où les
prenaient les caravanes de Kalgan et de Kiakhta. Mais les
troubles ont barré cette route en 1900 et même tout un convoi
fut perdu ; par cette voie l’exportation totale de l’année, soit
d’environ 4 millions de kilogrammes, fut sept fois inférieure à
celle de l’année précédente. C’est par la voie de Vladivostok
que presque tous les thés à destination de la Sibérie ont été
expédiés et l’on croit que cette nouvelle route restera la voie
F i g . 10. f l H a n k o o u e t l e c o u r s d u Y a n g t z e , d e C h a z i a K iu k i a n g .
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définitive jusqu’à la construction des chemins de fer qui rattacheront
directement la Chine centrale à la Russie d’Europe.
C’est à Hankoou que doit aboutir la route du haut Irtich
au Yangtze par le Kansou g des négociations ont eu lieu déjà
entre les deux gouvernements pour l’ouverture de cette chaussee
carrossable que remplacera tôt ou tard le tronc du chemin de
fer trans-asiatique direct. De grands travaux d a r t seront