Les seuls chemins de la région du Si kiang en dehors du
delta étant les rivières et les portages d’entre biefs navigables,
les villes du Kouangsi se sont toutes élevées au bord des
cours d’eau, surtout dans les endroits où des confluents, des
rapides, des arrêts de navigation nécessitaient l’établissement
d e dépôts de marchandises.
La capitale de la province, Koeïling, aurait à peine
100 000 âmes — ce qui est bien peu pour une métropole chinoise.
Elle s’est bâtie à l’issue d’une brèche des montagnes, au
bord de cette écluse du canal qui met en communication le
fleuve Bleu et le fleuve Occidental par la rivière du Siang et
celle de Koeïling : mais cette dernière est tellement obstruée
d e rapides, qu’elle est à peine navigable, si ce n’est à la saison
des crues.
Autrement importante, commercialement p a rla n t, que
Koeïling, Woutcheou ou Ngtcheou occupe la rive gauche du
Si kiang, qui vient d’absorber la rivière de Koeïlin, dite Kou
kiang. Depuis qu’elle est devenue un port à traité, en 1896,
elle reçoit et renvoie une grande quantité de jonques. Elle
compte, « à vue de nez », de 80 000 à 90 000 habitants, au lieu
des 200 000 qu’on lui supposait naguère. L’expédition anglo-
française aux ordres de Mac Cloverty et d’Aboville remonta
jusque-là le fleuve en 1859.
Lieoutcheou fou, sur la vraie branche mère du Si kiang,
expédie beaucoup de bois que sa rivière lui amène du sud-est
du Koeïtcheou. On pense qu’elle a 60 000 âmes.
Nanning fou, sur le Yu kiang, compte de 50 000 à 60 000 habitants.
Voisine de la chinoise Pakhoï, avec laquelle elle fait un
trafic d’environ 16 millions de francs, de l’indo-chino-française
Hanoï et récemment ouverte au commerce international, elle
ne tardera pas à se relier à cette dernière par une voie ferrée
d e haute importance commerciale.
CH A P IT R E QUAT R IÈME
I L E D E H A I N A N
/"l ETTE grande île, dépendance administrative de la province
de Kouangtoung, appartient sans aucun doute à la même
période de l’histoire terrestre que le continent.
Elle continue, pour ainsi dire, et mène à bien l’effort que
fait près d’elle, au nord, la presqu’île de Lieoutcheou pour se
détacher du grand bloc chinois.
Entre cette péninsule, quelque peu francisée par la mainmise
sur la baie de Kouantcheou ouan, et cette île de Haïnan
à laquelle prétend aussi la France, le passage réunissant la
mer de Chine au golfe du Tonkin est une « manche » étroite et
sans profondeur, faible érosion superficielle. De rive à rive,
le détroit ou « canal des Jonques » a de 16 à 32 kilomètres seulement,
et sa plus grande profondeur, à l’entrée occidentale, est
de 24 mètres; vers le milieu de la passe, la sonde ne trouve
que 11 mètres lors du reflux. Des brisants continuent au loin
la plage de Haïnan au nord-est et en accroîtraient notablement
la surface si un faible exhaussement du sol faisait émerger
les rivages. Un courant, dont la vitesse moyenne varie de 4 à
7 kilomètres par heure, se meut par le détroit, entre l’île et la
grande terre : il s’accroît avec le flux, qui se dirige dans le
même sens que lui, et il diminue avec le reflux, qui marche en
sens inverse.
Par sa forme générale et par sa direction de la principale
arête montagneuse, l’île qui est au « sud de la mer » — car tel
est le sens du nom de Haïnan — témoigne aussi de sa communauté
d’origine avec la masse continentale voisine. Son
grand axe est dans le sens du sud-ouest au nord-est, et p a r