la Chine, on a surestimé sa dépopulation : si une ville évaluée
à 100 000 habitants n’en avait plus que 50 000 après la guerre
des Taïping la perte est de 50 000; mais si cette même cité
n’avait que 70 000 habitants ou 60000 seulement, la a saignée »
n’est plus que de 20 000, de 10 000.
L’unité de l’Empire fut rétablie, mais la rès-
iv tauration de l’ancien ordre de choses n ’est
e n t r é e qu’apparente. Les diverses sociétés qui se
EN sc è n e cachent dans les profondeurs de la nation, la
d e l 'e ü r o p e ligue du » Nénuphar », celle du « Thé pur »,
l’alliance des « Trois Précieux », le a Ciel, la Terré
et l’Homme », et tan t d’autres associations aux noms nouveaux,
dont Tune a été fondée par le missionnaire luthérien Gutzlaff’
et qui ont pour but le renouvellement politique et social de la
Chine, l’ensemble des houi n’a pas cessé de, se remuer, de
travailler dans l’ombre.
L’équilibre actuel de l’Empire est tout ce qu’il y a de plus
instable. L’appareil antique des lois, des formules, des pratiques
officielles est en désaccord croissant avec les exigences
d’une société rajeunie; la contrée entre en relations de plus
en plus fréquentes avec les étrangers, dont les idées, même
repoussées avec haine, exercent une influence profonde et précipitent
la ruine d’institutions en décadence.
Les petites colonies d’Européens établies sur le littoral et
sur les bords du Yangtze semblent peu de chose, et, comparées
aux multitudes des « enfants de Han », elles ne forment qu’un
nombre bien faible d’individus; mais une nouvelle période de
la vie nationale chinoise n’en commence pas moins avec elles.
Leur propagande de tous les jours agit autour d’elles, en cercles
concentriques de plus en plus élargis; et surtout chacune
d’elles se réclame des grandes puissances navales et militaires
dont dépendent les habitants des « concessions », suivant leurs
diverses nationalités.
Désormais l’Orient et l'Occident sont unis par les grands
mouvements de l’histoire; au point de vue géographique, la
Chine se rattache aussi de plus en plus au monde déjà bien
connu de l’Europe et de l’Asie méridionale. Des voyageurs
européens ont parcouru le Royaume Central dans tous les
sens; chaque année, de nouveaux itinéraires s’ajoutent aux
précédents et les mailles du réseau se resserrent. Il ne reste
plus qu’à procéder avec méthode à l’exploration détaillée du
pays.
L I V R E D E U X I È M E
LA CHINE DU NORD :
LE HOANG HO
CH A P IT R E P R EMIE R
R A S S IN DU P E l HO :
LE P E T C H I L I , P EKING
I . RAISONS DE LA PRÉÉMINENCE DU PETCHILI. II II. RIVAGES, MONTS, FLEUVES
DU P E T C H IL lB III- LE PEÏ HO. = i f îV . PEKING. Il V. LES ENVIRONS DE PEKING. Il
VI. LE CLIMAT DE PEKING, lli VII. TIENTSIN. Il VIII. AUTRES VILLES DU PETCHILI.
EN trois monosyllabes, Petchili signifie la
« Dépendance immédiate du Nord » : telle est
r a i s o n s 1’ » incommensurable » brièveté du chinois. En
d e l a retranchant du trisyllabe la syllabe initiale, Pé,
p r é ém in e n c e ce qui se fait communément, il reste Tchili,
d u p e t c h i l i c’est-à-dire la a Dépendance immédiate, la Possession
directe ».
C’est la plus septentrionale des dix-huit provinces de la
Chine propre, et elle a le privilège de posséder la capitale de
l’Empire, à mille kilomètres environ du centre du a Milieu »,
qui se trouve dans le pays intermédiaire entre le fleuve dit
justement le Jaune et le fleuve dont le nom de Bleu est particulièrement
injuste.
Comment se fait-il que le chef-lieu de la Chine soit là et