retenues par des écluses, qui s’opposent aussi à l’entrée du
flot lors des hautes marées. La plupart des villes du littoral
sont traversées de si nombreux canaux, qu’on les a désignées
sous le nom de « Venise », de « Bruges », d’ « Amsterdam »
chinoises.
Le bassin du Tsientang, appelé aussi la « rivière Verte »,
que gardent à son issue orientale les deux cités de Hangtcheou
et de Chaohing, était au milieu du siècle une des contrées les
plus riches et les plus populeuses de la Chine, mais en aucune
partie du « Milieu » la dévastation des Tai'ping ne fut si complète,
et c’est justement là que Hichthofen, essayant d’obtenir
des renseignements sur la dépopulation des villes du pays,
estima qu’un trentième des habitants seulement avait échappé
aux massacres, aux épidémies et à la famine. Mais la région de
la rivière Verte se remplit de nouveau, et de nouveau elle
exporte ses soies, ses thés, les fruits excellents de Kiutcheou,
et les jambons de Kinhoa, qui sont très appréciés des eourmets’
de la Chine.
Lanki ou Lantchi (Nantchi), quoique simple hien, est le
centre commercial de ce bassin d’une surface d’environ
40 000 kilomètres carrés. Dans le voisinage de cette jolie ville,
• d’aspect presque britannique », les dernières troupes enrôlées
pour la défense des Ming furent battues p a r les Mandchoux, et
la dynastie des Tsing, qui règne encore, fut désormais maîtresse
de la c Fleur du Milieu ». Lanki passait pour avoir
200 000 habitants en 1850 : il lui en reste beaucoup moins
aujourd’hui, toujours du fait des Taïping.
Les vingt-neuf chefs-lieux, tcheou et hien qui se trouvent
dans le bassin du Tsientang sont tous accessibles par des
barques dans la saison des crues ; mais les gros navires ne
peuvent pas remonter jusqu’à la cité de Hangtcheou par la
rivière Tsientang : ils s’arrêtent à Tchapou. La plupart des
grandes jonques, ornées de deux larges yeux au devant de la
proue, et peintes en blanc comme aux temps du voyageur
Oderic de Pordenone, ne dépassent pas l’entrée de la baie.
Le grand port de la contrée, à 150 ou 160 kilomètres au
sud de Changhaï, Ningp'o, s’ouvre, à l’extrémité de la péninsule
bordant au midi la baie de Tchekiang, sur le Yung, qui se perd
dans la rade abritée par l’archipel des Tchousan, devant le
large où le Hoanghaï, la mer Jaune, se confond avec la mer de
Chine orientale.
Au confluent de deux cours d’eau navigables, à la jonction
de canaux qui la relient aux villes du Tchekiang et du Kiangsi,
Ningp'o, la cité des « Vagues Pacifiques », est la gardienne des
riches campagnes qui s’étendent à l’ouest jusqu’au grand
Fleuve.
Tous les avantages s’y trouvent réunis, bon ancrage,
Fig. 13. — N in g p ’o et l e s I l e s T ch o o sa n .
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abondance d’approvisionnements, facilités de défense; nulle
position n’est plus importante au point de vue stratégique dans
cette région de la Chine.
Aussi le district de Ningp'o est-il fameux dans les fastes
militaires de la Chine. En li30, les Tartares furent mis en