à 2 425 de Changhaï, elle est devenue l’entrepôt de toutes les
denrées du Setchouen et le lieu de distribution des marchandises
importées de l’est. Centre de commerce, principalement
pour les soies, les tabacs, les huiles végétales, le riz, le sel, la
houille, le musc, Tchoung tcheng est plus affairée que la capitale
même du pays des « Quatre Fleuves » ; c’est le Changhaï
de la Chine occidentale : comme les cités d’Europe, ce marché
du Setchouen a une bourse où se discutent les cours des
diverses denrées, comptoir bruyant qui a été ouvert au commerce
universel en 1890.
Elle possède des établissements d’industrie, parmi lesquels
des usines où s’affine l’argent et qui font passer chaque jour
dans leurs creusets une centaine de mille francs en lingots.
Mais elle est bien inférieure à Tchingtou fou pour la propreté
des rues et la beauté des édifices. Ville de trafic, elle ne se
distingue que par l’animation de ses rues, de ses ruelles, et
par l’encombrement des jonques et des barques ancrées devant
ses berges; ce sont des immigrés qui se sont emparés de son
commerce, des négociants des provinces du Chansi, du Chensi,
du Kiangsi.
Sa grandeur est relativement récente : elle n’avait, dit-on,
que 36 000 habitants au commencement du xvne siècle.
Au nord-ouest de Tchoung tcheng, Hotcheou est fort commerçante,
grâce à sa situation dans la riche plaine où s’unissent
les trois courants qui constituent définitivement le Siao ho ou
« Petite Rivière », autre nom de Kialing kiang. G’est le cours
d ’eau qui descend des monts Tsingling vers le Yangtze moyen
et dont la vallée deviendra certainement la grande voie commerciale
de Setchouen, vers le Kansou, la Mongolie et l’Europe.
Les montagnes du voisinage renferment des gisements
de terre grasse qui servent, dit-on, à l’alimentation en temps
de disette (?) : on la pétrit en petits pains que l’on fait cuire
sur des charbons et qui s’expédient sur tous les marchés
environnants.
En dehors de son énorme extumescence
iv tibétaine, le » Setchouen est une mer de collines ;
d a n s le Koeïtcheou une mer de montagnes ».
l e Koeïtcheou, ce nom veut dire : « Terre insuk
o e i t c h e o u laire distinguée » ou, en termes à peu près, équivalents
: « Bon pays entouré d’eau », ce qui n’est
guère le cas qu’au nord, où il confine quelque peu au Yangtze,
et au sud, où il a pour limite une des rivières qui forment le
Si kiang; partout ailleurs il s'arrête à des monts, ou a des
lignes imaginaires, mais pas à des eaux, tout au moins a de
grandes eaux. ■ ' ■ . . IIHIHH
Certains disent que le nom de Koeïtcheou lui aurait été
donné d’après une liane sauvage, peut-être celle qui donne la
cannelle de Chine. Cela concorde peu avec la traduction ci-
dessus : « Terré insulaire distinguée la langue chinoise et
son écriture idéographique prêtent à de nombreuses confusions
: c’est le royaume touffu des énigmes.
Il a pour bornes : au nord le Setchouen, à 1 ouest le
Yunnan, au sud le Kouangsi, à l’est le Hounan. On lui suppose
174000 kilomètres carrés, moins que, la moyenne des provinces
du Grand et Pur Empire, qui revient à peu près à 220 000 kilomètres
carrés. Des dix-huit circonscriptions de la Chine cinq
seulement sont plus petites. . -, 1 1
Là-dessus, près de huit millions d habitants, d après certaines
estimations, moins de cinq d’après d’autres, soit de 28 à
46 personnes au kilomètre carré : densité de population fort
au-dessous de la moyenne chinoise. , , .
Pourtant le pays est naturellement riche, d un sol calcaire
généreux, sous un climat doux, quoique brusque, inégal, point
salubre dans les bas-fonds. Il possède une race de chevaux
renommés qui ne s’épouvantent ni du sentier ni du précipice.
Quant aux capacités minières, cuivre, or, argent, étain, plom ,
mercure, houille, elles sont incalculables; on admet qu avec
son voisin le Yunnan le Koeïtcheou n’a peut-être pas de rivaux
en Chine pour le nombre et pour la variété de ses gisements
6t gM S Î e s révoltes des indigènes, révoltes rarement apaisées,
la guerre des Taïping, ont grandement nui au Koeïtcheou,
qui est certainement beaucoup moins peuplé q u il y a cin-
^ Pour résumer en quelques mots, le Koeïtcheou, dans son
remous de montagnes, d’allures originales qu’on a s“ r“om-
mées du surnom banal de « Suisse chinoise », le Koeïtcheou
est la province la moins peuplée de l’Empire, avec son
le Kouangsi; c’est peut-être la plus pauvre pour 1 instant, avec
toutes possibilités d’un avenir d’opulence; c e s t la moins chinoise,
ou l’une des moins chinoises, à cause du grand nombre
de tribus non encore assimilées, et aussi parce que ses Chino
sont, paraît-il, plus traversés d’éléments étrangers que,n importe
quels autres « fils de Han ». — Soit Lolo, soit Miao, soit
Ykia ou Tchongkia, tribus apparentées aux Siamois et Laotiens,
on évalue ces hétérogènes à plus de la moitié des habi