déclaré port franc pour les caboteurs, passa de hameau à village,
de village à ville. Port à traité depuis 1876, les premiers
Européens y apparurent en 1879. Présentement son commerce
atteint une valeur de 15 à 17 millions par an, dont un tiers
seulement pour l’exportation. Il se peut que ce port gagne
grandement en ampleur de trafic lorsque une route ou un
chemin de fer le reliera à la région moyenne du bassin d’une
des trois branches constituantes du Si kiang, au Yu kiang,
qui est seulement à 120 kilomètres outre-mont à vol d’oiseau
dans la direction du nord, tandis que de cette partie de la
vallée les marchandises ont plus de 700 kilomètres à parcourir
jusqu’à la mer par une voie navigable, très peu commode, et
par cela même extrêmement lente.
Une pagode du voisinage est devenue célèbre dans toute
la Chine, grâce à un platane qui croît sous la voûte, au centre
du monument, et projette par les fenêtres de l’édifice des
branches touffues, où nichent des milliers d’oiseaux, emplissant
de leurs chants le sanctuaire. Les abords de Pakhoï sont
rendus périlleux par des bancs de sable, et les navires doivent
mouiller au large à plus d’un kilomètre de la côte, abrités à
marée basse par le banc d’Along, mais exposés à toute la force
de la houle pendant les heures du flot, qui s’élève de 4 mètres
en moyenne. Les tempêtes du nord bouleversent quelquefois
les eaux de la rade, mais le centre des typhons passe toujours
au sud du promontoire de Kouan-taou. Au delà de cette pointe
le golfe qui sépare la péninsule de Liétcheou et celle de Pakhoï
est obstrué en maints endroits d’estacades de pêcheurs, non
seulement aux abords des rivages, mais aussi dans l’eau profonde,
où quelques rangées de pieux sont enfoncées par
20 mètres d’eau.
Au sud de Pakhoï, à une cinquantaine de kilomètres en
mer, ou plutôt en golfe — golfe du Tonkin, — s’élève l’île de
Weïtcheou, cratère ébréché dressant ses parois noirâtres au-
dessus des flots bleus. Le cirque des murs éboulés, qui n’a
pas moins de 2 kilomètres et demi entre les deux promontoires
extrêmes, se développe en un demi-cercle presque régulier
tourné vers le vent du sud. Au nord, la pente du talus, revêtue
de riches cultures et parsemée de nombreux villages, s’incline
doucement vers la mer, rayée çà et là de ravins que les pluies
ont creusés dans le sable volcanique, en isolant les gros blocs
lancés jadis par le cratère. Au milieu de ce siècle, l’île n’était
habitée que par des pirates ; elle est occupée maintenant par
une population pacifique d’environ 4 000 personnes : la plupart
sont des émigrés de la péninsule de Liétcheou, les autres sont
des Hakka chrétiens venus de Canton, qui s’occupent en
même temps d’agriculture et de pêche, surtout de celle des calmars
; près de douze cents barques sont employées à la capture
de ces céphalopodes.
Les commerçants anglais auxquels ne suffisaient
pas les marchés à eux ouverts sur le
ni littoral s’emparèrent, il y a quelque soixante ans,
Hongkong d ’une île bonne à surveiller les embouchures du
Si kiang.
Hongkong — ou Hiongkong, nom cantonais
de Hiang kiang, l’île des « Eaux Parfumées » — appartient
aux Anglais depuis 1841, et grâce à eux elle est devenue en peu
d’années un des lieux les plus fréquentés de l’Orient, et même
du monde entier.
Cette île maintenant si célèbre, dont les roches de granit,
de schiste, de basalte, occupent une surface d’environ 79 kilomètres
carrés, est un petit monde à part, ayant ses montagnes
et ses vallées, ses forêts, ses cours d’eau, ses plages, ses criques
rocheuses, ses ports, ses petits archipels d’îlots et d’écueils.
Au goulet occidental, le détroit qui sépare Hongkong du continent
n’a que 2 500 mètres de large.
A une douzaine de kilomètres à l’ouest, la montueuse
Lantao, plus grande qu’Hongkong, dérobe au flot de mer
environ 1 500 kilomètres carrés.
Quand l’île changea de maîtres, il s’y trouvait environ
2 000 habitants, pêcheurs et agriculteurs. Maintenant une
grande cité, Victoria, la Kouantaïlou des Chinois ou * route
des Ceintures de jupon », s’élève sur la rive septentrionale de
l’île, au bord de la rade formée par le détroit; des villages
populeux ont surgi à l’issue de toutes les vallées ; des maisons
de campagne et des édifices somptueux occupent tous les
promontoires, au milieu de la verdure épaisse des pins, des
figuiers banians, des bambous, et Hongkong entretient aujourd’hui,
non certes de son sol, mais par son commerce, plus de
260 000 habitants, dont environ 12 000 blancs, contre 221 500 en
1891 et 115 000 en 1866.
Sur les 221 500 résidents de 1891, il y avait 8 545 blancs ou
censés tels, près de 2 000 individus venus de l’Inde, et plus de
210 000 Chinois; parmi les blancs, les Portugais et métis lusitaniens
faisaient environ la moitié, les Anglais le tiers, Yankees
non compris; le reste fait de ces Américains, d’Alle-
mands, de Français, d’italiens, d’Espagnols et autres en tout
petit nombre.