la population, à la richesse latente de l’Empire, elle se double
d un seul coup ou à peu près en ce moment-ci, par l ’indemnité,
plus ou moins usuraire, consentie par le « Milieu > aux puissances
civilisées. »
Au début de la guerre de la Chine contre la Multiple
Alliance elle se montait à i 500 millions de francs répartis de
la façon suivante, par emprunts successifs :
Emprunt de 1887 (allemand) . .
FRANCS.
6 250 000
40 875 000
75 000 000
25 000 000
25 000 000
400 000 000
67 000 000
57 500 000
— 1894 (a n g la is)...............
— février 1895 (anglais). . . . .
— juillet 1895 (anglais) . . . . . .
— — (allemand)...............
— H M P I g a 1 (franco-russe). H . ;. . . .
— 1896 (anglo-allemand) . * .
— 1898 (anglo-allemand) . . . . . .
(franco-belge), pour les chemins de
f e r ............................................. . #
(anglo-allemand), pour les chemins
de f e r ............... ... .
T o t a l .......................... 1 496 625 000
--------------------- !---- !------------
Les deux derniers emprunts, 134 500 000 francs, voués à la
construction de voies ferrées au profit de l’État, doivent, en
bonne justice, être soustraits de ces 1 496 625 000 francs : c’est
en somme une avance de fonds.
Restent donc 1362125 000 francs, payables en annuités dont
la plus reculée a pour date future l’an 1943.
C’est une charge bien légère : quelque chose comme
3 francs 40 centimes par Chinois, tandis que la dette « nationale
» de chaque Français dépasse 800 francs ! Il est vrai que
le « Royaume Fleuri » double en ce moment-ci son fardeau : le
traité de paix de 1901 l’ayant condamné à une indemnité de
450 millions de taels envers les puissances coalisées : soit pour
les 450 millions de taels infligés aux Chinois, environ 1 600 millions
de francs, à peu près une année des recettes annuelles
du gouvernement, de l’Empereur et des douanes. Il est vrai
que la Chine a quarante années pour se libérer avec 4 pour 100
d’intérêt par annuité.
On peut donc dire que les « puissances civilisées », usant
du summum ju s , renouvellent envers la Chine la summa injuria
des cinq milliards exigés de la France par la Prusse.
La part de la France dans l’indemnité est de 265 millions,
dont une forte proportion pour les missions catholiques.
Voilà donc la Chine pourvue d’une dette d’environ trois
milliards.
ne serait rien pour un pareil pays, ou plutôt au regard
du développement de richesse et de force promis à un pays
justement réputé « sans pareil ». Mais ce n’est là qu’un commencement.
La Chine n’empruntait pas autrefois, et si elle
emprunte maintenant, c’est que les banquiers des deux mondes,
sûrs de trouver un placement bien hypothéqué, se sont fait
appuyer par les Puissances pour faire accepter leur argent.
Ils en feront accepter bien d’autre encore ; leur dernier bienfait
a été de faire « jouir » la Chine d’une loterie impériale.
Le « Fils du Ciel », on le sait, étend son pou-
« voir sur un territoire beaucoup plus étendu que
d i v i s io n s le Royaume Central : ses troupes sont cantonnées
ADMiNis- sur les bords de l’Amour, dans la vallée de l’Ili,
t r a t i v e s au pied des Pamir, jusqu’à l’entrée des gorges
; 1 Himalaya. Notons que les récents événements
tont des cantonnements chinois le long de l’Amour, en
Mandehourie, une garnison plus que précaire, sinon même déjà
« décampee ».
En outre, une ancienne fiction permet au maître du 1 Grand
Empire » de revendiquer comme pays vassaux tous ceux qui
ti° i en re^a*'*ons ¿ ’ambassades et de présents annuels.
11 sutht qu un gouvernement étranger accepte l’envoi du calendrier
chinois pour qu’il soit considéré comme tributaire : c’est
ainsi que le Népal, le Bhoutan, la Cochinchine, sont tenus pour
des vassaux du Fils du Ciel.
Il est vrai qu’à plusieurs époques les Chinois ont pu intervenir
dans les affaires intérieures de ces différentes contrées.
endant le xix" siècle, tous les rois d’Annam, « regardant, comme
le tournesol vers la figure du Soleil, leur seigneur », ont
demandé 1 investiture au gouvernement chinois, et lui ont
envoyé le tribut. En 1880, une ambassade officielle est encore
venue le porter à Peking, et lors.des affaires du Tonkin le
I soungli yamen a réclamé contre l’intervention de la France en
Annam. De même la Corée n’a cessé de faire acte de vasselage
depuis deux siècles et demi. Mais ces pays ne sont que très
peu ou pas du tout chinois, sauf la Mandehourie, région hautement
agricole, qui se chinoisait de jour en jour, quand la
torce des choses l’a poussée dans le giron de la « sainte Russie ».