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 disent  également Limin,  mot  énigmatique  traduit  d’ordinaire  
 par «  Race aux cheveux noirs  »,  sans compter d’autres dénominations  
 encore. 
 L’absence  d’un  terme  national  précis,  employé  d’une  
 manière universelle et constante pour  désigner la  Chine  et  ses  
 peuples,  provient de ce  que chacun  des  noms  devenus  usuels  
 à différentes  époques  a gardé  sa  signification première et peut  
 être  ainsi  remplacé par des  synonymes  :  aucun  ne  s’est  encore  
 transformé  par  l’usage  en  une  appellation  géographique pure  
 et simple. 
 Il  en  est  de  même  pour  les  noms  de  montagnes,  de  
 fleuves,  de provinces, de lieux habités :  ce ne sont que  des  épi-  
 thètes descriptives,  historiques, militaires,  administratives ou  
 poétiques,  changeant avec chaque  régime et toutes remplacées  
 au besoin par d’autres épithètes  qui  ne  sont pas d’une application  
 plus  rigoureuse. 
 Nul  fleuve,  nulle  chaîne  de  monts  du  Grand  Empire  ne  
 gardent  la  même  dénomination  sur  tout leur  parcours;  nulle  
 ville  ne  maintient son  nom  primitif  de  dynastie en  dynastie  :  
 il faut en poursuivre les changements  à travers les siècles dans  
 les  chroniques,  les  dictionnaires  et  les  quinze  mille  autres  
 ouvrages  géographiques  de  la  Chine,  travail  prodigieux  et  
 souvent  fastidieux  qui  explique  la  vie  de  labeur  des  Abel  
 Rémusat et  des Stanislas Julien. 
 Les limites naturelles du Royaume du Milieu  
 il  ou  de la  Chine  proprement  dite  sont  assez préé 
 t e n d ü e   cises. A l’ouest,  les hautes  terres  qui prolongent 
 d e   le  plateau  du  Tibet  et  que  les  fleuves  séparent 
 l a   c h in e   en  chaînes  divergentes,  forment  une  frontière 
 visible entre les Chinois  et les  Si fan,  les Lolo et  
 autres populations réputées  sauvages. Au  nord, la Muraille des  
 Dix mille li —  ce qui veut dire  à peu  près  les  5 000 kilomètres  
 *4 marque,  sur la plus  grande partie de  son parcours,  la ligne  
 de séparation  entre  le  désert  ou  la  steppe  et  les  territoires de  
 culture.  A l’est et au  sud-est,  l’océan Pacifique  baigne  la côte,  
 qui  s’arrondit en un  demi-cercle  d’environ  3 500  kilomètres  de  
 développement.  Au  sud,  des  chaînes  de  montagnes,  des  te rrasses  
 de  plateaux,  et  surtout  des  marécages,  des  gorges  
 fluviales  d’accès  difficile  séparent  la  Chine  de  la  péninsule  
 Transgangétique.  Cependant  cette  frontière  est  en  maints  
 endroits  purement  conventionnelle,  et  de  part  et  d’autre  la 
 nature,  les habitants,  les  civilisations  se  ressemblent  :  ce  côté  
 de la Chine est de beaucoup  celui  par lequel  la  transition géographique  
 avec  les  autres  contrées  de  pourtour  se  fait  de  la  
 manière la plus  graduelle. 
 Tous  pays  réellement  ou  nominalement  tributaires  compris, 
  l’Empire  chinois  s’étend sur  un  peu  plus  de  11  millions  
 de  kilomètres  carrés,  quelque  chose  comme  le  douzième  de  
 toutes  les  terres  émergées, un quart de plus que l’Europe  et de  
 vingt  à vingt  et une  fois  la  France.  Comparativement  à l’Asie,  
 c’est assez  exactement le quart de  cette  partie  du monde.  Sur  
 tout  le  globe  il  n’y  a  de  plus  vastes  que  l’empire  anglais  et  
 l’empire  russe.  Viennent  ensuite les  États-Unis  augmentés de  
 l’Alaska  et  des  colonies  récentes,  Cuba  et  Puerto  Rico,  les  
 Sandwich, Guam,  une  part  des  Samoa et les Philippines ;  puis  
 l’empire français, toutes  colonies comprises et même le Sahara,  
 et en  sixième  lieu  le  Brésil. 
 Mais,  à  vrai  dire,  le  lien  qui  rattache  les  contrées  tributaires  
 à  la  Chine  réelle  est  de  plus  en  plus  lâche  et  ténu,  et  
 l’on  peut croire qu’il ne  tardera pas  à se dénouer de lui-mème  
 ou  se rompre, au profit presque exclusif de  la Russie, héritière  
 présomptive de la Mandchourie  et de  «  l’immensité »  des hauts  
 plateaux de l’Asie. 
 Ne  considérant  donc  que  la  Chine  proprement  dite,  «  les  
 Dix-huit  provinces  »,  le  Grand  et  Pur  empire  se  réduit  à  
 quelque  peu moins de 4 millions  de  kilomètres  carrés,  l’île de  
 Formose  non  comprise,  que  le  traité  de  Simonoseki a dévolu  
 en 1895  aux  Japonais victorieux. 
 Les savants,  les géographes, les  calculateurs  »  planimétri-  
 ques  »  ne  sont  aucunement  d’accord.  Strelbitsky  conclut  à  
 3 953 597  kilomètres  carrés;  Trognitz  en  a  trouvé  3 989 350;  
 Wagner  donne  comme  résultat  de  ses  calculs  3970100  kilomètres  
 carrés,  soit  environ le trente-quatrième  du  monde,  le  
 onzième  de l’Asie, à peu près les deux cinquièmes de  l’Europe,  
 et  sept à huit fois l’étendue de la France. 
 Dans  son  ensemble,  le  royaume  du  Milieu,  
 sans ses possessions extérieures, occupe à l’orient  
 ni  de  l’Asie  un  espace  à  peu  près  circulaire  dont 
 nom b r e   une moitié de circonférence est tracée sur la terre 
 d'h a b it a n t s   ferme,  et  dont  l’autre  moitié  est  le  rivage  de  
 l’Océan. 
 Ainsi  circonscrit,  et  merveilleusement  favorisé  de  la