C H A P IT R E D E U X IÈ M E
D O N N É E S G É N É R A L E S
1. NOM DO PAYS ET DES HABITANTS II H. ÉTENDUE. II I I I . NOMBRE
D’HABITANTS.¡¡1 IV. DENSITÉ DE POPULATION.
LES Chinois n’emploient pas et n’ont jamais
employé le nom que les Occidentaux donnent
n om d u p a y s à la Chine, et la dynastie des Tsin, à laquelle
e t d e s l’appellation hindoue de Tchina a été proba-
h a b i t a n t s blement empruntée, a cessé, depuis plus de
quatorze siècles et demi, de régner sur les
plaines du Hoang ho et du Yangtze kiang comme dans les
vallées des Tsing ling et des Nan ling.
Les Chinois ont en effet ou avaient l’habitude de nommer
leur patrie d’après la famille régnante, comme si la France,
par exemple, s’était successivement appelée la Mérovingie, la
Carolingie, la Capétie, la Bourbonie et, il y a trente ou quarante
ans, la Napoléonie.
Cette dynastie des Tsin avait d’ailleurs quelques droits à
donner son nom au pays, car c’est elle qui en réalisa l’unité un
quart de millénaire environ avant notre ère, à peu près quand
Home et Carthage entrèrent en lutte. La Chine était divisée
auparavant en un certain nombre de principautés et royaumes
féodaux : l’un d’eux finit par prévaloir, comme chez nous
l’Ile-de-France sur Normandie, Bourgogne, Aquitaine et Languedoc.
Ce royaume conquérant et centralisateur fut justement
celui que gouvernait la famille des Tsin, sur le moyen Hoang
ho, là où s’étend aujourd’hui le Kansou; il empiéta d’abord sur
ce qui est aujourd’hui le Chensi, et peu à peu il devint la Chine.
Pas plus que le nom de Chine, les Chinois ne connaissent
l’épithète de * Céleste » que nous attribuons bénévolement à
leur empire : les mots de Tien hia ou « Sous le ciel », dont se
sont servis leurs poètes, s’appliquent au monde « sublunaire >
en général, aussi bien qu’à la Chine en particulier.
Dans la langue courante, les Chinois appellent leur patrie
Tchoung kouo', c’est-à-dire le « Royaume du Milieu > ou
« l’Empire Central », dénomination qui provient peut-être de la
prépondérance que prirent peu à peu les plaines centrales sur
les États environnants, sinon de l’ère, contemporaine du siège
de Troie, où la dynastie des Tchéou avait le siège de sa puissance
dans le Honan, pays en effet central dont la masse est
au midi du Fleuve Jaune. Mais peut-être aussi ce nom vient-il
de cette idée, commune à tous les peuples du monde, que leur
pays est vraiment le milieu des terres habitables. Les Chinois
ne se bornent pas, comme les nations de l’Occident, à compter
les quatre points cardinaux de l’horizon : ils y ajoutent un
cinquième, le milieu, et ce milieu, c’est la Chine.
D’après Albert de Pouvourville, l’origine de cette expression
est la plus simple du monde. Le domaine impérial dans son
sens restreint, le bien personnel de l’empereur et maître,
l’apanage territorial de sa famille était naturellement considéré
comme le milieu de l’Empire; et en effet, « les cartes schématiques
dressées par l’empereur Yu, de la dynastie des Hia, p a rtagent
la Chine suivant des circonférences concentriques autour
du domaine impérial » cercle central. De ce « milieu de l’Empire
» on a fort naturellement passé à 1’ * Empire du Milieu ».
Depuis la conquête mandchoue, l’appellation officielle
du royaume Central est Tatsing kouo', le « Grand et Pur
Empire », ou peut-être Ta Tsing kouo', le « Grand Empire des
Tsing ou des Purs ». Le peuple chinois désigne également sa
patrie par le nom de Se haï ou « les Quatre mers », synonyme
d’Univers; il emploie aussi, parmi tan t d’autres, l’expression
de Noui ti ou » la Terre Intérieure » et celle de Chipa chang
ou 1 les Dix-huit provinces ». Un terme de prédilection est Hoa
kouo', — « l’Empire Fleuri » ou « la Terre des Fleurs »,
synonyme poétique de « Pays de la culture et de la politesse».
On nomme aussi quelquefois périphrastiquement la Chine :
l’élégant empire de la dynastie du grand Ching.
Quant aux Chinois ils s’appellent eux-mêmes Hanjin ou gens,
hommes de Han, et Hantze ou fils de Han — expression qui
signifie aussi * brave homme » dans la langue de l’Empire, abondante
et surabondante en sons de sens différent. Dans les provinces
du sud ils se reconnaissent aussi très souvent sous le
nom de Tsangjin ou hommes de Tsang (comme aussi « le
terme de Tsangchân ou Monts de Tsang désigne toute la