d habitants, il « grouillera ». On peut lui pronostiquer hardiment
un grand croît, puis un surcroît de population : comme
richesse en houille, surtout dans son centre et son midi c’est
on le prétend, le premier pays du monde, et les autres minéraux
y sont en surabondance : c’est une Belgique, un Lan-
cashire, une Pennsylvanie de l’avenir. Plus qu’aucune autre province
de l’Empire des Fleurs, il est « guigné » par l’industrie
européenne.
Taïyuan fou, ainsi se nomme la capitale de ce Chansi que
les Chinois colonisèrent à partir du xn» siècle de l’ère ancienne
par conséquent avant le siège de Troie, au détriment de ses
premiers occupants, les Barbares Ti.
On lui accorde 250 000 habitants au maximum et on lui en
reconnaît 50 000 au minimum : ainsi varient les estimations en
Chine.
,E1,Ie a son site à peu près au centre de la province, à
400 kilomètres ou un peu plus, à vol d’oiseau, vers le sud-ouest
de Peking, au sud-est d’une chaîne de collines, l’iin des gradins
que forment les plateaux étagés du Chansi, dans un cirque
dont le fond contenait un lac dès longtemps disparu. Sa rivière
affluent de gauche du fleuve Jaune, est le Fen ho ou Fouen ho,
par la vallée duquel débuta probablement la colonisation chinoise
de la contrée.
Taïyuan est moins vaste que la plupart des autres capitales
de province; le rectangle de son enceinte n’a que 13 kilomètres
et renferme des espaces inhabités ; comme Peking, elle a
son quartier tartare, séparé de la ville chinoise par une haute
muraille, et 1 on a pris soin d’en disposer les quartiers de la
même manière que ceux de la résidence impériale ; le parc du
gouverneur a des nappes d’eau, des pagodes, « une montagne
de charbon » imitées de celles de la « Ville Jaune ». Autrefois
Taïyuan a eu un grand renom pour la fabrication des armes,
industrie qui a beaucoup diminué d’importance, quoique le
gouvernement y possède un arsenal et une fonderie de canons.
Les alentours de Taïyuan sont fort bien cultivés, et quelques
unes de ses campagnes passeraient ailleurs pour des ja rdins
, c est même là que les agriculteurs obtiennent le meilleur
raisin de la Chine et ils savent en faire de bon vin, en suivant
la méthode enseignée par les premiers missionnaires catholiques
.O
n va de Taïyuan à Peking par deux routes : la route directe
remonte à l’est vers une ville commerçante de 20 000 âmes,
Pingting, entourée de fonderies et de houillères d’excellent
anthracite; puis elle passe par quatre cols ou « portes célestes »
pour redescendre à Tchingting dans la plaine du Petchili;
celle qui écorne la Mongolie s’élève par la vallée du Poutou ho,
contourne l’extrémité occidentale de l’Outaï chan et traverse la
Grande Muraille intérieure au col de Yemen kouan : on y voit
passer jusqu’à 2 000 bêtes de somme en un seul jour.
Dans l'extrême nord du Chansi, déjà dans la Mongolie,
Tatoung fou, l’un des avant-postes occidentaux de Peking sur
le chemin de l’Asie centrale, se trouve entre les deux remparts
qui constituent ici la Grande Muraille, à 50 kilomètres
au nord de la muraille intérieure, à 30 de la muraille extérieure.
A 1 300 mètres d’altitude, cette place de guerre s’enferme
dans une double enceinte de 8 kilomètres en un pays
froid, terres alcalines à demi stériles.
Dans le pays de Taïyuan, Hieoukao, qu’on taxe à 20 000 ou
25 000 habitants, Tehi hien auquel on en donne 30 000, font un
commerce actif, l’un au sud, l’autre au sud-ouest de cette
capitale. . .
Au sud-sud-ouest, Pingyao hien, qui aurait 60 000 résidants,
trafique, à quelque distance, avec les gens de la province
de Honan. . , .
Taïkou hien et Tchanglan tchin sont deux cités fort riches
où résident plusieurs des banquiers de l’Empire, en relations
d’affaires avec San Francisco; Londres, Marseille ; les bronzes
et les vases que les antiquaires trouvent dans ces villes du
Chansi sont parmi les produits les plus précieux de l’a rt chinois.
Le sol maigre des plateaux ne suffit pas ici à nourrir la
population : l’industrie et les profits de l’émigration périodique
doivent subvenir aux ressources ; naturelles du pays.
Chaque ville, chaque village a son travail spécial, celui des
étoffes, des fers ou du papier; on s’occupe aussi très activement
de l’exploitation des mines de houille pour la consommation
locale.
Avant l’insurrection des Taïping, plusieurs villes s’élevaient
dans le bassin qui s’étend au sud de celui de Taïyuan fou et
que parcourt également le Fouen ho, après avoir traversé par
une cluse profonde la chaîne du Ho chan, montagne remarquable
en ce qu’elle sépare les deux grands bassins houillers
du Chansi : le bassin oriental, qui s’étend aussi dans le Petchili,
et auquel Richthofen attribue 34 820 kilomètres carrés dans
les limites de la province, et une capacité de 630 milliards de
tonnes d’anthracite; et le bassin occidental, qui se prolonge
dans le Chensi, le Kansou, et qui, toujours d’après Richthofen,