dhistes visitent les fameux monastères de Pouto (Poutou)
consacrés à Kouanyin, la Déesse de la Miséricorde, la patronné
des matelots.
Le nom même de Pouto est dérivé, dit-on, du nom de
Potala, le temple sacré de Lassa ; le premier sanctuaire, bâti
dans l’île au commencement du x» siècle, fut construit
au-dessus d’une grotte où l’eau de la mer s’engouffre en mugissant,
et s’échappe en embrun comme une fumée blanche. Les
cent monastères de l’île, habités par deux mille prêtres environ,
servent en été d’hôtels aux visiteurs étrangers qui viennent
prendre les bains de mer. Les plantes et les animaux de l’île
sont religieusement respectés; en outre, les détroits qui serpentent
entre les îles Tchousan sont d’une extrême richesse en
poissons et comprennent plusieurs centaines d’espèces. Dans
toutes les mers de la Chine, l’île de Pouto est celle où les naturalistes
peuvent faire les recherches les plus fructueuses. La
grande industrie insulaire est la pêche. Descendants de pirates,
les habitants de Tchousan ont conservé un esprit très indépendant;
récemment encore, en 1878, ils ont pu repousser les soldats
chinois et s’affranchir de la gabelle.
La plupart des écrivains politiques anglais regrettent que
l’Angleterre n’ait pas conservé cet archipel dont elle s’était
emparée en 1841, pendant la « guerre de l’opium *. Elle aurait
pu, disent-ils, y installer un « Gibraltar » de plus, dans une
admirable situation stratégique; car les îles de Tchousan et
la presqu’île de Ning'po marquent la fin de la mer Jaune, on y
dit adieu au Yangtze kiang, à ses embouchures anciennes ou
modernes, et en continuant à longer le littoral du Tchekiang,
on quitte la Chine centrale pour la Chine méridionale. Si Ton
peut, si Ton doit ranger le Koeïtcheou, le Hounan, le Kiangsi
parmi les provinces centrales, malgré leur latitude, parce
quelles se déroulent au nord du Nan chan et aboutissent au
fleuve Bleu, le versant oriental de ce même Nan chan relève
bien de la Chine du sud par sa nature, son climat, ses aspects,
tant dans le Tchekiang méridional que dans le Fo'kien. Encore
plus, au midi des monts, les deux provinces du Sikiang, le
Kouangtoung, le Kouangsi sont-elles franchement méridionales;
quant au plateau du Yunnan, il s’incline surtout vers
les fleuves indo-chinois.
L I V R E Q U A T R I È M E
LA CHINE MÉRIDIONALE
CHA P IT R E P R EMIE R
L 'O R IE N T DU N A N CHAN
I . MONTS, FL EUVE S , L I T T O R A L ^ I I . LE FO’K IEN : ORIGINALITÉ DE SON
PEU PL e H I I I . VILLES ET L IEU X REMARQUABLES. [I IV . FOUTCHEOU, AMOÏ.
CETTE partie de la Chine est une des mieux
limitées : l’arête principale du système des
monts siniques sépare nettement le Tchekiang
méridional du versant dont les eaux s’épanchent
dans le Yangtze kiang et dans le Tsientang de
Hangtcheou.
i
MONTS,
FLEUVES,
LITTORAL
^orientation des rangées du Nan chan, qui se profilent
toutes dans la direction du sud-ouest au nord-est, indiquait
d’avance le tracé de la voie historique des migrations et du
commerce entre le delta du fleuve Bleu et la rivière de Canton :
c’est par l’intérieur des terres, à l’ouest du Fo'kien et du faîte
de partage, que devait passer ce chemin des peuples.
Et de fait, de Hangtcheou fou à Canton, cette voie historique
remonte le cours navigable du Tsientang jusqu’à un
passage d’où Ton pénètre dans le Kiangsi pour se diriger vers
le sud, vers Canton, par la route du Meï ling ou par des brèches
voisines.
Au levant de cette voie commerciale, jadis très fréquentée