n’a pas moins de 55 000 kilomètres carrés, dans le seul territoire
du Chansi. Quant au bassin septentrional, dans la Mongolie
de Tatoung ho, son aire serait de 3 300 kilomètres carrés
seulement.
Ce qui ajoute encore à la valeur inestimable de ces gîtes
de charbon bitumineux, c’est qu’ils avoisinent d’immenses
réservoirs de pétrole, des mines inépuisables d’un fer «c de
premier ordre ».
Ces villes en aval des défilés du Ho chafi n’étaient plus,
après la « grande rébellion », que des amas de ruines occupées
par des garnisons; elles se rebâtissent peu à peu, grâce au
commerce considérable qui se porte du Honan vers le Chansi
septentrional. Le col de Hansin ling, étroite brèche ouverte
dans la « terre jaune », est parfois aussi animé qu’une rue de
grande ville : les ânes, les mulets, les chameaux, portant blés,
farines, tabac, sel, thé, papier, cotonnades, se suivent en une
longue caravane, dont le chargement total représente celui de
plusieurs convois de chemins de fer.
Pingyang fou est située sur le Fouen ho, dans une plaine
sablonneuse moins fertile que le bassin de Taïyuan; ce fut
naguère une des villes les plus considérables du Chansi, mais
les Taïping l’ont dévastée; un de ses faubourgs, quoique
entouré de murs comme la cité, n’avait plus une seule maison
qui ne fût démolie. Pourtant il n ’est point de villes chinoises
qui soient mieux fortifiées que Pingyang, fortifiées à l’ancienne
mode, s’entend, et jadis capables de longue et victorieuse résistance,
mais à la merci maintenant de la moindre canonnade :
en effet, elle est entourée d’une triple enceinte et de chemins
couverts qui permettraient à la garnison de prendre l’ennemi à
revers s’il venait à dépasser la première porte; il est probable
que, saisis de panique, les habitants de la ville ne songèrent
pas à se défendre; ils comptaient peut-être aussi sur la vertu
magique de leurs murailles, dont les contours, approuvés du
feng choui, reproduisent la forme d’une tortue.
Pingyang est l’une des villes saintes de l’Empire et l ’une
des plus anciennes du monde; à moins de 3 kilomètres au sud
se trouve l’emplacement de ce qui fut la capitale de la Chine,
telle qu’elle était alors aux temps de Yao, il y a plus de quarante
deux siècles. Près de là s’élève un temple, naguère somptueux,
consacré à la mémoire des trois saints empereurs Yao,
Chun et Yu. D’après la légende, Yao serait enseveli dans une
grotte des montagnes qui s’élèvent à l’est de la plaine de Pingyang
: là s’ouvre une grotte d’où s’échappent des vapeurs
méphitiques, et c’est au fond de cette caverne inaccessible,
dans les eaux d’un lac, que se trouverait le cercueil d’or et
d’argent du célèbre empereur, suspendu aux parois du rocher
par des chaînes de fer. , .
De tout le grand passé, ce qui reste à cette antique résidence
d’empereurs, c’est la population d’une petite ville de
province : 15 000 habitants.
Plusieurs des villes importantes du Chansi, Poutcheou fou,
Kiaïtcheou, qu’on dit peuplée, Yuentching, riche de 70000 individus,
se sont élevées dans un pays de nature steppeuse, aride,
un demi-désert, vers l’angle sud-oriental de la province, dans
la partie que limite le coude du fleuve Jaune. C’est la région
d’où l’on extrait le sel qui approvisionne le Chansi et la plus
grande partie du Chensi, du Honan, du Kansou.
Le principal marais salant, connu sous le nom de Loust-
woun, s’étend sur la rive septentrionale d’un lac de 30 kilomètres
de longueur, que dominent au sud les hauts escarpements
du Foungtiao chan. Ce marais est dans le monde
un des gisements qui fournissent la plus grande quantité de
sel, et celui que l’homme exploita régulièrement pendant la
plus longue série de siècles : à l’époque de Yao déjà, il y a plus
de quatre mille ans, on en retirait du sel en abondance, et
sans doute, depuis ces temps antiques, on n’a rien changé au
mode primitif d’exploitation. L’eau du petit lac qui occupe le
fond de la dépression marécageuse étant presque douce, on ne
l’utilise point; c’est dans le marais seulement que l’on travaille
à cristalliser le sel.
Là les terrains sont faits d’une argile dure, remplie^ de
cristaux de gypse : on y creuse de grands trous en forme d’entonnoir,
au fond desquels s’amasse l’eau salée, que l’on élève
ensuite au moyen de seaux et que l’on verse sur des aires unies
où elle s’évapore en laissant une couche saline.
L’ensemble de la dépression appartient à l’empereur, qui
l’a fait entourer d’une haute muraille pour la perception de la
gabelle et qui la loue à des associations de fermiers au nombre
d’environ cent cinquante ; celles-ci possèdent chacune dans le
marais une zone de 180 mètres de longueur. La quantité de sel
qu’elles retirent varie suivant la saturation du terrain; mais,
en moyenne, on peut évaluer la production annuelle du bassin
à la forte quantité de 154 000 tonnes.
Yuentching ou la « Cité des Sources » est le centre principal
de l’expédition du sel ; un des plus beaux temples de la
Chine y élève ses dômes au-dessus de la ville.
Des sondages révéleront un jour, dans la profondeur, des
bancs épais de sel gemme, car des sources salines jaillissent en
beaucoup d’autres endroits du Chensi méridional et du Honan.