
 
		Les  crêtes  qui  séparent le  Kincha  kiang  du  
 m   Yaloung,  e t  celui-ci  du Min,  présentent  encore,  
 m o n t s   bien au  sud  des  plateaux  du  Koukou  nor  et  du  
 du  Bayan  Khara,  des  sommets  qui  dépassent  la  
 se tc h o u e n   limite  inférieure  des neiges persistantes, évaluée  
 o c cid ental   par  Gill  dans  ces  régions  de  la  frontière  tibétaine, 
   à  l’altitude de  4 200  à 4 500 mètres. 
 C’est ainsi  que le Nenda ou « Montagne  sacrée » qui s’élève  
 à l’est de la haute vallée du  Pechoui kiang,  sous  la  latitude de  
 Batang,  soit à peu près  sous  le même parallèle  que  le  passage  
 du fleuve du Tibet en Chine, n’aurait pas moins de 6 250 mètres ;  
 en  tout  cas,  il  épanche  dans  les  cirques  environnants  des  
 coulées  de  neige  et  de  glaciers.  Les  voyageurs  qui  passent  
 à  sa  base  méridionale  en  contournent  pendant  toute  une  
 pénible  journée  de  marche  les  contreforts  éblouissants  de  
 blancheur. 
 . A l’orient  du Nenda  pointent  d’autres  montagnes  à  peine  
 moins  hautes  et  qui  font  probablement  partie  d’un  même  
 massif : ce  sont les pics  de Souroung,  dont la  rangée  se profile  
 du  nord-ouest au sud-est,  limitant  une  moitié  de  l’horizon  de  
 sa dentelure d’argent. 
 Plus  à  l’est  encore,  par  delà  la  profonde  rainure  utilisée  
 par le Yaloung, une autre chaîne, parallèle à celle du Souroung,  
 et revêtue de neiges persistantes sur toutes les  cimes, porte  un  
 sommet  isolé  dépassant  de  d 500  mètres  ses  voisins  :  on  lui  
 donne le nom de Jara ou  «  Roi des Montagnes », et parmi  tous  
 les monts  que put  contempler Gill  dans  son  voyage  à  travers  
 les Alpes  du  Setchouen, nul ne lui  sembla mériter mieux  cette  
 appellation souveraine. 
 Au nord les montagnes que domine ce * roi », ce Jara, vont  
 rejoindre  la  puissante  sierra  continuant  le  Bayan  Khara jusqu’aux  
 Tsing ling;  là  aussi de nombreux  sommets  l’emportent  
 en  élévation  sur  le  Mont-Blanc,  et  le  missionnaire  et  naturaliste  
 Armand  David  a  pii  dire  qu’on y trouvera  peut-être des  
 rivaux de l’Himalaya. 
 Un  de  ces  pics  est  le  Ngomi  chan  ou  Omi  chan;  il  n’a  
 que 3 350 mètres, mais on le connaît de nom par toute la Chine  
 pour ses nombreux  temples,  oratoires,  couvents bouddhistes  :  
 c’est  une  sorte  de  Mont-Athos,  fort  distant  de  la  mer,  qui  
 domine de près de 2900 mètres  les plaines de sa base;  il y a  là  
 plus de 2000  * moines  et moinillons  »  et  des  centaines  de milliers  
 de pèlerins y viennent  chaque  année  révérer  la  fameuse  
 dent  de  Bouddha,  «  qui  n ’est  autre  chose  qu’une  défense  
 d’éléphant fossile ». 
 Un autre  pic se nomme Sieloung chan  ou  le  « Dragon des 
 neiges  »;  une montagne  voisine  est celle du  «  Nuage  Blanc  »,  
 tandis qu’en face, de l’autre  côté  du principal  torrent qui forme  
 le Min,  se  dresse  la  pyramide  aux  sept  pointes  qui  a  reçu  le  
 nom  des  «  Sept  Clous  »;  Gill  lui  attribue  une  élévation  de  
 5400  à 6 0Û0 mètres^ Plus au nord, le Chi’panfang ou la « Maison  
 de la Dalle de Pierre  »  aurait à  peu près  la même hauteur  :  un  
 simple col latéral,  par lequel on  remonte d’un affluent  du  Min  
 vers un autre affluent, a plus  de 4 000 mètres, et là  se dresse un  
 Sie chan ou  « Mont de neige  ». 
 Tout  cela,  c’est  le Setchouen  occidental, 
 m   la  région  hivernale,  glaciale,  stérile,  presque 
 l e   déserte. 
 b a s s in   Bien  moins  alpestre  ou  himalayenne  la 
 roug e  région  orientale  de  ce  même Setchouen,  dont 
 certaines  plaines  et  vallées  sont  parmi  les  plus  
 peuplées de là Terre. 
 A l’est du Min  et de ses  affluents, c’est-à-dire des  « Quatre  
 Fleuves  », — qui  sont  le Min  kiang, le To  kiang,  le  He  choui  
 (Eaux Noires),  le Peï  choui  (Eaux  Blanches), —  se  succèdent,  
 toutes  orientées  dans  le  sens  du  sud-ouest  au  nord-est,  les  
 arêtes de grès  rouges et de roches  carbonifères dont les débris  
 triturés et répartis  sur lé  sol  ont valu  à  la  contrée  le  nom  de  
 « Bassin Rouge » donné par Richthofen. Ces arêtes se rattachent  
 au  seuil  de  montagnes  qui  sépare  les  affluents  du  Min  de  la  
 vallée du Han kiang,  et dont la hauteur, au sud de Hantchoung  
 fou  et de l’autre  «  Bassin Rouge »  qui  l’entoure,  est  évaluée à  
 3 000 mètres par Armand David. La  chaîne de partage entre les  
 deux vallées, connue  sous le nom de Lan  chan,  s’abaisse peu à  
 peu vers  l’est, à mesure qu’elle se rapproche du Yangtze kiang,  
 et va  mourir dans  la région  des  lacs  où  se mêlent les  eaux  de  
 crue du Han  et du Yangtze. 
 En  dehors  de  ces  monts,  la  région  du  Bassin  Rouge  se  
 présente sous la forme d’un plateau plus ou moins mouvementé  
 de 1000 à  1 200 mètres d’élévation  dont les roches  décomposées  
 ont  doté  de  terres  extrêmement  fécondes  les  vallées creusées  
 par leur  ravinement. 
 Ce  pays  d’une  si  belle  fertilité,  dont  la  plus  opulente  
 plaine,  celle  de Tchingtou, n’entretient  pas  moins  de  565  personnes  
 au kilomètre  carré  (î), est également un pays  très pittoresque  
 où  les  torrents  et  rivières  coulent  parfois  dans  des  
 canons  de  400  à  600  mètres  de  profondeur  :  en  somme,  une  
 des belles  contrées  du monde.