les barques : des jonques portant un chargement de 25 à
30 tonnes ancrent par milliers devant la ville. La cité murée
borde la rive gauche sur une longueur de 5 kilomètres, mais
ce n’est pas là qu’est le siège du commerce : la vie s’est portée
dans les vastes faubourgs qui rayonnent dans tous les sens, le
long de la berge et des routes.
Le grand privilège de Siangt’an est d’occuper à peu près
le milieu du Hounan oriental, de beaucoup la partie la plus
riche de la province, et d’être par sa rivière le lieu d’arrèt et
l’entrepôt nécessaire des voyageurs et des marchandises qui
vont et viennent entre les provinces centrales et méridionales,
par les trois passages Koeï ling, Tche ling et Meï ling. Le vaste
triangle formé par les trois cités de Tchoung tcheng, Hankoou,
Canton, a Siangt’an pour centre.
La routine commerciale a fait aussi de cette ville l’entrepôt
des médecines et des drogues de toute espèce pour la Chine
entière. C’est là un élément de trafic très considérable dans un
pays où les remèdes, racines, pilules ou tisanes, sont plus en
honneur que chez tout autre peuple : sur les routes des alentours,
on rencontre des caravanes composées uniquement de
coulis et de bètes de somme portant des caisses de drogues
médicinales.
De même que dans les autres villes de l’Empire, presque
tous les riches négociants et les banquiers sont des immigrants
du Chansi, les « juifs * du Royaume Central : partout, sur le
penchant des collines, on aperçoit leurs gracieuses maisons de
campagne bien ombragées et entourées de terrains que font
valoir des fermiers.
La révolution commerciale qui s’est accomplie depuis
l’ouverture des ports aux négociants étrangers et l’arrivée des
bateaux à vapeur sur le fleuve Bleu auraient eu pour conséquence
inévitable de diminuer l’importance relative de Siangt
’an, laissée en dehors des grands chemins du trafic, si justement
la plus grande voie commerciale de l’Empire, celle de
Peking à Canton par Hankoou, n’avait pas choisi son tracé par
la vallée du Siang.
Et pour tout dire, Siangt’an ne peut pas ne pas prendre
dans l’avenir une grande valeur industrielle grâce aux gisements
houillers du Hounan, qui ne sont pas inférieurs en
puissance à ceux de la région du Hoang ho. Sans doute les
charbons bitumineux de la région voisine de Siangt’an sont peu
appréciés, mais les anthracites de Louiyang, dans le bassin du
Loui, l’un des affluents supérieurs du Siang, sont parmi les
meilleurs qu’on connaisse : ils sont d’ailleurs exploités fort
activement, et des milliers de bateaux sont employés au transnort
du charbon de Louiyang à Siangtan et au Yangtze. Même
Hankoou et Nanking reçoivent de ce charbon pour les bateaux
à vapeur du fleuve. Richthofen évalue à 150 000 tonnes au
moins la quantité d’anthracite extraite annuellement des giseme
Le Yuen ou Yuan, l’autre maître affluent du Toungting,
dans la direction du sud-ouest, est plus long que le Siang, et
arrive à près de 1 000 kilomètres, avec 500 ou 600 mètres de
largeur dans le bas de sa course. .
En remontant ce « kiang », parti du Koeitcheou oriental,
on reconnaît au premier aspect qu’il n’a pas la valeur commer
ciale du Siang, q u ’il est moins aisément praticable et beaucoup
moins fréquenté. La plupart des embarcations ne dépassent
pas à la montée Tchatcheou fou, le principal marché du Hounan
occidental; et ceux qui demandent un fort tirant d eau ne
vont pas au delà de Tchangta fou, ville accessible en tout
temps aux lourdes embarcations, peu éloignée du lac, à 60 kilomètres
en aval des premiers rapides de la rivière.
Dans ce Tchangta ou Tchang-to, ville « somptueuse »,
s’entreposent les marchandises pour une partie du Koeitcheou
et pour le pays des Miaotze. Tchangta a été à peine effleurée
par l’insurrection des Taïping : « ainsi s’explique dit Fr. Lar-
nier, le luxe surprenant des ponts, des quais et des routes ».
Les deux grandes villes de la province, Tchangtcha et biang-
t an, ont été assiégées par ces bandits pendant quatre-vingts
jours, mais elles ont résisté victorieusement.
Par sa situation à la droite du Yangtze, son
vm déroulement vers le midi jusqu’au faîte des
d a n s Nan ling, son climat demi-méridional, son lac
l e Poyang, si pareil au Toungting, le Kiangsi, c est-
k ia n g s i à-dire le « Pays à l’ouest de la rivière », ressemble
absolument au Hounan; seulement son lac ne
reçoit qu’un seul grand cours d’eau, contre les deux qui trouvent
leur repos dans le Toungting : ce cours d eau se nomme
le Kia kiang ou Tchang. HH , ..
Ce territoire confronte : du nord au Houpé et au Nganho î,
de Test au Tchekiang et au Fo’kien, du sud au Kouangtoung,
limites entre lesquelles on lui accorde 180 000 kilomètres carrés
le tiers de là France, avec 24 600 000 habitants, contre 26 500 000
6u 1842 ‘
Encore que fortement hypothétiques (et c’est le cas pour
la population de toutes les provinces) ces nombres indiquent