bien envoyer en Chine, quand les ouvriers chinois auront fait
un pas de plus dans cette voie.
Télégraphes, téléphones, postes, se développeront naturellement
en même temps que les chemins de fer. Pour les télégraphes,
le gouvernement chinois ne s’est pas montré si rebelle
que pour les voies ferrées. Depuis longtemps, ce qui veut dire
ici dès avant 1880, les ports à traité ont été reliés doublement
à l’Europe, par la voie de Singapour, qui contourne le continent
au sud, et par celle de Vladivostok, qui le traverse au nord;
longtemps aussi (1884) l’on a réuni Peking à Changhaï (distance
de 1500 kilomètres) par deux fils, et le réseau s’est agrandi
peu à peu.
Quant aux anciens télégraphes « aériens » ou tuenta ils
sont désormais abandonnés : c’étaient tout simplement des
foyers pyramidaux placés sur de larges socles de pierre et
contenant des amas de bouse de vache auxquels on mettait le
feu, pour avertir les gardiens des tours correspondantes. Avec
de pareils « sémaphores » les combinaisons de signaux n ’étaient
pas nombreuses ; elles ne pouvaient guère avoir d’autre valeur
que de mettre le gouvernement sur ses gardes en lui signalant
l’existence de troubles dans les provinces éloignées.
Si l’ancien télégraphe était plus que rudimentaire, le nouveau
ne se prête guère à la transmission, étant donné le caractère
de la langue chinoise, son indigence, ses calembours forcés,
ses tons qui changent si souvent le sens des monosyllabes. Il a
fallu trouver un biais : on a rangé sous un numéro d’ordre,
qui est toujours au nombre de quatre chiffres, les 8 000 idéogrammes
qui reviennent le plus fréquemment dans l’écriture :
ce sont ceux que comprend le dictionnaire classique dit de
l’empereur Kiang hi, et au lieu de « câbler » l’idéogramme,
ce qui ne se peut guère, on câble le numéro par les fils. Les
Chinois admettent maintenant que le passage des fils télégraphiques
n ’incommode pas le feng choui.
Le service des postes gouvernementales se fait, comme
autrefois chez nous le service des dépêches diplomatiques, par
des courriers à cheval, avec relais tous les 40 ou 50 kilomètres.
Le service privé est confié à des entrepreneurs dont les « facteurs
» se tirent d’affaires comme ils peuvent, dans cet Empire
si mal « percé », à cheval, à âne, à mulet, à voiture, à bateau,
« et même à dos d’hommes ». Le temps aidant — les Chinois
disent si volontiers, comme dans Molière, que * le temps ne
fait rien à l’affaire » —, les correspondances sont à la fin
transmises avec une fidélité scrupuleuse.
Nul doute que les chemins de fer ne changent à bref délai
cette transmission rudimentaire. « Ceci tuera cela! »
C H A P I T R E S IX IÈME
R E L A T IO N S DE LA CHINE
A V E C L 'E X T É R I E U R
I . LES ÉTRANGERS EN CHINE : L EU R NOMBRE CROISSANT.
Il I I . LE PIDGEON EN G L ISH . Il I I I . LES CHINOIS A L ’ÉTRANGER : L’ÉMIGRATION
CHINOISE. Il IV . L’INFLUENCE EUROPÉENNE EN CHINE *. L E JOURNALISME. Il V.
l ’in f l u e n c e d e s l e t t r é s d im in u e : Mens agitat molem.
EN proportion de leur influence réelle sur la
Chine et de la p a rt décisive qu’ils prennent
à ses transformations, les étrangers de diverses
nations ne sont que très faiblement représentés
dans le Royaume Fleuri.
En 1879, le nombre de leurs maisons de commerce
n’était encore que de 451 et celles-ci ne
comprenaient que 3 985 personnes; — établissements
de commerce et personnel divisés ainsi
qu’il suit par nationalités :
Maisons anglaises............. 229 Nombre de résidants. . . 2 070
— américaines . . . 31 — — . . . 469
— allemandes. . . . 64 —■ — . . . 364
— françaises . . . . 20 — 1 — . .., H 228
— russes................. 16 — 79
•r— japonaises. . . . 2 .— — . . . 61
etc., etc............... 90 714
452 3 985
i
LES
ÉTRANGERS
EN CHINE :
LEUR
NOMBRE
CROISSANT