sieurs des ports ouverts, c’est sous pavillon chinois que se font
toutes les expéditions.
Tout ce qu’ont perdu, tout ce que continuent à perdre
certains pavillons européens,’¡la marine chinoise en a profité
et en profite. La forme des jonques, si lourdes et si lentes, se
rapproche peu à peu du type des embarcations européennes.
Non seulement les bâtiments de commerce, mais aussi les
bateaux de pêcheurs se pourvoient d’une quille et se calfatent
d’étoupe et de goudron; quelques-uns se gréent de voiles
anglaises, et presque tous ont remplacé les nattes de bambou
par des toiles que l’on trempe dans une décoction d’écorce de
palétuvier pour les préserver de la pourriture et de l’humidité.
Les pêcheurs se hasardent au loin, malgré les menaces de
typhons; même les marins du < Grand et Pur Empire », se
rappelant que leurs ancêtres connaissaient la boussole depuis
au moins 2 000 années, quatorze siècles avant les Européens,
ne craignent pas de se montrer hors des mers chinoises, dans
les ports des Philippines et de la Sonde, à Singapour, dans
l’océan Indien, en Australie, aux îles Sandwich, à San Francisco,
en Angleterre ; des compagnies de navigation, exclusivement
dirigées par des Chinois, ont acheté des bateaux à vapeur
pour naviguer avec l’Asie et l’Amérique.
Des centaines et peut-être des milliers de jonques inscrites
sur les registres comme étant au service des commerçants
étrangers sont en réalité des bâtiments chinois. Afin d’éviter
le payement de droits que les officiers de douane réclament
devant chaque port, et de n’avoir qu’une seule taxe à payer au
lieu d’arrivée, afin surtout d’échapper aux exactions des mandarins,
les capitaines des embarcations se font souvent donner
des papiers constatant qu’ils sont au service des négociants
d ’Europe.
De même, lorsque le gouvernement met des jonques en
réquisition pour le transport du riz nécessaire à la capitale,
il suffît d acheter un certificat de location dans les bureaux des
marchands étrangers pour échapper au service de l’État : tel
négociant sans affaires, qui ne charge pas un seul bateau de
ses propres marchandises, est censé noliser une centaine de
bâtiments et se fait payer chèrement la complaisance de sa
signature.
Deux tableaux montrent ci-dessous le progrès de la navigation
dans l’ensemble des ports chinois, comme aussi l’avance
ou le recul de certains pavillons, èt notamment l’avance du
pavillon chinois.
Mouvement de la navigation en 1879 dans les ports chinois
ouverts au commerce étranger.
NAVIRES JAUGE POUR 100
Long cours.................................
Cabotage.....................................
4142
17 267
to n n e s .
3 241 014
10 686 207
Ensemble...................... 21409 13 927 221
Pavillon a n g la is .......................
— c h in o is ............... ...... •
I; a llem an d ...................
— américain...................
— français.........................
— japonais.......................
Autres p av illo n s.......................
10 609
6 632
1907
931
164
157
709
8 126 000
4 333 660
721046
270 632
155 935
138 208
162 640
58
32 à 33
5
2
1,2
1
1
21409 13 927 221
Ce même mouvement en 1899.
. NAVIRES JAUGE POUR 100
Vapeurs.....................................
V o ilie rs .....................................
52 720
12 698
t o n n e s .
37794 440
1 473 890
65 418 39 268 330
Pavillon britannique. . . . .
— chinois . . . . . . .
a llem an d ...................
— japonais......................
Autres p av illo n s......................
25 350
31 009
2 078
3 712
3 269
23 338 230
9 349 247
1 854 246
2 839741
1 886 866
59
23 à 24
près de 5
plus de 7
.m!
D’où il ressort que le pavillon japonais a relativement
gagné plus que tous les autres ; que l’américain ne compte plus
guère, pas plus que le français, et qu’on les a rangés tous les
deux dans la catégorie banale des « autres » ; que le pavillon
chinois a doublé en chiffre absolu, mais perdu en chiffre proportionnel;
que le pavillon anglais est resté presque station-
naire, avec légère avance toutefois.
En comparant, non plus à vingt ans de distance, mais en
mettant les dernières années à côté Tune de l’autre, on