résultat en nous servant de voitures ; nous n’allons pas si
vite, c’est vrai, mais nous ne sommes pas pressés le moins du
monde. »
Une voie ferrée unit depuis peu Tongkou près Takou et
l’embouchure du Peïho à Tientsin. Cette ligne, rien n ’était plus
simple que de la continuer jusqu’à Toungtcheou, puis à Peking •
mais la Chine, jalouse de la plus grande inaccessibilité et inviolabilité
possible de sa capitale et de son palais impérial, qui est
son « Saint des Saints », la Chine s’y était obstinément refusée
jusqu’à ces derniers événements. A cette heure, « le mal est fait »
et la métropole communique avec Tientsin par un embranchement
de la ligne de Tientsin au nord de la Grande Muraille.
Depuis l’entrée à Peking des Européens et des Japonais
coalisés, et le désarroi, pour ne pas dire l’impuissance absolue
où se consume le haut mandarinat du < Milieu », la construction
des voies de fer n’est plus qu’une affaire de peu d’années
ou de peu de mois.
La principale industrie de la banlieue est celle du jardinage.
Au sud-ouest de la cité, dix-huit villages, compris sous
e nom général de Fenghaï, sont habités par des maraîchers
qui fournissent Peking de légumes, de fruits et de fleurs; les
pommes de terre et les patates douces y ont été introduites
depuis le commencement du siècle et la vigne y donne des ra isins
délicieux. Dans les serres, fermées non par des vitrages
mais par des tentures en papier coréen, fait de la fibre du brous-
sonetia papyrifera, les jardiniers entretiennent parfaitement
les plantes du midi de la Chine; ils réussissent aussi d’une
manière étonnante à produire des curiosités végétales. D’ailleurs,
comme on le sait, les « fils de Han » sont passés maîtres
dans l’art d’imposer à la nature certaines de leurs fantaisies,
hybridations, créations de variétés utiles ou singulières, rapetis-
sements de plantes, distorsions caricaturales.
Une autre industrie des environs de Peking, et celle qui
prendra probablement le plus d’importance dans un avenir
prochain, est l’exploitation des gisements d’anthracite : la puissance
totale des couches carbonifères y est évaluée par Richt-
hofen à plus de deux mille mètres.
*?*neS auParavant les plus activement exploitées, celles
de Tchaïtang, se trouvent à une soixantaine de kilomètres à
oues* de la capitale, dans la vallée du Tsingchoui, c’est-à-dire
« de l’Eau pure », qui descend des ravins de Pohoa chan et
devient plus bas le Youngting ho, puis le Wen ho, tributaire
de droite du Peï ho supérieur. C’est par des sentiers difficiles,
< l64 >
d e u x i è m e Bassin du Peï ho : Le Petchili,7 PekinOs.
passant en casse-cou dans les défilés et sur les escarpements
que des caravanes d’âniers et de muletiers en apportaient le
combustible à Peking. Des Anglais ayant offert au gouvernement
de construire un chemin de fer entre la métropole et ces
précieux gîtes, reçurent comme réponse : « Les mulets ont
suffi jusqu’à maintenant, ils suffiront encore. » Ainsi en était-il
du temps de Marco Polo, et depuis le passage du grand voyageur,
on n’avait même pas poussé l’esprit d’entreprise jusqu’à
tracer un chemin convenable de la grande ville aux houillères
de Tchaïtang. Aussi, quoique son combustible soit d’assez bonne
qualité, Peking avait-il avantage à importer une certaine quantité
de houille anglaise et même à faire venir de Californie du
bois de chauffage par la voie de Changhaï. Or, répétons-le, de
Peking à Tchaïtang il n’y a que 60 kilomètres, et certains gisements
sont dans le voisinage immédiat de la métropole : les
missionnaires catholiques en possèdent un près de la rive
droite du Wen ho.
Le chemin de fer vers ces gîtes de houille à l’ouest de
Peking était donc depuis des dizaines d’années proposé au
gouvernement chinois par une compagnie anglaise, et il serait
resté indéfiniment dans les limbes sans le hasard des derniers
événements : il est aujourd’hui livré aux voyageurs et aux marchandises.
Celui des houillères de l’est a été vite conçu, vite exécuté,
ces mines étant pour une part la propriété d’un grand et haut
personnage, colossalement riche aussi, qui désirait accroître
encore sa fortune. Cette éminente personne, Li Houng Chang, le
plus grand politique et diplomate de son grand pays, a autorisé
une compagnie anglaise à construire un chemin de fer entre
l’embouchure du Peï ho et les mines de houille du bassin de
Kaïping dont on tirait déjà près de 1 100 000 tonnes de charbon
en 1897. Cette ligne, maintenant livrée bien au delà de Kaïping,
et même de Chanhaï kouan, ville où la * Grande Muraille »
finit au bord de la mer, est déjà reliée au réseau russe de la
Mandchourie.
Plus importante encore sera la ligne transversale, le
Grand Central de la Chine, la voie de Peking à Canton par
Hankoou, terminée jusqu’au delà de Paoting, à Chengting, et
qui ne tardera guère à l’être jusqu’au Fleuve Jaune.
A côté des richesses en combustible, on signale, au sud-
ouest de Peking, de grandes carrières de marbre, des mines de
fer magnétique.
Bref, et comme toutes les dix-sept autres provinces de la
Chine (toutes ou à peu près), le Petchili est fort bien doté de
trésors du sous-sol.