grandeur et la majesté, c’est en Égypte; pour la fougue associée
à la minutie du détail, nous ne trouverons rien de mieux
qu’une cathédrale gothique; mais pour la fantaisie et l’éclat, la
palme appartient aux Chinois ».
A leur conception particulière du principal objet de l’art,
créer une nature, au lieu de copier la nature, se rattache leur
théorie des jardins, qui sont le contraire et des jardins français
et des jardins anglais : ceux-ci laissent à la sève toute sa
liberté, ceux-là ne la contrarient qu’en élaguant pour la régularité
grandiose des longues avenues ; mais les Chinois la contrarient
absolument :|de l’arbre que son espèce destine à la sublimité,
il fait un arbre nain; du majestueux, il tire le grotesque;
du régulier, l’irrégulier; du droit, le cagneux, le torse et le
bossu; il tord, il ploie, il contorsionne et brise en quelque
chose ou en beaucoup les allures naturelles du cyprès, de l’ormeau,
du pin, du pêcher, du prunier, d’autres fruitiers ou d’autres
sylvestres encore, et surtout de son martyr le plus obéissant,
le genévrier. Et, pour finir, comme nous avons commencé
avec Philippe Daryl: « L’idéal d’un jardin pour le « FilsdeHan »
est un espace découvert où il n’y ait ni gazons, ni fleurs, ni
arbres; où les allées, pavées de briques vernies, se tordent en
replis capricieux et ne conduisent nulle part; où des canaux
enchevêtrés dessinent des labyrinthes sans but et sans issue,
où des oiseaux fantastiques s’agitent sous un dôme d’eau,
tandis que des poissons monstrueux nagent dans l’air, portés
sur des arbres de bronze ou sur des animaux qui appartiennent
au règne végétal ».
C’est en Chine plus qu’en France, que le bon Delille aurait
dû placer ses Jardins, avec de vaines périphrases longues d’une
demi-lieue.
On sait combien la Chine est riche en métaux,
en sel et en charbon. Les sauniers sont fort
in t e r v e n t io n habiles pour l’exploitation des sources salines
de et ne le cèdent guère aux ouvriers d’Europe dans
L’E urope l’a rt de concentrer les eaux-mères et de faire
cristalliser le sel, soit par la chaleur solaire, soit
par des moyens artificiels ou par les gaz des « puits de feu »,
comme dans le Setchouen. Quant aux mineurs, ils ne se servent
encore que de procédés rudimentaires pour l’exploitation des
gisements de houille ; des tubes et des échelles de bambou
remplacent chez eux les machines compliquées des ingénieurs
européens ; et pourtant, quoique les chemins de fer manquent
pour l’expédition du combustible à de grandes distances, la
production du charbon de terre ne s’en élève pas moins chaque
année à plusieurs millions de tonnes.
La Chine occupe déjà le dixième rang parmi les États
producteurs de houille, en attendant que, d’une part l’appauvrissement
des mines anglaises, allemandes et belges, et d’autre
part l’aménagement régulier de ses galeries, lui assurent la
première place, ou la seconde après les États-Unis, en cela
si démesurément riches; probablement la première : c’est
l’avis, notamment, de Richthofen qui, plus que personne, a
attiré l ’attention des savants, des industriels du monde entier
sur ce trésor « infini », dans le Chansi méridional, le Chan-
toung, le Hounan, le Setchouen. Et plus on va, plus on en
découvre, au nord, au centre, au midi, dans le Kouangsi, le
Koei'tcheou, le Yunnan.
Dès que les chemins de fer, dont beaucoup sont projetés,
plusieurs commencés, quelques-uns achevés, auront mis ces
gisements de charbon en communication avec les grandes
villes, les fleuves et la mer, la houille chinoise révolutionnera
l’industrie de la Chine et prendra une grande part dans l’industrie
i jaune », voire dans la . mondiale ».
En 1878, les mines de charbon de terre de la Chine ne produisaient
encore que 3 millions de tonnes, répartis comme
suit :
Chañsi....................... d 000 000 tonnes d’anthracite.
700 000 H M r de houille.
Hounan ................... 600 000 d’anthracite et de houille.
Chañtoung............... 200 000 :
P e tc h ili................... 150 000 — _
Autres provinces. . 350 000 — —
Ensemble . . . 3 000 000 tonnes d’anthracite et de houille.
Peut-être la production a-t-elle doublé depuis lors. Elle
s’est surtout accrue dans le Petchili, où déjà des chemins de
fer desservent certaines houillères très riches, et aussi dans le
Hounan ; déjà la Chine commence à exporter le « pain de l’industrie
».
Ce sont les procédés industriels de l’Europe qui régiront
désormais l’extraction de la houille; ce sont eux aussi qui présideront
dorénavant et qui président déjà à Lantcheou, Han-
koou, Foutcheou, au traitement du minerai de fer. A vrai dire