d’ailleurs des faubourgs actifs, populeux, rumoreux où se sont
groupées les diverses corporations d’industriels et de trafiquants,
chacune dans sa rue. En face, sur la rive méridionale,
s’étend un autre grand faubourg, Nantaï. Une île menue, divisant
le Min en deux, Tchoungtcheou, est également couverte
de maisons, et le fleuve disparaît sous une ville flottante de
sampans, divisée en quartiers par des rues où vont et viennent
des embarcations marchandes.
Les deux bras qui ceignent l’île de Tchoungtcheou sont
franchis par des ponts de granit que bordaient encore, en
1860, des maisons en bois d’un effet pittoresque. Le « Pont des
Dix Mille Années » (Wentcheou kiao), qu’on dit avoir été
bâti au XIe siècle, n’a pas moins de 400 mètres et repose sur
une quarantaine de piles qui ne sont pas toutes à égale distance.
D’énormes dalles de grès, dont quelques-unes ont plus
de 15 mètres, portent la chaussée. Nombre de ces pierres sont
tombées, et les débris, restés dans le lit, forment des rapides
que ne peuvent remonter les jonques; seules les barques d’un
faible tirant d’eau dépassent vers l’amont le pont des Dix Mille
Années. Pour replacer les dalles, les constructeurs profitent
de la haute marée, qui élève le niveau du fleuve presque au
ras de la chaussée : le bloc, placé en travers d’une barque, est
amené entre les piles à l’endroit précis où il doit être déposé,
puis on abaisse graduellement le bateau, au moyen de poids
additionnels, surtout de sable, et la dalle s’encastre d’elle-
même dans la partie du pont qu’elle doit occuper. C’est un
procédé analogue qu’employaient les Égyptiens pour le transport
de leurs grands monolithes. En 1876, le pont des Dix Mille
Années, quoique submergé complètement par les eaux du Min
débordé, résista aux efforts du courant.
Le quartier européen a son site dans le faubourg de Nantaiy
la plupart de ses maisons s’éparpillent parmi les tombeaux
chinois, sur les pentes d’une colline d’où l’on aperçoit la ville
à ses pieds.
Le commerce de Foutcheou avec l’étranger atteignit en
1879 une valeur de 123 millions de francs, dont près de 80 pour
l’exportation; il n’était plus que de 99 millions en 1886, et de
54 millions en 1890. Depuis lors il a regagné, mais peu et lentement,
du fait de l’importation; l’exportation languit, elle ne
consiste guère qu’en thé : thé en feuilles ou thé en briques
pour l’Europe, surtout pour la Russie, diverses contrées d’Asie,
les États-Unis, le Canada, l’Australie. Les caboteurs chinois
viennent chercher à Foutcheou du bois de construction, des
bambous, des meubles, du papier, du riz, des fruits d’espèces
diverses, et apportent en échange des marchandises d’Europe
achetées dans les ports de Hongkong, de Canton, de Changhaï.
Le port reçoit annuellement de trois cent à quatre cent mille
tonnes.
La « Ville des Trois Collines » — car tel est le nom donné
souvent à Foutcheou, à cause de trois éminences qui s’élèvent
F i g . 1 4 . -— F o u tc h eo u e t l ’en t r é e d u Min .
E.de Green. ii9°25'
D 'a p r è s l A m ir a u té A n g la is e e t a u tr e s .
P r o fo n d e u r s e n m è t r e s
1:700000
1 —. I l —I
0 v K) 20 30 Kil.
dans son enceinte — est entourée de hauteurs. L’une d’elles,
célèbre dans l’Empire, est une véritable montagne, dressant sa
pyramide de granit à 880 mètres au-dessus du Min, entre
Foutcheou et l’arsenal : c’est le Kou chan ou « mont du Tambour
». Le couvent bouddhique de la « Fontaine Murmurante »
occupe un des cirques supérieurs de la montagne, et, des
magnifiques allées qui l’entourent, on voit l’admirable panorama
des îles, du fleuve et de la cité. Pendant la saison des
chaleurs, ce monastère est un lieu de villégiature pour les