CH A P IT R E QUAT R IÈME
MONTS E T V A L L É E S
DU B A S S IN DU HOANG HO
I . TSING L ING OU MONTAGNES B LEUES. Il
I I . MONTS DU KANSOU. Il I I I . IN CHAN, A LA CH AN, PAYS DES ORDOS. Il IY . LA
GRANDE MURAILLE. Il Y . MONTS DU CHANSI : L’OUTAÏ.
LES monts et les plateaux qui ont fourni des
alluvions au Fleuve Jaune, et dont les débris
t s i n g u n g ont rejoint les massifs insulaires du Chantoung
on à la terre ferme, sont encore assez hauts pour
m o n ta g n e s qu’une dénudation superficielle de leurs roches
b l e u e s suffise à combler la mer Jaune et peut-être à
transformer en péninsule l’archipel du Japon. De
puissantes chaînes de montagnes, qui s’enracinent à l’ouest
dans les plateaux et les grands massifs tibétains, constituent
le faîte de séparation des bassins du Hoang ho et du Yangtze
kiang, et plus au nord se succèdent d’autres arêtes moins élevées,
degrés extérieurs des terrasses de la Mongolie.
La chaîne maîtresse, qui peut être considérée comme le
prolongement oriental du Kouenlun, est séparée des montagnes
du Koukou nor par la profonde gorge dans laquelle passe le
torrent qui deviendra le Hoang ho. Connue sous divers noms,
suivant les rivières qui en découlent, les populations qui en
habitent les vallées, les villes que l’on a bâties à sa base, cette
crête est généralement désignée, au sud-ouest de la ville de
Lantcheou, à sa sortie du Tibet, sous les noms de Siking chan
et de Minchan.
Interrompue ensuite par une brèche où court le Tao ho,
l’un des notables tributaires de droite du haut Hoang ho, la
chaîne se redresse à l’est et prolonge avec hauteur et grandeur
au sud de la profonde vallée du Weï ho sa crête surmontée
de pics neigeux.
Dans cette région, elle a reçu le nom de Tsing ling ou de
« Montagnes Bleues ». Au nord de Hantchoung fou, dans la
haute vallée du Han, on peut traverser cette chaîne par des
passages praticables à mulet pendant toute l’année. Celui
que choisit le naturaliste Armand David, pendant l’hiver
de 1873, s’ouvre à l’altitude de 1 900 mètres, et contourne à
l’ouest la célèbre montagne de Tapeï chan, dont les voyageurs
qui parcourent la plaine du Weï ho aperçoivent de loin la
« longue échine étincelante de neiges glacées ». Son altitude
était diversement évaluée de 3 600 à 4 000 mètres : mieux informés
aujourd’hui, nous n’en attribuons que 3 500 à ce mont de
granits et de schistes cambriens.
Loin du Tapeï chan, à l’est, vers le milieu de la chaîne, le
Kouangtang chan dépasse 3 710 mètres, d’après les observations
d’Armand David. Richthofen ne donne à l’ensemble de
la chaîne que l’élévation moyenne de 2 000 mètres, et 2 500 serait
l’altitude du plateau supérieur des Tsing ling, lequel, sur le
faîte entre le Weï, tributaire du Hoang ho, au nord, et le Han,
affluent du Yangtze kiang, au sud, est justement dominé par
le Tapeï chan, le Kouangtang chan et autres cimes supérieures
à 3 000 mètres.
Dans sa partie centrale la crête des Montagnes Bleues,
formée de granits et de schistes anciens, est très difficile à
franchir ; la plupart des voyageurs ne l’abordent pas directement
et préfèrent la contourner à l’est par l’une des dépressions
qui s’ouvrent entre le grand coude oriental du Hoang ho et la
vallée moyenne du Han, sur des routes, plus exactement des
sentiers franchissant l’aigueverse à des cols de moindre élévation.
L’un des passages les plus fréquentés, à 1 800 mètres
environ, aii voisinage du 105e méridien à l’est de Paris, débouche
dans la vallée de Hantchoung fou : * C’est la route historique
des migrations vers le » Bassin Rouge » du Setchouen, celle
que suivirent Marco Polo et le Père Martin.
Mais quelque route, ou plus exactement quelque sentier
qu’on emprunte pour passer d’un versant dans l’autre, l’ascension
est beaucoup plus raide sur la pente septentrionale que
sur la pente méridionale, tout comme de France en Espagne
par-dessus les Pyrénées.
Un des chaînons septentrionaux du Tsing ling se termine