rasé », desquels temples et couvents le plus vaste et le plus
célèbre est celui des Dix mille années, le Chênouannien sé, à
1 300 mètres au-dessus des mers, la cime de l’Omi s’élevant
à 3 250. j
De ce monastère au sommet, il y a 17 à 18 kilomètres par
un sentier presque tout en escalier, mais souvent les degrés de
pierre se sont écroulés, usés; l’ascension fatigue au suprême
degré; en route, encore et toujours des pagodes; à la cime
également, d’où le panorama des montagnes, jusqu’aux sierras
du Tibet, est immense, « grisâtre », souvent brumeux, toujours
mélancolique.
Yatcheou peut avoir 50 000 habitants sur un affluent droit
du Min; c’est la principale place forte et le grand dépôt militaire
de ce côté de la Chine ; c’est la ville où se prépare presque
tout le thé en briques employé dans le Tibet : dans les campagnes
environnantes se cultive l’arbuste à thé, dont la feuille,
beaucoup plus grossière que celle des arbrisseaux de Test, est
employée à cette préparation. Ainsi que s’exprime à peu près
Kreitner, d’énormes paquets de ce thé et de non moins gros
paquets de tabac sont transportés à dos d’hommes de Yatcheou
à Tatsienlou, et la route de montagne que suivent ces porteurs
est criblée de trous faits à la longue par les pointes des
« bâtons de soulagement » sur lesquels ils appuient leur fardeau
pendant les courtes haltes quand, épuisés de fatigue, ils
s’arrêtent pour reprendre haleine et pour essuyer leur front
ruisselant de sueur.
Tchingtou fou est la métropole du Setchouen,
de la « maîtresse province », l’unique avec le
ii Petchili qui ait un vice-roi pour elle seule. Hors
tch ing to u ces deux cas un vice-roi gouverne deux provinces
: par exemple, les deux Kouang; Kouang
toung et Kouangsi.
Cette € parfaite capitale », à ce que signifie son nom, est
toujours, comme au temps de Marco Polo, une « riche et noble
cité », bien que depuis cette époque elle ait été plusieurs fois
dévastée et même détruite; Koublaïkhan en extermina presque
toute la population, plus d’un million d’hommes, disent les
annales.
La ville actuelle est d’origine moderne : le palais impérial,
qui est peut-être l’édifice le plus ancien, date seulement
de la fin du xivB siècle. Les murailles et presque toutes
les maisons ont été bâties vers la fin du siècle dernier, après
un grand incendie qui ravagea Tchingtou : l’enceinte actuelle,
assez irrégulière, mais solide et bien entretenue, a 20 kilomètres
de développement, avec des murs de 12 mètres de large,
et 15 mètres de haut. De vastes faubourgs se prolongent le long
des routes. I , . . . , ,
Bien peu de villes couvrent une surface plus considérable,
mais il s’en faut qu’elle ait un nombre d’hommes en rapport
avec son aire, comme un Paris, un Berlin, un Londres : elle
comprend tant d’espaces vagues, de lacunes autour de ses
pagodes, de ses yamens ou palais, tant de jardins maraîchers,
qu’on ne peut guère lui donner que 500 000 ha*»ta“ ts
tous faubourgs compris, comme Marcel Monmer, ou 600000
à 700000 habitants comme la Mission lyonnaise, ou 800000
plus comme Richthofen. H '' H
Elle s’est bâtie à un peu plus de 1 500 kilomètres à vol
d’oiseau au sud-ouest de Peking, à 500 mètres au-dessus des
mers (458 d’après les uns, 550 d’après les autres), dans une
plaine d’extraordinaire fertilité parcourue de canaux d arrosage
dérivés du Min, en vue de hautes montagnes. Cette
situation « rappelle assez exactement celle de Milan par rapport
aux Alpes ».
Comme toutes les autres capitales de province, Tchingtou
est formée de deux villes, le quartier tartare et- le quartier
chinois, celui-ci de beaucoup le plus riche, eCmÇomparab e-
ment le plus populeux : il n’y a guère que 15 000 habitants
dans la ville tartare, située à l’ouest du Tchingtou chinois,
c’est-à-dire du Tchingtou réel.
La capitale du Setchouen est le « P an s de la Chine », la
cité la plus élégante et la plus belle de tout l’Empire. Les rues
sont larges, droites, régulières, bien pavées ou dallées
pourvues dé rigoles. « Larges », ce mot ne doit pas évoquer
ici des ampleurs européennes ou américaines; on entend par
là que, contrairement à l’usage chinois, qui appelle rues, de
simples ruelles, Tchingtou possède quelques voies de 10,
et 15 mètres de bord à bord, à côté d’autres qui ri en ont
crue 8, 5, ou 3. Des façades en bois agréablement sculptées
ornent les maisons, et de la porte on voit la perspective des
cours, avec leurs tentures multicolores et les îa rd in s jle u n s
qui les terminent. Les arcs en grès rouge qui ® elèven‘.
la ville et dans les faubourgs sont couverts de gracieuses
sculptures en relief représentant des animaux fantastiques ou
des scènes de la vie locale. Proprement et même richement
vêtus pour la plupart, les habitants de Tchingtou fou ont en
outre la réputation d’être les plus aimables, les plus polis de