Kansou mongol, à Tourfan et à Soutcheou, près de la « Porte
du Jade » ; elle rouvre à son profit l’ancienne voie transcontinentale
entre l’Orient et l’Occident.
Voisine de l’Empire Chinois sur un espace de plusieurs
milliers de kilomètres, la Russie avait sur les puissances européennes,
l’immense avantage de pouvoir agir d’une manière
continue pour l’accroissement de son influence; grâce aux
populations intermédiaires, formant la transition ethnologique
de l’une à l’autre nation ; elle comprenait bien mieux le caractère
chinois et savait obtenir par la douceur et la ruse ce que
les Occidentaux cherchaient à conquérir par la violence. La
Russie n’a pas eu besoin d’entrer en guerre pour se faire concéder
la rive gauche de l’Amour et tout le littoral de la Mand-
chourie, jusqu’à la racine de la Corée, et pour importer ses
marchandises en ne payant que les deux tiers des droits exigés
des autres nations.
Tous ces avantages « terrestres » concédés à la Russie, en
même temps que les avantages « marins » accordés aux autres
« Barbares d’Occident », ne sont rien à côté des libertés qu’elle
a prises récemment, peut-être avec secrète connivence de la
Chine, en Mandchourie et en Mongolie, pour ne rien dire du
Tibet. Sans qu’il y paraisse, 1’ « ours » est en train de terrasser
la « baleine ».
A l’origine des événements qui semblent
ni devoir livrer la Chine entière aux entreprises des
l e s Européens, à leurs industries, à leur négoce,
¡6 p o r t s et non plus seulement à leurs missions, trente-six
a t r a it é ports étaient des « ports à traité », accessibles
au commerce international, à savoir :
Nioutchouang, hors de la Chine des dix-huit
provinces, en Mandchourie : ainsi nomme-t-on ce port à traité
d’après une ville estimée à 60 000 âmes, située dans l’intérieur
des terres; mais il s’appelle réellement Yingtze ou Yinkoa, à la
rive du golfe du Liaotoung, à l’embouchure du Liao ho, fleuve
de 1000 kilomètres né dans la Mongolie méridionale et renforcé
des torrents du Petchili et de la Mandchourie. Yingtze, bien que
situé sous le parallèle de Naples, a le grand tort d’être bloqué
par les glaces durant quatre ou cinq mois chaque année.
Kintcheou, également hors de la Chine propre, en Mandchourie,
est un port double, sur un étroit pédoncule rattachant
la presqu’îlette de Port-Arthur, le Liaoutie chan, au reste de la
presqu’île de Liaotoung; à l’ouest, port sur le golfe de Liaotoung
; à l’est, port sur la baie de Corée ; roches à l’entrée, et quelques
glaces encore, bien que sous une latitude calabraise et
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presque sicilienne. Kintcheou, à 50 kilomètres seulement de
Port-Arthur, et Nioutchouang aussi, peuvent être considérés
d’ores et déjà comme des ports russes.
Mais les textes officiels des traités ne servent guère qu’à
déguiser le vrai. Des ports officiellement ouverts, tels que
Port-Arthur et Talien-wan, ne le sont qu’à demi ou peuvent
être fermés quand il conviendra aux Russes, tandis que des