Bâtie dans une île qui semble avoir fait jadis partie du continent
avec les îlots qui l’entourent, Amoï offre devant ses
quais un excellent mouillage aux plus forts bâtiments. Lorsque
les Portugais se présentèrent sur les côtes de Chine, au commencement
du xvi8 siècle, Amoï était déjà le grand port du
Fo'kien, et c’est là qu’ils abordèrent. Jusqu’en 1730, des navires
européens mouillèrent dans cette rade ; elle ne fut rouverte au
commerce étranger que par le canon des Anglais, lors de la
« guerre de l’opium », en 1842.
La colonie des « diables aux cheveux rouges », qui comprenait
près de 300 personnes dès 1880, nombre qui s’est fort
accru depuis, s’est établie dans la petite île de Koulang sou, à
600 mètres d’Amoï, et toute une ville chinoise, mieux tenue
que celle du rivage opposé, a surgi autour des maisons européennes.
Le naturaliste Swinhoe y fonda en 1857 une société
savante, dont les recherches en histoire naturelle ont été fort
utiles. Une des îles voisines de Koulang sou se termine par un
promontoire percé d ’une galerie naturelle encadrant de ses
rochers noirs le tableau lumineux de la rade et des navires.
Le commerce d’Amoï consiste principalement en thé, en
opium, en riz, grains « nourriciers », farine, sucre, cotonnades,
pétrole.
A l’exportation le thé fait à lui seul plus des trois quarts
du total ; à l’importation l’opium de l’Inde contribue pour un
quart, autrefois pour plus d’un tiers, mais le pavot indigène,
de plus en plus cultivé dans le Fo'kien, tend à remplacer celui
de l’Inde, au grand détriment de la culture du blé; le riz vient
de la Cochinchine, le pétrole de Russie et des États-Unis.
On estime la valeur nette des importations (réexportations
déduites) à 40 ou 50 millions de francs, suivant les années, celle
des exportations nettes à 10 ou 12 millions.
Un millier de navires, un million de tonnes totalisent
grosso modo le mouvement maritime d’Amoï à l’entrée; à peu
près même mouvement à la sortie. La ville a 100 000 âmes, et
son île près de 200 000.
Ce qui caractérise surtout le port d’Amoï c’est l’activité de
l’émigration, comme de la réimmigration. De cette ville partent,
surtout dans la direction de Singapour, la plupart des coulis
et colons que la Chine essaime dans le monde, et à cette ville
reviennent la plupart de ceux dont l’étranger n’est pas absolument
devenu la nouvelle patrie. Ainsi, en 1879, il y eut plus
de 20 000 départs d’Amoï, dont près de 15 000 pour Singapour
et plus de 3 000 pour Manille, et 20 000 rentrées environ ; —
aujourd’hui c’est plus de 60 000 Chinois qui quittent tous les
ans ce port, dont on estime que 65,70, 75 pour 100 reviendront
au pays natal. Auparavant il ne partait que des hommes faits,
maintenant quelques milliers de femmes et d’enfants accompagnent
les adultes.
Fig. 15. r - Amoï e t T s o u a n t c h e o u .
10 20 SO 50
Profondeurs en mètres
100 500
Hauteurs
1 : 1 8 0 0 0 0 0
0 25 . 5 0 IOoKÎL
Elle a beaucoup gagné, commercialement parlant, depuis
que les Japonais possèdent Formose; les transactions avec
cette île se sont grandement accrues. On la regarde comme
l’une des cités chinoises qui se distinguent le plus par l’esprit
d’initiative ; elle s’est pourvue de bassins de carénage, où l’on
répare non seulement les jonques et les petits bâtiments de
mer, mais aussi les grands bateaux à vapeur de 2 000 tonneaux.