jour augmenté de la nuit pour les études indépendantes; ignorants
des choses présentes, sans regard pour celles de l’avenir,
les lettrés ne s’occupent que du passé ; ils ramènent tout à la
tradition, aux précédents qu’ils trouvent dans les classiques;
ils y cherchent les règles du gouvernement.
Écrire ou déchiffrer les dépêches officielles, retrouver les
formules rituelles pour tous les actes de la vie sociale et politique,
en un mot, < mâcher du néant », les mandarins n’ont que
cette raison d’être. Elle ne suffît plus pour maintenir le prestige
qui les environna pendant tant de siècles et pour leur
assurer l’obéissance qu’ils réclament.
CH A P IT R E S E P T IÈME
L E GOUV E RN EMEN T
L'A D MINISTRA TION
I . PR INC IPE S DU GOUVERNEMENT CHINOIS : L’EMPEREUR. Il I I . LA COUR. Il
I I I . LES MINISTÈRES. Il IV . LE MANDARINAT : LES EXAMENS, LES MANDARINS. Il
V . LA JUSTICE CHINOISE. Il VI. LES LIBERTÉS MUNICIPALES. Il V II. FORCES MIL ITAIRE
S. Il V III. LE BUDGET, LA DETTE. ■;'lî IX . DIVISIONS ADMINISTRATIVES.
EN théorie, l’État chinois est une grande
famille : l’Empereur est à la fois « le père
p r in c ip e s d u et la mère » de ses sujets, et l’affection que ceux-
g o u v e r n em e n tci lui doivent est, toujours théoriquement, celle
c h in o is : d’une double piété filiale.
l ’em p e r eu r Qu’il daigne commander, tous s’empressent
d’obéir : s’il lui convient de prendre la fortune
ou la vie d’un citoyen, c’est avec reconnaissance que le condamné
doit livrer l’une ou l’autre. Le Maître peut même donner
des ordres au sol, aux eaux et à l’atmosphère : les Génies de la
terre et de l’air accomplissent ses ordres. Il est le « Fils du
Ciel », le souverain des « Quatre mers » et des « Dix mille
peuples ». Lui seul a le privilège de sacrifier au Ciel et à la
Terre comme souverain pontife et comme chef de la grande
famille chinoise.
Sans doute, il ne parle de lui-même qu’avec la plus humble
modestie; il se dit plus qu’imparfait, et s’il se distingue en
quelque chose des grands de sa cour, c’est par un costume
plus simple, mais on ne sait qu’inventer pour lui témoigner
l’adoration publique et privée.