déroute à 8 kilomètres de la ville par des paysans chinois;
en 1554, des pirates japonais, que d’ailleurs ne mentionnent
pas les annales du Nippon, s’y établirent solidement, mais ils
furent arrêtés plus à l’ouest, sur les bords d’un affluent du
Yung, la rivière Yuyao, et près de la ville du même nom.
Enfin, en 1841, pendant la c guerre de l’opium », les Anglais
s’emparèrent de Ningp'o, et cette ville, avec la rade de son
avant-port Tsinhaï et les îles Tchousan, devint leur principal
point d’appui pour les opérations qu’ils avaient entreprises
contre Nanking. Mais depuis plus de trois siècles déjà les étrangers
de l’Occident étaient connus à Ningp'o. Dès l’année 1522
les Portugais s’y étaient présentés pour nouer avec la Chine
des relations commerciales, et l’on voit encore, près d’une porte
de la ville, l ’édifice où ils recevaient l’hospitalité : c’est la
maison dite de la * Société des Bons Étrangers ». Quant à leur
cité, bâtie en aval, près de Tsinhaï, elle fut entièrement
détruite en 1542 par les Chinois des environs : 800 Portugais
furent massacrés en même temps que plus de 10000 néophytes
chrétiens, et 25 navires coulés à fond.
On assure que Ningp’o, qu’entoure une muraille de 8 kilomètres,
avait 250 000 urbains, plus à peu près autant dans ses
faubourgs et sa banlieue, mais les Taïping arrêtèrent en 1861
le cours de ses prospérités et la population présente ne serait
que de 150000 à 200 000 personnes, dont un petit nombre
d’Occidentaux, missionnaires ou négociants, le port étant de
ceux que la Chine a consacrés par traité à son commerce avec
l’étranger.
C’est Tune des villes de cette région de la Chine les plus
recommandables, d’abord pour la largeur, la propreté, le bon
entretien de plusieurs de ses rues, puis pour le charme et la
beauté du climat, enfin par l’agrément du pays ; les montagnes
bleues que l’on aperçoit au sud-ouest sont parmi les mieux
boisées de la Chine, et Tune de leurs gorges, dite » Vallée Neigeuse
», est célèbre dans tout l’Orient par ses parois de roches
blanches, ses forêts et sa cascade ondoyante. Au bas de ces
hauteurs s’étendent les campagnes, classiques dans l’histoire
de l’agriculture chinoise, où l’empereur Chun, dit la tradition,
tenait, il y a plus de quarante siècles, le manche d’une charrue
traînée par nn éléphant ; on montre aussi dans la campagne son
puits et son lit de pierre.
Elle a aussi le renom de ville savante, et Tune de ses bibliothèques
privées, appartenant en commun à une famille dont
chaque membre en possède une clef, contient plus de 50 000 volumes.
L’industrie locale est très active, et les meubles, incrustés
ou laqués, les nattes d’ortie, les tapis qu’on fabrique à Ningp’o
sont exportés jusqu’au Japon. Quant au commerce direct avec
l’étranger, il ne pouvait pas ne pas souffrir du voisinage de
l’absorbante Changhaï. Le mouvement total des échanges, les
ports chinois y compris, a dépassé quelque peu 60 millions de
francs en 1897, dont plus des deux tiers pour l’importation
(opium, cotonnades, sucre, métaux, pétrole, etc.), et moins
d’un tiers pour l’exportation (cotonnades, thé vert, simples,
drogues médicinales).
Enfin, Tune de ses supériorités marquantes, c’est sa prééminence
non contestée dans le commerce du poisson, des
i fruits de mer ». Aussi la plaine environnante est-elle couverte
de dépôts de glace, sans laquelle il ne serait pas possible de
conserver le poisson : dans ces dépôts, grâce à d’épaisses nattes
de paille, des années se passent avant que la glace soit entièrement
fondue.
Des villes telles que Yao, estimée à 65 000 âmes, Tsekyé ou
Zkiyu, évaluée à 60 000, de grosses bourgades, sont éparses
dans le pays environnant. Il y a 35 000 âmes, suppose-t-on, à
Tinghaï, qui est la capitale des Tchousan.
Tchousan, pour Tcheou chan ou « le Mont du Navire »,
ainsi se nomme l’archipel devant lequel entre en mer le fleuve
de Ningp'o.
Il comprend avant tout Tcheou chan, dont le groupe a
pris son nom, puis une foule d’îles, d’îlots, de récifs, le tout
rocheux, accore, fait de roches primitives telles que le granit,
le gneiss, le quartz, le feldspath, le trachyte, petit monde
éparpillé dont la poussée suprême n’est que de 378 mètres au-
dessus du niveau de la mer.
On parle d’un million d’habitants pour l’ensemble de ces
îles fertiles, bien arrosées par la nature et par l’art, plus boisées
qu’à l’ordinaire dans cette Chine incroyablement désarbrée par
ses cultivateurs comme tant d’autres contrées l’ont été par
leurs pasteurs.
Tinghaï, ville fort industrieuse,- exporte des cordages, des
nattes, des éventails, des manteaux fabriqués au moyen des
fibres et des feuilles d’une espèce de palmier : c’est de là aussi
que sont expédiés aux confiseurs de Canton les fruits du citrus
olivæformis, connus en Europe, sous le nom de « chinois ».
Son port est profond et parfaitement abrité, mais il est difficile
d’accès : aussi les jonques de pêcheurs fréquentent-elles
surtout le port de Tchingkin men, situé à l’extrémité sud-orientale
dé la grande île.
A Test, dans une petite île du groupe, les pèlerins boud