mais, inscrit sur la tablette des ancêtres. Définitif, pas même
puisque tant ou tant de siècles après, l’empereur a le droit dé
changer le nom d’un personnage historique quelconque, en
manière d anoblissement rétrospectif.
Enfin, souvent, un nom secret, entre amis, et comme qui
dirait entre conjurés, connu de quelques-uns seulement et
employé d eux seuls.
Quant aux filles, elles portent de charmants petits noms
d amitié, comme * Petite Soeur », « Pierre précieuse »; et les
femmes s appellent « Parfum suave », . Fleur de jasmin »
« Lune argentée », etc.
» comprend nien moins que
, , , g barbare d’Occident » ce qu’on peut appeler
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FUNERAIRE société qui 1 entoure. Seule la famille est consi-
. Sk. . dérée comme possédant une puissance politique
dans 1 Etat ; jadis, lorsque le peuple était consulté, les suffrages
se comptaient par familles, et maintenant encore,
quand il s agit de questions municipales, le chef de famille
va seul au scrutin. Tout autre mode de votation paraîtrait un
crime c a rie père, empereur de sa famille, est censé le dépositaire
des pensées et des sentiments de tous les siens • il
peut s enorgueillir de leurs vertus, en demander la récompense,
mais il est aussi responsable de leurs fautes, et doit en être
11SI-* Almie.ton prochain comme toi-même », dit le précepte
cnretien. « Aime ton prochain comme ton fils », disent les Chinois.
Les grandes actions du fils anoblissent le père et toute
la lignée des ancêtres; en revanche, les crimes de la descendance
dégradent toutes les générations antérieures. En quoi
la Lhine est essentiellement le pays des effets rétroactifs
Ces moeurs patriarcales, qui confèrent aux parents une
autorité absolue et qui obligent les enfants à un dévouement
sans bornes, ont une telle puissance en Chine, qu’elles donnent
naissance à des pratiques inconnues en tout autre pays. Un
simple coup porté par le fils contre son père ou sa mère est
assimilé au parricide et puni de mort. Dans les contrées où la
misère est grande, on a vu souvent des jeunes gens s’offrir à
la peine capitale comme remplaçants de riches condamnés • ils
gagnent ainsi quelques milliers de francs qui leur permettent
d enrichir leur famille. La loi ne demandant qu’une chose
I expiation du crime, peu importe le nom de la victime; pourvu
qu’une tête tombe, la justice est satisfaite. Les bons fils qui
meurent ainsi sous la main du bourreau, bénis p ar leurs
parents, sont pleins de l’ineffable bonheur d’avoir accompli
leur devoir filial dans toute sa sublimité, à l’éternel honneur
de la famille.
Dans les cérémonies funéraires des parents, et principalement
du père, la coutume exige des enfants le témoignage
public de leur douleur. Le fils aîné, principal héritier et chef de
la famille, ou bien à défaut de celui-ci, son premier-né ou son
fils adoptif, doit fixer l’une des âmes du mort dans la tablette
commémorative de ses vertus, brûler l’encens devant ses
mânes, et tuer un poulet suivant les rites le 1er et le 15 de
chaque mois. Il facilite la route au défunt en lui fournissant
en abondance des monnaies en papier et des simulacres de lingots,
ainsi que des habits, des chevaux, des serviteurs, des
barques, également en papier, représentation de tout ce que le
mort pourra désirer dans l’autre monde.
Il y a matière à discussion dans cette cérémonie du culte
des ancêtres. Sans nul doute la plupart des Chinois s imaginent
que l’ancêtre est là, devant les bâtons odorants qui fument
en dégageant leurs parfums, mais d’autres n’y voient qu’un
symbole. L’empereur Kanghi disait au légat du pape, le cardinal
de Tournon : « On sait bien que les âmes des ancêtres
ne peuvent venir habiter les tablettes ou les cartouches qui
portent leur nom ; mais on tâche de se persuader qu on est
en leur présence. »
Quoi qu’il en soit de ces idées, le deuil est de trois années,
de vingt-sept mois seulement pour les personnages officiels,
et pendant cette partie notable de la vie, on a vu des fils
garder chez eux le cadavre de leur père, s’asseyant le jour
sur un escabeau et couchant la nuit sur une natte de jonc à
côté du cercueil. Durant la période du deuil, les Chinois doivent
s’abstenir de manger de la viande et de boire du vin; il leur est
également interdit de paraître dans aucune assemblée publique^.
la vie officielle est suspendue pour eux. Si le défunt ne s’était
pas déjà procuré le cercueil en forme de tronc d’arbre qui orne
la plupart des maisons chinoises, le fils aîné doit en acheter un
aussi riche que lui permet son état de fortune, et 1 on cite
comme dignes d’éloges de vertueux jeunes gens qui se sont
vendus en esclavage pour acheter un beau cercueil à leur père.
La coutume exige aussi que les ossements des morts soient
portés au pays d’origine ; mais il serait difficile de faire ces
expéditions une à une : alors presque toujours on attend que