suivant les temps et les lieux. D’ordinaire, les Européens en
font un tiers de mille ou un dixième de lieue; mais on sait que
ces mesures de distance n’ont elles-mêmes rien de précis.
Tantôt on compte 185 li au degré, tantôt 192, 200 ou 250, ce
qui correspond pour chaque li à 600, 578, 556 ou 445 mètres
de longueur. Ainsi la moyenne du li serait à peu près d un
demi-kilomètre; mais les écarts d’évaluation sont assez grands
pour qu’il soit impossible de marquer avec exactitude la distance
respective des lieux énumérés par les documents chinois.
Ouant au li officiel actuel, celui des grandes routes, des
routes impériales, il vaut 553 mètres, 232 millimètres et il se
divise en 360 kong; 20 li font donc presque exactement 11 kilomètres.
En moyenne le li des régions accidentées, difficiles,
a plus de longueur que celui des contrées de parcours aisé.
C’est comme auparavant en France, où la lieue variait singulièrement
suivant les pays.
Les premiers voyageurs européens, qui pénétrèrent dans
l’Empire du Milieu et qui en racontèrent les merveilles au
monde occidental, ne purent faire naturellement que le travail
préliminaire de la découverte, et même les itinéraires de ces
explorateurs sont-ils, en beaucoup d’endroits, tracés d une
manière incertaine. D’ailleurs, un bien petit nombre des Pre"
miers visiteurs européens de la Chine ont laissé une place dans
l’histoire. Après « l’exemplaire » Marco Polo, qui parcourut
la Chine pendant dix-sept années, d’autres marchands, d’autres
missionnaires, Pegolotti,Montecorvino,Odorico di Pordenone,
Marignolli, virent les grandes cités de l’Empire du Milieu.
Dans sa description des splendeurs de Quinsay, le Hang-
tcheou moderne, — Odoric invoque le témoignage de nombreux
Vénitiens qui, ayant également visité l’admirable cité
chinoise, pouvaient confirmer ses paroles . Mais l’oeuvre
d’exploration proprement dite et le contrôle ou 1 amélioration
des cartes indigènes ne commencèrent qu’avec les missionnaires.
Au xvne siècle, le Trentin Martino Martini rédigea son
ouvrage, dans lequel il reproduisit les cartes chinoises, modifiées
par lui d’après ses propres observations de voyage et
accompagnées de documents critiques.
Devenus, à la fin du même siècle, astronomes et mathématiciens
officiels de l’Empire, les missionnaires jésuites, qui
restaient en relations avec les géographes de l’Occident, purent
s’occuper avec fruit de l’exploration de la Chine, relever avec
soin leurs itinéraires, établir des points fixes sur leurs cartes
par l’observation des astres. En 1688 et 1689, Gerbillon fut
même chargé de collaborer au tracé de la nouvelle frontière
entre la Russie et l’Empire Chinois, et jusqu’aux dernières
expéditions russes, ses mémoires restèrent l’oeuvre capitale
nour quelques régions de la Chine septentrionale. Mais c est en
1708 que Bouvet, Régis et Jartoux commencèrent, sur 1 ordre
de Kanghi, la construction de la carte de Chine, qui est encore,
pour une grande partie de l’intérieur de l’Empire, le fond sur
lequel les voyageurs modernes ont à reporter leurs corrections.
En dix années, cette refonte générale des cartes chinoises était
achevée, et d’Anville put s’en emparer pour rédiger l’atlas dont
presque toutes les autres cartes de Chine publiées depuis ne
sont que des reproductions plus ou moins fidèles.
Des travaux d’exploration scientifique entre-
n pris en diverses parties de l’Empire permettent
r e c o n n a is - d’espérer, dans un avenir prochain, une carte
sa n c e s générale de la Chine plus exacte pour la position
r é c e n t e s des villes et le cours des fleuves, et surtout plus
précise quant au figuré du relief. Les éléments qui
serviront à la construction de cette nouvelle carte s’accroissent
d’année en année. I . . . „ _
Les hydrographes anglais, français, américains, allemands,
russes, japonais, ont relevé avec soin presque toutes les côtes,
les entrées des ports, les abords des îles, les archipels, les bancs
de sable. Blakiston, d’autres marins, et surtout le missionnaire
Chevalier, ont tracé le cours du Yangtze kiang-,avec tous ses
méandres et ont ainsi fourni aux travaux ultérieurs de cartographie
une ligne de base à travers 1 Empire.
Fritsche, Sosnovskiy e t d’autres voyageurs russes, enfin
Richthofen, ont rattaché leurs itinéraires de l’Empire du Milieu
à ceux de la Sibérie et aux routes de l’Europe par une série de
points astronomiques, et le réseau de ces itinéraires ° rm®
déjà, dans tout le royaume du Milieu, de grands triangles dont
les sommets vont rejoindre l’observatoire de Peking et les
stations européennes dans les ports de la côte. Les Chinois
prennent aussi part à ce travail géographique, et quelques-
unes des cartes publiées récemment prouvent que, dans la
représentation des formes, la fantaisie et l’esprit mystique ont
fait place chez eux à une scrupuleuse observation des traits de
Ici nature
C’est tout récemment que se sont multipliés les voyages,
les explorations scientifiques, les observations astronomiques,
les levés positifs, à la suite des victoires du Japon, e a
brusque intervention de l’Allemagne à Kiaotcheou en Chan