A l’est et au sud-est, vers les frontières du Fo' kien,
s ouvrent des vallées qui produisent des thés exquis, auxquels
la ville de Hokoou donne son nom. Au nord-est, s’élève le
Sûnglo chan, où se découvrit l’a rt d’utiliser les feuilles du précieux
arbuste.
Les deux grands « emporia » delà province bordent la rive
droite du Yangtze : Kiukiang un peu en amont du large déversoir
du Poyang, et Houkoou à ce déversoir même, sur sa rive
droite.
Kiu kiang ou la « Ville des Neuf Fleuves », sur l’étroite
péninsule rocheuse qui sépSre le lac Poyang du Yangtze, a de
l’importance comme lieu de passage des denrées de là province
de Kiangsi, surtout des tabacs et du thé noir, auquel les
négociants étrangers ne reprochent que d’être trop apprécié
en Chine même, de sorte qu’ils ne peuvent faire de bénéfices
en Europe sur le prix de cette denrée. Un quartier européen
protégé comme celui de Hankoou par une forte digue s’est
élevé, depuis qu’un traité a ouvert la cité des Neuf Fleuves au
commerce européen, qui s’y « escrime » sur une foule d’objets :
opium de l’Inde, cotons et cotonnades, allumettes de l’Inde et
du Japon, thé, ramie, indigo, suif végétal. Le mouvement de
la navigation y a porté en 1899 sur 3 389 vaisseaux et 2 866 196
tonnes, contre 1 421 170 tonnes en 1880. On prétend que Kiu
kiang avait 500 000 âmes avant sa prise par les Taïping en
1857 : il lui en resterait 50 000, ou même seulement 35 000-
70 000 d’après Marcel Monnier.
Selon la plupart des marins et des négociants, c’est Houkoou
qu’on aurait dû choisir plutôt que Kiukiang comme ville
de commerce international. Certainement sa situation au
débouché naturel, fatal, de tout le Kiangsi dans la vallée du
i angtze, devrait lui valoir une suprématie commerciale qu’elle
nexerce aucunement; pas plus que Yotcheo, semblablement
placée au débouché de tout le Hounan. Cité de beaucoup la
plus peuplée du Kiangsi, Houkoou passe pour contenir 300 000
habitants.
Le Nganhoeï (An-houi, An-hui) suit le Kiangsi
rx sur le cours du fleuve Bleu.
dans Très poétique est le nom de cette province
au cas où il signifierait i les Bourgs pacifiques » ;
n g a n h o e ï mais des sinologues professent que Nganhoeï
réunit simplement le premier monosyllabe de la
désignation de ses deux maîtresses villes : Nganking et Hoeïhou.
Elle a pour bornes : à l’ouest, le Houpé et le Honan ; au nord
et à l’est, le Kiangsou et le Tchekiang; au sud, le Kiangsi;
frontières entre lesquelles son aire atteint environ 142 000 kilomètres
carrés, soit un peu plus du quart de la France, et la
place pour dix millions d’habitants au plus, au taux de densité
de la population française. Mais on suppose que le Nganhoeï
entretient 21 millions d’hommes, soit 148 personnes au kilomètre
carré. Et la foule des hommes y était bien plus pressée avant
le milieu du siècle dernier, du moins à en croire le recensement
de 1842, qui donna 36 600 000 individus, ou 258 par
100 hectares, sans doute plus que la vérité; mais il y a toute
certitude que la révolte des Taïping a lourdement pesé sur le
pays des Bourgs pacifiques.
Fort bon pays, même excellent avec son opulente vallée du
Yangtze, ses vastes plaines autour du lac Tchao et le long du
Hoaï ho; mais, contre l’ordinaire des provinces chinoises, il
n’ « exhibe » aucune ville vraiment grande.
La capitale, Nganking (Anking), assez belle cité de la rive
gauche du Yangtze, n’aurait que 40 000 habitants.
Plus bas, Tchitcheou fou, sur la rive droite, s’enferme en
une enceinte de 5 kilomètres, en des campagnes couvertes
d’arbres à thé, non loin de Tatoung, qui est une cité très commerçante
surtout en sel, houille, thé, chanvre et riz.
Plus bas encore, Wouhou (Ouou, Hoeï hou) la grand’ville
du Nganhoeï, forte de près de 100 000 habitants, est un des
ports du fleuve depuis longtemps ouverts à l’Europe. La valeur
des échanges internationaux s’y est élevé à 40 millions de francs
en 1890, et le tonnage du port en vapeurs et en jonques y
dépassa dans la même année 5 875 000 tonnes. Ville d’industrie,
sa ficelle rouge est connue dans tout l’Empire, et depuis deux
siècles on vante ses couteaux et autres objets en acier, pourtant
bien inférieurs à ceux qu’on importe d’Europe. Dans une
vallée des environs on fabrique l’un des meilleurs papiers de
la Chine pour l’écriture et le dessin : l’écorce de l’arbre à suif,
le liber du mûrier et la paille de froment sont les matières
premières qu’on y emploie.
Des « Bourgs pacifiques » le Yangtze passe
x dans les « Coulées du Fleuve » : c’est ce que
d a n s veut dire le nom de Kiangsou : à moins qu’il n’y
l e ait tout simplement dans ce mot, d’après Wells
k ia n g so u : Williams, la première syllabe de Kiang ning (ou
n a n k in g Nanking) et celle de Soutcheou, la première de
ces villes étant capitale de la province et la
seconde une des principales cités chinoises.