Mais dans un pays de population plus que surabondante
comme est la Chine, la réparation et revivification ne tarde
guère, et il semble improbable que Tali fou ne se relève pas
promptement de sa ruine. Outre l’importance administrative,
elle a la fécondité naturelle de sa plaine, des carrières de
marbre, des mines de sel et de métaux précieux ; elle est aussi
l’entrepôt naturel du commerce entre Bhamo et Ningyuen,
c’est-à-dire entre la Barmanie et le Setchouen.
Et surtout elle jouit d’un admirable climat : l’altitude y
compense le voisinage du tropique. Tali n’a pas d’hiver, en
dépit des montagnes hivernales de son occident.
Plus encore que tout cela, les difficultés opposées au transport
des hommes et des marchandises par les plis des montagnes,
sur le chemin de la Chine centrale à l’Indo-Chine et à
l’Inde, sont moindres qu’ailleurs dans la contrée voisine de
Tali fou, au sud-ouest. Par ici ces grandes et grandissimes
sierras se sont notablement abaissées entre leurs aigueverses ;
en maints endroits elles se trouvent même oblitérées et le
relief du sol est constitué par un plateau de grès rouge et par
des collines morainiques, avec lacs nombreux dans leurs dépressions
. C’est autour de ce massif que les grands fleuves rayonnent
en éventail : Yangtze kiang, Si kiang, fleuve Rouge, Mékong,
Salouen, Irraouaddi, Brahmapoutra. Une route transversale
franchissant toutes ces vallées commanderait ou commandera
donc autant de chemins divergents de la mer du Japon au golfe
du Bengale, en permettant d’éviter une circumnavigation de
6 000 kilomètres à travers des passages souvent bouleversés
par les typhons.
De là l’importance que ne pourra manquer de prendre un
jourTalifou, point vital quidomine, des bords de son lac, cette
extraordinaire digitation des grandes voies historiques et commerciales.
Son lac, plus connu sous le nom d’Errhaïou Eulhai, aurait
50 kilomètres de long, sinon 60 ou 70, et 9 à 10 de large, sinon
10 à 15. Dans ses parties creuses la profondeur dépasse 100 mètres,
mais elle est fort inégale et quelques îles se montrent
dans la partie méridionale. Les pluies, très abondantes sur le
versant des montagnes qui entourent l’Errhaï, en élèvent parfois
le niveau à 5 mètres au-dessus de la ligne des basses eaux
et transforment en une puissante rivière le torrent qui porte
l’excédent au Yangpi kiang, et par ce fleuve au Mékong. Dans
sa cluse de sortie, près de Hiakouan, l’émissaire du lac passe
sous un porche naturel de roches, à côté duquel on a dû percer
un tunnel pour le passage de la route.
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